Omar Fassal est responsable de l'investissement international dans une banque d'affaires au Maroc. Il est également chroniqueur et auteur. Son dernier ouvrage, «Une histoire de la fraude financière», s'attaque à ce sujet d'actualité, avec un regard académique. Sa particularité ? Il est toujours disponible lorsqu'il s'agit de démocratiser la compréhension des marchés financiers. Omar Fasal a publié en 2013 «Tout savoir sur la finance» dans ce but-ci. Aujourd'hui, il s'attaque à un gros morceau dans son dernier ouvrage : «Une histoire de la fraude financière». Sa présentation du livre, très provoc', donne envie... Les piliers de la finance se sont nourris de la fraude Les trois piliers du système financier moderne sont la comptabilité, qui se met en place parallèlement au développement de l'agriculture au cours du huitième millénaire av. J.-C; la monétisation du papier, qui mènera à partir du treizième siècle à la dématérialisation progressive de la monnaie; et l'appel public à l'épargne et au développement du marché des valeurs mobilières de placement qui se met en place à partir du dix-septième siècle. Chacune de ces phases s'est accompagnée de fraudes et de scandales financiers. C'est leur histoire que raconte ce livre, mais pas seulement. «Aborder l'histoire de la finance à travers les scandales permet de comprendre tout le parcours de l'industrie financière, qui agit souvent a posteriori afin de corriger les abus. Cela permet également de comprendre le devenir des institutions, qui se dévorent les unes les autres à coups d'acquisitions et ne font qu'une bouchée des malades affaiblis par un scandale», explique Omar Fassal. Cela permet enfin de comprendre le développement des produits financiers, qui s'adaptent après chaque scandale pour faire face aux réticences des investisseurs qui ne veulent plus se faire avoir de la même façon. Mais pas de panique, l'escroc est innovateur, et les clients se feront avoir autrement. «Le chat et la souris», nous dit-il... Un essai académique intemporel Nous avons demandé à Omar Fassal si l'idée de cet ouvrage émane de l'actualité financière. «Absolument pas», rétorque l'auteur. «Je m'intéressais à cette thématique et j'ai remarqué que les rares ouvrages qui existent furent consacrés à des événements précis, type Enron etc. Deuxièmement, les auteurs évoquent les fraudes qui ont eu lieu après les années 80. J'ai donc décidé d'écrire l'essai que j'aurais moi-même voulu lire». Dans «Une histoire de la fraude financière», l'auteur remonte en effet très loin dans l'histoire, avant même l'apparition de l'écriture. Le travail documentaire est très important et le souci du détail est frappant. On y découvre d'ailleurs que l'écriture est apparue pour résoudre des problèmes de fraude, que l'homme a écrit d'abord pour tenir une comptabilité. Il a démarré avec de petits symboles, puis la complexité de l'environnement a provoqué un enrichissement de l'écriture. Ce livre est littéralement bourré de ce type d'anecdotes qui frappent, qu'on retient facilement et que l'on peut, chers lecteurs, utiliser aussi, dans des soirées mondaines, histoire d'exhiber une culture générale utile et précise. On a testé et ça marche ! «Une histoire de la fraude financière» s'arrête à notre époque. Nous avons demandé à l'auteur de se projeter dans le futur pour caractériser la fraude du futur. «Elle sera planétaire, complexe et difficile à démêler», selon lui. Un exemple monsieur Fassal ! «Regardez le cas Kerviel. L'affaire est très médiatisée. Pourtant, aujourd'hui, certains sont intimement convaincus qu'il est innocent, et d'autres sont persuadés qu'il ne l'est pas. La manipulation des taux en Europe et d'autres exemples du genre témoignent de la complexité de plus en plus importante de la fraude, que les régulateurs n'arrivent pas à suivre, souvent par manque de moyens». Mais la morale de l'histoire est que ce challenge constant des régulateurs est un moteur de développement pour la finance. «Une histoire de la fraude financière», nous l'avons lu et nous vous le conseillons vivement si vous avez le souci de comprendre l'environnement dans lequel nous vivons d'un angle original et foncièrement objectif.