L'Etat doit-il intervenir par son action pour mettre de l'ordre dans le secteur du foncier ? Les spéculateurs de tout acabit continuent de flamber le prix du mètre carré construit. Le seuil de 35.000 dirhams le mètre carré de terrain a été dépassé dans certaines zones de Casablanca ou de Marrakech. La problématique de la spéculation foncière, qui a ses racines dans la rareté des terrains ouverts à l'urbanisation prend de plus en plus d'ampleur au Maroc. Pour Mohamed Lebady, l'un des architectes du groupement chargé de l'étude de l'aménagement du plateau de l'Akrach, la meilleure façon d'endiguer l'enchérissement du prix du foncier est l'action de l'Etat. Celle-ci doit se manifester par la mise des grandes superficies urbanisées sur le marché, à travers tout le pays. Dans cette perspective, l'offre des logements ou des plateaux de bureaux sera plus abordable pour les demandeurs de tout bord, investisseur comme acheteur à usage domestique. Dans ce cas de figure, avance Mohamed Lebady : « le ratio du prix plancher du foncier dans le prix du mètre carré devrait rester entre 25 et 30 %. Or, aujourd'hui dans certaines zones urbaines ce ratio peut atteindre 60 % et plus ; ce qui est inconcevable dans un marché structuré». Au Maroc, pour lutter contre le phénomène de la spéculation foncière, les objectifs tendent actuellement vers des villes nouvelles ou les ZAC (Zones d'Aménagement Concerté), dont l'effet est immédiat et parvient à freiner les hausses abusives. À noter que les ZAC sont des zones à l'intérieur desquelles une collectivité publique ou un établissement public décide d'intervenir pour réaliser ou faire réaliser l'aménagement et l'équipement des terrains. À titre d'exemple, pour ce résident de Hay Riad de Rabat, en son temps, le lancement de ce quartier résidentiel avait maintenu le prix des terrains stable pendant au moins 10 ans. Par la suite, ce fut la flambée des prix, parce que le terrain se fît rare et ceci laissa le champ libre aux spéculateurs. Depuis plus d'une décennie, on pouvait gagner plus en accumulant des terrains et en les laissant «dormir» quelques années, qu'en réalisant des opérations de promotion, qui donnent du travail, source de richesse pour l'économie. Un constat qui montre que la spéculation foncière si elle est source de revenus importants pour ceux qui la pratiquent, elle est, en revanche, à terme inhibitrice de l'économie en général. Ceci s'explique largement par les désinvestissements qu'elle entraîne dans son sillage. L'action des pouvoirs publics Pourtant, sur ce dossier même si les pouvoirs publics ont pris le taureau par les cornes, il n'en demeure pas moins que le déficit en logements est toujours manifeste dans des grandes agglomérations comme Casablanca, Rabat ou Marrakech. L'effet de la «politique des villes sans bidonvilles» a, en fin de compte, une portée très limitée. Et pour cause les bidonvilles que cette politique est sensée combattre n'ont pas disparu. A contrario, ils augmentent même en intensité !!! Une ville comme Marrakech où la spéculation bat son plein, confortée en cela par l'afflux des expatriés européens venus acheter des résidences secondaires, les demandeurs marocains en logements, ou accessoirement en espaces pour bureaux ont du mal à faire face à la concurrence.