On s'émeut toujours vivement lorsque la main sanguinaire de Daesh (ou Etat islamique) frappe violemment l'Europe. Le 14 juillet, la France a de nouveau été frappée par l'organisation terroriste dans un attentat qui a fait 84 morts. Mardi dernier, c'était la consternation en Allemagne quand un jeune afghan de 17 ans, demandeur d'asile hébergé par une famille d'accueil, a attaqué à la hache et au couteau des passagers d'un train bavarois, avant d'être tué par la police dans sa fuite. Au moment où nous mettions sous presse, les autorités allemandes faisaient état de blessés et non de morts dans cette attaque revendiquée par Daesh. Ces évènements, l'on s'en doute, font depuis la Une de tous les médias occidentaux, comme ils trouvent un écho puissant auprès de la presse africaine. Est-ce dû au nombre de victimes ? A l'évidence non. Car qu'ils causent un mort ou davantage, les assassinats auxquels se livrent des organisations terroristes comme Al-Qaïda au Maghreb islamique, Daech, Boko Haram, Mujao..., au nom d'une idéologie cosmétique, doivent être farouchement condamnés. Pourtant, l'on a l'impression gênante, voire malsaine que les médias, consciemment ou inconsciemment, font un traitement partial de l'information. On ne peut que soutenir cette thèse lorsque l'on voit ce qui se passe en Syrie ou encore en Irak, pour ne citer que ces deux pays-là. Le 3 juillet courant, Bagdad est tombé dans l'horreur après un attentat qui a fait pas moins de 292 morts. Et chaque jour, la population irakienne vit au rythme des voitures qui explosent et des enterrements. En Syrie, depuis le début de la guerre civile en mars 2011, on dénombre plus de 280.000 personnes tuées, dont plus de 12.000 enfants, et des milliers de mutilés. Faisons un calcul... macabre : chaque mois, ce sont en moyenne 4.375 personnes qui sont victimes des chouanneries meurtrières en Syrie. Ou, si l'on préfère, pratiquement 146 personnes tuées par jour. S'en émeut-on tant que ça ? Non, évidemment. Non, malheureusement. Comme je l'écrivais tantôt dans cette chronique, la vérité est que ces drames sont tellement récurrents dans ces deux pays que, dans la conscience collective, ils se banalisent. C'est malheureux à dire, mais que le sang coule tous les jours dans ces pays, par la faute de criminels, à travers des attentats mortels, n'est pas une exception en soi : cela tend à s'inscrire dans la normalité. «Effrayant et banal ! C'est une combinaison atroce, la pire de toutes», résumait si bien d'ailleurs la nouvelliste britannique Elizabeth Taylor. Point donc étonnant que l'atrocité de ce qui se passe en Irak et en Syrie n'ait pas un écho aussi retentissant dans les médias en Europe ou en Afrique. Tout juste la murmure-t-on comme un «banal» fait divers. Et c'est dommage.