Des quatorze commissions mises en place par la nouvelle équipe à la tête de la CGEM, trois sortent du lot par leur importance stratégique. La lutte contre la corruption, la mise en place d'un label CGEM et le combat pour la baisse continue de l'IS pour les investisseurs détermineront l'action de la Confédération dans les années à venir. Nouvelle Philosophie. Nouvelle vision. Et nouvelle éthique. En résumé, c'est l'ambition de la nouvelle équipe qui est aux commandes à la tête de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM). La réunion à laquelle Moulay Hafid Elalamy, le président de la CGEM, a convié le 28 septembre 2006 pour sa première sortie médiatique, a été l'occasion de dévoiler les grandes lignes de sa stratégie pour les trois années à venir. Parmi les grandes orientations, on peut citer la lutte contre la corruption, la création d'un label CGEM et le renforcement du partenariat avec le fisc. En ce qui concerne le volet fiscalité, une nouvelle commission présidée par l'expert-comptable, Mohamed Hdid du cabinet A.Saaidi vient d'être créée. Cette commission s'attellera à réaliser une étude complète sur la réforme fiscale. Elle se penchera notamment sur l'impact des différents scénarii d'une réduction progressive de l'IS, de l'élaboration d'un régime de taxation adapté aux petites entreprises. "Dans cette perspective, nous ne voulons pas de mesurettes. La refonte de la TVA passant de plusieurs taux à deux au plus est notre objectif. Concernant l'IS à 35 %, nous voudrons le voir descendre encore à 28 % pour ceux qui investissent pour atteindre 20 % à terme", souligne Moulay Hafid Elalamy. Dans la philosophie de la nouvelle équipe à la tête de la CGEM, ces mesures opérationnelles, si elles sont adoptées, auront pour objectif d'élargir l'assiette fiscale. Ce qui incitera un grand nombre d'entreprises de quitter le secteur informel pour régulariser leur situation. "Cependant, ces objectifs ne sont réalisables que dans les quatre ou cinq années à venir", poursuit le président de la CGEM. Enfin, pour créer une certaine cohérence avec la nouvelle démarche en matière de recours fiscal, la commission devra finaliser l'accord en cours avec la Direction Générale des Impôts pour la publication des décisions de la Commission Nationale de recours et en sélectionner les décisions les plus pertinentes en terme d'enseignements pour les entreprises. Le résultat sera diffusé auprès des adhérents. Lutter contre la corruption Indéniablement, une des plus grandes nouveautés de la nouvelle équipe, c'est la lutte contre la corruption. La commission qui est dédiée à ce programme est présidée par Abdeslam Aboudrar de la CDG. L'esprit d'une telle démarche est salutaire. "La transparence freine la corruption et encourage la bonne gestion", souligne le président de la CGEM. L'amélioration de la transparence des flux de recettes et de dépenses effectuées par l'entreprise et l'accentuation des efforts de lutte contre la corruption contribueront à atteindre les objectifs assignés et à renforcer l'intégrité au sens de l'entreprise. La commission devra concevoir, proposer une démarche et un calendrier opérationnel pour la mise en place d'un identificateur unique par entreprise (pour la CNSS, l'Administration des douanes, les Impôts…) de façon à ouvrir par la suite ce chantier avec le gouvernement. "Le secteur privé peut également constituer un allié important. Il est en effet dans l'intérêt d'une partie au moins du secteur privé d'opérer dans un environnement structuré où l'Etat, à travers des institutions fortes, règlemente et arbitre le jeu de la concurrence", avance un patron d'entreprise. Les organisations internationales comme la Banque Mondiale, le FMI et régionales comme la Banque Africaine de Développement (BAD) ont aussi un rôle important à jouer dans la mesure où elles peuvent apporter leurs expériences dans ce domaine. L'institution dans les mœurs de ce nouvel esprit de gouvernance se fera par l'élaboration des outils didactiques spécifiquement dédiés aux PME. Il s'agira aussi de partager les expériences réussies dans le monde de l'entreprise. "Nous veillerons à appuyer la stratégie nationale de lutte contre la corruption en proposant des actions de soutien", avance Elalamy. La réussite dans la lutte contre la corruption ne peut être que bénéfique pour l'entreprise. Un gage solide pour le projet de la CGEM de concevoir et de mettre en place les procédures d'attribution et de suivi de son label. Celui-ci pourra aider les entreprises méritantes d'avoir des facilités dans leurs relations avec l'Etat. D'ailleurs une commission placée sous la responsabilité directe de président de la CGEM et de Mohamed Chaibi, Pdg de Ciments du Maroc a été créée.