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Entretien : «Il y a un prix à payer pour créer librement»
Publié dans Finances news le 07 - 02 - 2008

* Dans cet entretien, l’artiste Salima Raoui fait découvrir à son public ses travaux récents effectués dans sa résidence d’artiste aux USA.
Finances News Hebdo : Comment se déroule votre séjour culturel aux USA ; les lecteurs de FNH aimeraient avoir une idée sur les principales activités de Salima Raoui en ce moment ?
Salima Raoui : Mon séjour aux USA qui a débuté à la mi-novembre 2007 est en fait beaucoup plus qu'un séjour culturel. Je suis à Westhampton, en résidence d'artistes, à l'Atelier chez Roseline Koener, artiste peintre et éducatrice PRH.
Mes activités consistent à développer mes recherches esthétiques, plastiques, et mettre en route un nouveau souffle dans mon travail. A partir de mon vécu au Maroc (5 années) et ce que j'ai absorbé en expériences et inspirations, mes textures, couleurs et formes évoluent et je me mets à leur écoute dans le silence et la retraite nécessaires.
F.N.H. : Avez-vous une méthode spéciale pour cela ?
S.R. : Beaucoup de temps pour la méditation, de longues marches sur la plage enneigée, des échanges nourrissants avec Roseline et d'autres artistes peintres, un accompagnement et un soutien psychologiques en stage et cessions PRH régulières ; le mouvement hivernal ralentit aussi, le fait d'être isolée de la vie sociale et des demandes extérieures favorisant ainsi, une plus grande introspection en facilitant l'expression de mouvements intérieurs nouveaux.
Ce qu'il en découle en ce moment c'est le désir d'entrer plus profondément dans le cœur de mon être et d’exprimer dans ma peinture toutes les influences culturelles dont j'ai hérité et que j'ai acquises au fil du temps et de mes migrations. Ce qui se traduit par un nouveau langage et une conversation avec la fibre, la laine, le fil , le vêtement et l'accessoire, le collage et l"art-à-porter" (wearable art) puises dans mon héritage berbero-andalous-marocain. Le tout librement transforme sur ma toile grâce aux influences et à l'incitation à oser aller plus loin, toujours plus loin, de mon pays d'adoption.
J'ai aussi la chance et le privilège d'expérimenter un nouveau programme créé et développé par Roseline Koener axé sur «l’Art, l’artiste et la conscience», favorisant le dialogue, l'échange et la solidarité et la création de groupes de support entre artistes. Tour à tour, les artistes présentent leurs travaux, projets et visions, à la suite de quoi les autres artistes donnent un feed-back, expriment par l'écriture «réflective» leur «ressenti» contrairement à la critique ou au jugement du mental».
F.N.H. : Cela veut dire que Salima Raoui a pu garder la ligne directrice de ses travaux ?
S.R. : Effectivement, mais ce qui est nouveau aussi dans mon trajet, c'est d'avoir été mentionnée par Ayse Turgut, commissaire d'exposition et historienne de l'art, en tant qu'artiste marocaine dans un chapitre inclus dans un livre édité par Oxford Press University et financé par l'Institut Ismailli, «Word of God, Art of man, the Koran and its creative expressions», livre qui sera sur le marché en février 2008. Le livre est préfacé par HH Prince Karim Agha Khan, le livre est un véritable bijou sur le Coran et sur la façon dont il a influencé et continue d’influencer l'artiste et l'Homme. C'est un véritable honneur que de représenter le Maroc en ayant été sélectionnée pour le chapitre sur l'art contemporain et le Coran.
Un autre projet consiste à monter un atelier/journal de croissance pour 100 femmes artistes internationales qui participeront avec moi, à une exposition en octobre 2008, Brooklyn to Baghdad : Common Roots». Créée par Judith Z. Miller et Elisabeth Bishop , deux femmes, l'une artiste et l'autre professeur universitaire qui, avec l'aide d'organisations pour la paix et le dialogue entre les peuples, religions et nations, ont l'ambition de rassembler la communauté de Brooklyn autour de l'art pour une communauté plus grande, universelle…
En projet, la participation à une exposition dans une galerie à Paris qui se spécialise dans l'art contemporain marocain.
F.N.H. : Si on vous demande de faire une évaluation de votre dernière exposition tenue au Carrefour des Arts, quelle impression en gardez-vous ?
S.R. : Mon exposition au Carrefour a été extrêment importante pour moi, elle m'a permis de faire une véritable rétrospective de mon travail des 7 dernières années. Elle m'a aussi permis de répondre à la demande de mon public, ma famille et mes amis casablancais qui désiraient voir mon travail à Casablanca. Après avoir exposé à Rabat et Fès, Casablanca devenait un «must».
Mes amis Amina Alaoui et Aziz Nadi au Carrefour, ont été extraordinaires ; d'un accueil et d’une générosité extrêmes, auxquels je reste profondément reconnaissante.
F.N.H. : Et la réaction du public ?
S.R. : Le public en général a beaucoup apprécié le nouveau travail. Mais si je suis honnête, je reste un peu surprise par l'irrégularité du soutien des collectionneurs, au Maroc c'est beaucoup plus dur d'établir des rapports, à long terme, avec les mécènes et amateurs d'art. Ce que je ne vis pas aux USA, depuis le début de mon parcours, j'ai eu la chance de recevoir le soutien et l'encouragement fidèles et inconditionnels de mon public.Un collectionneur, en particulier William Livingstone, critique d'art qui est malheureusement décédé l'hiver dernier, a eu la générosité de continuer son soutien à mon égard même après sa disparition... Je crois que cet esprit mécène est rare partout de nos jours, mais au Maroc plus encore ! L'artiste est au service de l'art, il vit dans une instabilité permanente et il ne peut pas créer sans garder son autonomie et sa liberté, il a besoin d'un soutien extérieur, de personnes qui ont foi en lui et qui l'encouragent dans son cheminement. Sans cela, son art est brisé et ne peut réellement pas prendre son essor et encore moins entrer dans l'histoire de l'art et présenter sa culture, ses origines, ses contemporains au public national et international. L’artiste est le thermomètre et le témoin de sa société. Le public a besoin de comprendre ce que l'artiste vit et je crois qu'au Maroc il existe encore beaucoup de tabous à se dire, à oser dire nos limites, nos frustrations, nos besoins, notre vulnérabilité sans mettre l'autre dans la culpabilité ou la défense, mais tout simplement en témoignage d'un vécu unique qui n'est pas toujours heureux et rose comme on pourrait si aisément le croire. Il y a un prix à payer pour créer librement.
F.N.H. : Enfin, est-ce que vous croyez que les prochaines années pourront offrir à la scène des arts plastiques des artistes de renom qui pourront assurer la relève?
S.R. : Je suis fondamentalement certaine de la qualité et de la puissance de la génération actuelle et à venir des artistes marocains. La richesse et la profondeur de nos racines est un terrain fertile à exploiter sans limite et les artistes sont en train de trouver leur place entre le passé et le futur, entre tradition et modernité tout en restant individuellement unique et en tant que Marocains plus généralement. Je crois aussi que le public, le mécénat, les organisations, la création de musées et galeries vont honorer et encourager l'artiste d'aujourd'hui. A ma connaissance, et je peux me tromper, nous n'avons pas encore de films sur la vie des artistes marocains qui ont ouvert les portes à notre génération, cela est une véritable lacune. Comment pouvons-nous nous identifier? Il y a des livres, mais les films parlent toujours plus fort, plus intimement. J'ai toujours une joie immense à voir un film sur la vie d'un grand peintre, mais il reste d'un autre monde, d'une autre culture. A quand un film sur Cherkaoui, Gharbaoui, Kacimi, Chaïbia… Pour aller de l'avant, il faut connaître notre passé ; n’est-ce pas Nietzsche qui suggérait cela ?


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