Plusieurs partis politiques algériens et militants de la société civile ont dénoncé « une répression féroce » des droits de l'Homme et un grave recul des libertés, craignant que la situation ne se détériore davantage. Les partis et acteurs de la société civile regroupés rassemblés sous le collectif Pacte pour l'Alternative Démocratique (PAD), ont noté la hausse de la répression et la violence contre les opposants et les militants des droits de l'Homme en Algérie lors d'une journée de mobilisation. Il s'agit d' »une répression féroce qui n'épargne désormais aucune catégorie de la société : avocats, journalistes, partis politiques, chômeurs et femmes », ont-ils déploré. Le collectif regroupe plusieurs partis politiques algérien, notamment le Parti du Travail (PT) de Louisa Hanoune, le Parti socialiste des travailleurs (PST), le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), l'Union pour le Changement et le Progrès, le Mouvement Démocratique et Social et le Front des Forces Socialistes (FSS), ainsi que la Ligue Algérienne pour la Défense des Droits de l'Homme (LADDH). L'avocat et militant des droits de l'Homme, Mustapha Bouchachi, s'est interrogé si la justice agit réellement dans le sens de la préservation des droits et des libertés fondamentales des citoyens ou comme un outil de répression. « Lorsque des arrestations ont lieu dans tous les recoins du pays et que des citoyens sont interdits de rassemblements et de marches, et lorsque des partis sont interdits de tenir des activités internes, il est légitime de se demander si la justice et l'administration sont au service du citoyen et des libertés, ou alors au service du pouvoir », a-t-il déclaré. L'avocat faisait référence aux nombreuses arrestations de manifestants, de militants, de journalistes en marge des marches du Hirak. Le pouvoir algérien avait acté du jour au lendemain l'interdiction de rassemblement, ce qui a vaut actuellement au journaliste Khaled Drareni une peine de prison de deux pour atteinte « participation à attroupement non-autorisé », « incitation à attroupement » et « atteint à l'unité nationale ». En outre, le parti d'opposition RCD de Mohcine Belabbas a récemment été interdit à la dernière minute de se réunir et tenir son conseil national. Mohcine Belabbas a également fait l'objet d'une demande de levée d'immunité parlementaire. Le sociologue Nacer Djabi, a fait le même constat et estimé que les mois derniers ont été surtout marqués par « une accentuation » de la répression et de la violence contre les activistes politiques, laissant entrevoir aussi « un durcissement » qui toucherait d'autres catégories d'activistes. « Nous sommes devant un rétrécissement inédit ayant pour origine la crise politique du système, et dont la solution ne saurait être que politique », a-t-il affirmé. Il fait le parallèle entre la situation actuelle en Algérie et celle vécue par les Algériens au lendemain de l'indépendance, notamment durant la période de 1962 et 1963. « Le régime n'a jamais reconnu réellement les partis politiques, même s'il a accepté le multipartisme dans les textes », a-t-il dit, redoutant « à l'avenir, un degré plus élevé de la répression ».