Clifford Chance est l'un des tout premiers cabinets d'avocats dans le monde, avec des experts présents sur les cinq continents (36 bureaux dans 26 pays). Il accompagne de grands groupes internationaux, des gouvernements, des organismes réglementaires et des organisations à but non lucratif issus de tous les secteurs commerciaux et industriels sur tous les aspects stratégiques de leurs opérations, à la fois sur le marché national et à l'étranger. Mustapha Mourahib, Managing Partner du cabinet Clifford Chance à Casablanca et Head of North Africa, spécialisé en fusions-acquisitions et financement en Afrique du Nord et de l'Ouest, livre quelques lignes de la stratégie de développement du cabinet au Maroc et en Afrique. Finances News Hebdo : Malgré une présence au Maroc depuis une trentaine d'années, l'activité de votre cabinet semble avoir pris un nouveau tournant ces dernières années. Qu'est-ce qui a déclenché cette importante croissance ? Mustapha Mourahib : Clifford Chance a ouvert un bureau régional qui a une activité importante au Maroc, en Afrique du Nord et également en Afrique de l'Ouest. Le bureau de Casablanca propose deux activités principales et de premier plan, une pratique fusions-acquisitions (y compris private equity) et une pratique finance. Par ailleurs, le Maroc, grâce à son positionnement géographique et sa stabilité politique, fait figure d'exception en Afrique. La sophistication des acteurs économiques et financiers, et la volonté du Royaume de créer une place financière régionale à Casablanca, sont également des éléments qui offrent des perspectives de développement intéressantes sur ce marché. F.N.H. : Quels sont vos domaines d'expertise les plus sollicités au Maroc et en Afrique ? M. M. : Comme indiqué précédemment, notre bureau régional de Casablanca se concentre sur deux activités principales, les fusions-acquisitions et le financement. Nous avons conseillé Wilmar international dans le cadre de sa prise de participation stratégique de 27,5% dans Cosumar, ainsi que le groupe Mondelez dans le cadre de l'acquisition de Bimo. Nous avons également conseillé le consortium GDF Suez, Nareva et Mitsui pour le financement de la nouvelle centrale de Safi, d'un montant de 2,6 milliards de dollars. Nous avons aussi conseillé OCP, le géant marocain des phosphates, sur sa première émission obligataire internationale d'un montant de 1,55 milliard de dollars. Par ailleurs, le cabinet a récemment conseillé la République du Sénégal sur sa première émission de Sukuk de 100 milliards de francs CFA, ce qui représente environ 200 millions de dollars. Ce sont des opérations majeures en Afrique. Notre objectif est de répondre aux attentes de nos clients comme nous le faisons à Londres, Paris, New York ou Dubaï. F.N.H. : En quoi la création d'une place financière à Casablanca est-elle de nature à contribuer au développement de vos activités en Afrique ? M. M. : Nous avons, en tant que firme, contribué à la création et au développement de nombreuses places financières ; par exemple, Londres, Paris, Dubaï, Doha, en participant notamment à la rédaction de réglementations financières. Nous avons ainsi développé une expertise dans ce domaine que nous essayons de mettre à la disposition des acteurs de la place financière de Casablanca. Nous pensons que la création de cette place est un acte majeur et structurant pour le Maroc, qui va permettre de contribuer significativement au développement de cette région en Afrique. Par ailleurs, cette place est soutenue par les autorités et dispose d'une équipe remarquablement sophistiquée au sein de la CFCA (Casablanca Finance City Authority). Tous les facteurs clés de succès de cette place sont réunis, et le nombre croissant de dépôt de demandes de statut est un signe très encourageant. F.N.H. : Quelle activité de conseil assurez-vous auprès du gouvernement marocain ? M. M. : Depuis 2012, nous avons été impliqués dans la rédaction de plusieurs réglementations pour l'architecture d'une place financière. Notamment une loi sur la titrisation comprenant les dispositions pour les émissions de sukuk. F.N.H. : Justement, comment se répartit votre clientèle, entre nationale et étrangère ? M. M. : Notre clientèle est principalement marocaine et internationale, mais nous avons aussi une clientèle très importante dans le reste de l'Afrique. Elle se compose notamment de grandes entreprises du secteur bancaire, de l'assurance, de l'énergie, de la grande distribution, de fonds private equity et d'institutions gouvernementales. F.N.H. : Le Royaume gagne toujours des places dans Doing business, est-ce pour autant que vous ressentez une amélioration du climat et de la réglementation des affaires, notamment lors de l'accompagnement de nouveaux investisseurs étrangers ? M. M. : Nous pensons que le Maroc a fait un travail exemplaire pour renforcer le climat des affaires, que ce soit en matière de gouvernance de sociétés, ou dans la création d'autorités de régulation indépendantes à travers des lois récentes. Comme notamment, le Conseil de la concurrence, l'AMMC (Autorité marocaine du marché des capitaux) et la future création d'une instance réglementaire dans le domaine des assurances. Les réglementations citées précédemment font du Maroc un cas d'école exemplaire en Afrique. F.N.H. : Aujourd'hui, selon votre expérience, quels sont les secteurs de l'économie qui attirent le plus d'investisseurs ? M. M. : Outre les secteurs traditionnels comme l'agriculture, les infrastructures et les télécoms, il existe de nombreuses opportunités dans l'automobile, l'aéronautique, le secteur bancaire et financier, la grande distribution, la santé, l'eau et l'énergie, et un marché potentiel de 30 millions de consommateurs, avec une classe moyenne en plein essor. F.N.H. : Votre cabinet a recruté un nouvel associé au sein du groupe Corporate du bureau de Casablanca. Quelle est votre stratégie dans ce domaine ? M. M. : Oui, il s'agit de Franck Coudert qui nous a rejoint en tant qu'associé à Casablanca, le 1er janvier 2015. Notre objectif est de développer nos activités de fusions-acquisitions et de private equity. Nous continuons à observer des opportunités de croissance dans une variété de secteurs pour les entreprises en Afrique et sommes heureux d'investir davantage dans la région. Notre stratégie locale est alignée sur la stratégie globale du cabinet, ce qui signifie être présent sur les marchés stratégiques pour y obtenir les meilleures missions et proposer la meilleure équipe.