Dans une époque où les ballets diplomatiques sont souvent moins dansants que ceux de l'Opéra de Paris, le régime sénile de la junte militaire a encore fait parler de lui. Cette fois-ci, c'est en tentant d'entraîner le Mali et le Niger dans une valse militaire peu ordinaire. Orchestrée autour d'un camp d'entraînement au sein de l'École supérieure de l'administration militaire dans cette zone militaire algérienne de seconde zone, ce fut une valse à zéro temps. Les 16 et 17 avril donc, sous un ciel chargé de nuages stratégiques, des délégations militaires de ces deux pays, accompagnées par la milice séparatiste du polisario, ont donc pris part à un exercice militaire. Mais à bien lire entre les lignes, cela ressemble plus à une répétition générale d'un spectacle de marionnettes dirigé par le régime des séniles d'Alger. Selon un communiqué de la fameuse défense nationale algérienne, cet entraînement baptisé « Simulation des phases de soutien logistique en zone opérationnelle pour le bénéfice des unités engagées » avait tout l'air d'une innocente manœuvre de routine. Cependant, le subtexte n'a échappé à personne : sous couvert de « coopération », l'Algérie semblait jouer une partition dans laquelle le Mali et le Niger auraient été bien avisés de lire les petites lignes avant de signer. Cet exercice s'inscrit dans un contexte dans lequel Bamako et Niamey, paraissent flirter avec l'idée de rejoindre l'initiative atlantique lancée par le Maroc, qui promet stabilisation et développement, mais surtout un ancrage à des blocs diplomatiques et économiques porteurs. Cette manœuvre algérienne a donc tout l'air d'un vieux tour de magie : faire apparaître des liens là où il pourrait y avoir des chaînes. Le terme « amis » utilisé pour décrire les participants à ces exercices pourrait faire sourire si le contexte n'était pas aussi sérieux. Le polisario, invité d'honneur, est présenté par Alger comme un partenaire légitime, alors que sa réputation de milice séparatiste est loin d'être un badge d'honneur, essentiellement vue de Rabat, qui le considère comme un groupe terroriste. Ici, l'Algérie joue sur les mots comme d'autres joueraient sur les nerfs. Foi d'experts internationaux, le choix d'Alger d'impliquer le polisario n'est pas tant un acte de formation qu'une tentative de semer la zizanie entre le Maroc et ses voisins, tout en posant ses pions sur l'échiquier géostratégique du grand Sahara, transformant la région en arrière-base pour des activités dont on peut se poser maintes questions. Aussi, on peut pointer du doigt sans frémir cette manœuvre algérienne cherchant par tous les moyens à impliquer ces pays dans le théâtre d'ombres d'Alger, espérant redorer le blason d'une cause séparatiste qui peine à trouver de la légitimité, à cause de l'acharnement diplomatique marocain. Loin de n'être qu'une simple série de manœuvres sur le terrain, cet événement soulève des questions sur les véritables intentions d'Alger. Est-ce un acte de désespoir de la part d'un régime qui, face aux succès marocains sur la scène internationale, cherche à jouer une dernière carte un peu fanée ? Ou bien s'agit-il d'un calcul plus sinistre visant à créer un nouvel axe de tensions dans une région déjà pas mal ébranlée ? Ce qui est clair, c'est qu'Alger, en tentant de jouer les entremetteurs militaires entre le Mali, le Niger et le Polisario, n'a peut-être pas mesuré toute l'ironie de la situation. En cherchant à écrire le script, elle pourrait bien se retrouver avec un rôle secondaire dans une pièce où les premiers rôles sont déjà pris. En attendant, le Maroc, spectateur, intéressé, mais à peine surpris, continue de tisser ses propres alliances, prêt à parer à toute éventualité. Une chose est sûre, dans ce grand théâtre géopolitique, les répétitions sont terminées, et le rideau pourrait bien se lever sur des surprises peu agréables pour certains. Cela dit, on retiendra pour la fin que dans l'écrin feutré et solennel de la convention de Dakar, se tient un homme, Cheikh Tidian Gadio, directeur de l'Institut africain d'études stratégiques et ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères. Celui-ci, en bon architecte des relations internationales, reconnaît que l'édifice repose sur un retrait nécessaire de certains membres. Et notre directeur, sans perdre le fil d'Ariane de son raisonnement, tire sur la corde sensible de la politique algérienne, pointant du doigt, sans une ombre d'hésitation, un soutien — aussi discret qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine — aux séparatistes qu'elle parraine, malgré les alizés du changement qui soufflent sur le continent. Il évoque également des alliances aussi diverses qu'un buffet à la, "Nations Unies", avec des invités tels le Hezbollah, le Hamas, des groupes armés iraniens... L'isolement international, tel un nuage sombre à l'horizon d'Alger, pourrait, selon notre visionnaire, s'abattre à l'Est de l'Éden avec la légèreté d'un panneau publicitaire en plein coup de sirocco.