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Pour une histoire d'héritage : Le douanier, le frère, l'intermédiaire et des escroqueries au nom des hautes sphères
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 06 - 2006

Des frères se disputent. Ils ne s'entendent plus. Une histoire d'héritage qui aboutit devant les tribunaux, à plusieurs reprises. Coups et blessures, coupures d'électricité, faux dans des documents sociaux… C'était du terre-à-terre jusqu'au moment où on décolle vers l'escroquerie…au nom des hautes sphères. Dire qu'on trime toute sa vie pour laisser des choses aux enfants ! Des enfants, dont les richesses se chiffrent en millions de dirhams, qui inscrivent leur mère parmi les démunis pour une injection d'insuline.
Que des frères ne s'entendent plus, c'est une chose normale. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé entre des Doukkala-s originaires de Jemâat Ouled Ghanem. Quatre frères ne s'entendaient plus sur l'héritage que leur père leur a laissé : immeubles et lots de terrain à Casablanca, entre autres.
Selon Abdellatif, en 2005, le cordon ombilical devait être coupé. Abdellatif optait pour le partage, à l'amiable. Il rassemblera tous les membres de la famille et tentera d'expliquer sa vision des choses, en vain. Commencent alors les rixes, les injures, les coups et les blessures. S'ensuivent les procès-verbaux, les présentations et les audiences devant le tribunal de Casablanca. Les frères, au nombre de quatre, habitent un immeuble sis rue Ishak du quartier Mâarif.
Abdellatif, l'un des quatre frères, a décidé de vendre ses parts pour éviter les litiges avec ses frères et leurs épouses. Les autres s'y opposent fermement et, profitant d'un moment de nervosité, appellent la police pour qu'elle embarque le frère sous prétexte qu'il était saoul et drogué.
Au 9ème arrondissement de police de Casa-anfa, un 1er septembre 2005, Abdellatif devra répondre des accusations formulées par son frère Abdellah, adjudant en douane. Une plainte en quelque sorte, formulée en bonne et due forme contre Abdellatif pour coups et blessures et bien d'autres «inventions». Mais les éléments de la police devaient d'abord conduire Abdellatif aux Urgences pour qu'on lui raccommode ses plaies. Une grande ouverture sur le crâne suite à une roulade dans les escaliers de l'immeuble où ils habitent. Les soins d'urgence ont été prodigués et un certificat médical de 45 jours d'incapacité a été délivré.
L'adjudant en uniforme
Abdellatif passera la nuit dans les geôles de l'arrondissement de police et sera présenté au Parquet le lendemain. Ses frères, accusateurs, seront là au moment de la présentation devant un substitut qui commence par traiter Abdellatif de crasseux, soûlard et âne. Abdellah, le douanier, était là aussi, en uniforme d'adjudant, devant le substitut, traitant son frère de tous les noms, de drogué surtout. Pour trop, c'était excessif ! Abdellatif explose et rappelle à l'ordre le substitut à sa manière de «névrosé». Il lui rappelle qu'il n'avait pas à s'abaisser au point d'accepter que l'une des parties adverses soit présente en uniforme, que son autre frère Mohamed n'était pas habile à témoigner contre lui étant donné la série des litiges qui les opposent et qu'il n'avait qu'à exiger de la police le certificat médical de 45 jours, délivré la veille, et dont le dossier ne comporte aucune trace. Pourtant, Abdellatif avait la tête encore bandée.
Le substitut le relaxe, sans pour autant mentionner le faux dans l'établissement des procès-verbaux par la police judiciaire.
Qui a fait disparaître le certificat médical ? Abdellatif le sait. C'est un certain Khalid M., officier de police au 9ème arrondissement, beau-frère de Abdellah, le douanier. Un duplicata sera remis difficilement à Abdellatif par les services des Urgences du C.H.U. de Casablanca.
Vint l'audience, fixée en la salle n° 1 du tribunal de première instance. Abdellatif comparait en tant qu'accusé pour coups et blessures et tentative de viol contre la femme de son frère Abdellah, le douanier. Encore une fois, Abdellatif s'insurge en pleine audience contre ses juges et demande à ce que le pansement que le douanier porte soit enlevé. Il savait que c'était du pur mensonge. Le juge refuse et le menace de le faire descendre. En bas, dans les geôles. Le jugement rendu par la cour l'acquitte, une semaine après, mais le parquet fait appel. Abdellatif sera définitivement acquitté par la cour d'appel, quelques semaines après, mais il mènera la vie dure. Ses frères ne baisseront pas les bras, lui non plus.
Abdellatif veut mettre un terme à toute cette série de malentendus et de tracas, parce qu'il connaît très bien les siens. Il met en vente un appartement de l'immeuble qu'il occupe avec ses frères. Il signe un compromis de vente et donne les clés au nouveau propriétaire. Les frères sont toujours là pour s'opposer à toute transaction. Abdellatif signe même un acte de vente devant un notaire. Rien à y faire. Une autre plainte est déposée pour agression, la énième. Elle date du 17 juin 2006. Une autre plainte sera déposée le 21 juin par le nouveau propriétaire à qui l'accès à sa nouvelle demeure a été interdit par les frères de Abdellatif.
Jeudi dernier, 22 juin, Abdellatif se rend chez sa mère Aicha, née en 1928, diabétique, habitant le premier étage de l'immeuble. Il devait être 18 H. Toutes les lumières sont éteintes. Renseignements pris, son autre frère, habitant au deuxième étage, a coupé le courant électrique qui alimentait l'appartement de leur mère. Elle a pris parti pour son Abdellatif. Pourtant, depuis des années, ce même frère, travaillant à la Lydec et bénéficiant de la gratuité, alimentait depuis toujours tout l'immeuble dont les occupants doivent à la société de distribution d'eau et d'électricité plus de 50.000 DH.
Confessions d'un frère
En 2004, Abdellatif devait chercher deux jeunes filles de la famille à l'aéroport Mohammed V. Elles arrivaient de Belgique pour assister à l'enterrement d'un parent proche. Un ex-gendarme, ami lointain de la famille, se proposa d'assister les deux jeunes filles en perdition. Abdellatif s'y opposa en disant que l'un d'eux seulement se charge de la besogne. Ainsi la connaissance fut faite. De file en aiguille, l'ex-gendarme, un certain Khalil, proposa à Abdellatif d'intervenir pour faire muter son frère Abdellah, simple adjudant au port de Casablanca à l'intérieur des secteurs ou à l'aéroport international Mohammed V. Il demanda, en contrepartie 5000 DH que Abdellatif versa sur place et, à la station-service la plus proche, paya 300 DH de gasoil. Ils partirent en direction de Sala Al Jadida, dans une villa couleur ocre, en face de la cité de la gendarmerie royale. Un certain Hadj Abdellah, assez âgé, brun et en cheveux blancs les accueillait. Il était neuf heures du matin.
Mutations
Invités à prendre place au salon, Abdellatif et Khalil devaient contempler le paysage : les murs étaient habillés de photos de Hadj Abdellah avec des chefs d'Etats, y compris W. Bush. Impressionnant ! Le décor l'était certainement. Hadj proposa, cigare à la main, café ou whisky. Abdellatif demanda un café. Hadj s'installa majestueusement et tendit l'oreille pour demander ce qu'il y avait à leurs services. Abdellatif expliqua que son frère Abdellah, l'adjudant, était devenu la risée de ses collègues et des commis en douane en étant fixé à l'entrée du port. Il voulait qu'il soit muté à l'intérieur du port ou à l'aéroport Mohammed V. Hadj demanda pour la première mutation 20.000 DH et pour la seconde 30.000 DH. Abdellatif revint le lendemain et versa les 20.000 sonnantes et trébuchantes. Promesse lui a été faite pour les deux jours qui suivraient. Passèrent des jours, des semaines et aucune affectation ni mutation n'arrivait. Pourtant, Hadj Abdellah avait dit qu'il allait contacter le ministre lui-même à cet effet.
Abdellah, l'adjudant, n'était au courant de rien jusqu'au jour où Abdellatif, son frère, lui expliqua la chose. Abdellah demanda alors à son frère d'aller voir Hadj. Il était muni de dollars. Dans la villa ocre, il en déposa la contre-valeur de 20.000 autres dirhams avec la condition de voir son supérieur sauter, un certain Skalli.
Mère inscrite parmi les démunis
Ni Abdellah ni Skalli ne bougèrent. Abdellatif a compris qu'il était escroqué. Il se rendit encore une fois devant la villa ocre où il trouva une dizaine de victimes pleurant leur sort, y compris un vieillard, originaire de Tiznit, propriétaires d'autocars à qui Hadj aurait escroqué seulement quelque six millions de dirhams.
L'adjudant, qui a bien voulu jeter des milliers de dirhams par la fenêtre, ne s'est pas empêché d'inscrire sa mère, pourtant propriétaire de plusieurs biens immobiliers, parmi les démunis pour qu'elle bénéficie de l'insuline gratuitement. Lui qui a mis un pansement sur le bas de son oreille gauche, le jour de l'audience, pour envoyer son frère Abdellatif en prison !
Une autre plainte a été déposée contre Khalil pour escroquerie. Quant à Hadj Abdellah, il devint invisible.


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