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Enquête exclusive - Un Marocain tué par la mafia à Paris : La piste corse
Publié dans La Gazette du Maroc le 20 - 11 - 2006

Le 22 décembre 2004 à 07h50, le corps d'Azeddine Behhar, un Marocain vivant à Paris, a été retrouvé inerte, les jambes et les bras écartés, face au ciel dans le cours Albert 1er, Paris 8ème. Un traumatisme crânien est la cause de la mort. Le 17 janvier 2005, LGM avait révélé les dessous de cette affaire jusque-là non-élucidée. La famille du défunt revendique la thèse du meurtre. Son frère Abdelmajid nous a raconté le déroulement de toute cette affaire énigmatique qui semble prendre des tournures pour le moins très louches. Un nouveau rebondissement vient relancer l'affaire devant les juges : Robert Feliciaggi, un homme d'affaires élu à l'assemblée de Corse sous l'étiquette UMP, a été abattu sur le parking de l'aéroport d'Ajaccio Campo dell'Oro. C'est ce qui permet de faire le lien entre l'assassinat du Marocain et les règlements de comptes mafieux sur l'île de Beauté. La famille Behhar se porte partie civile pour déposer une plainte contre X, début décembre.
Il fallait attendre presque deux ans pour voir l'affaire du Marocain, Azzeddine Behhar, tué à Paris, rebondir suite à l'assassinat par balle d'une grande personnalité politique française. Il s'agit de Robert Feliciaggi député UMP en Corse. En effet, atteint dans le dos de plusieurs balles, Feliciaggi a basculé dans le coffre de sa voiture où il a reçu deux autres balles en pleine tête. Il est décédé plus d'une demi-heure plus tard, à l'hôpital. L'autopsie a confirmé l'utilisation d'une arme de gros calibre, au moins du 9 mm et peut-être même du 11,43. La conclusion du médecin légiste est claire. D'après les premiers témoignages, le tueur a pris la fuite à bord d'un véhicule conduit par un complice. Les enquêteurs sont à la recherche d'un 4X4 de couleur sombre utilisé, décrit sommairement par plusieurs témoins qui n'ont pu indiquer ni la marque ni le numéro de la plaque minéralogique. L'hypothèse d'un véhicule volé puis incendié en un lieu désert, pour détruite toutes traces, est retenue par les enquêteurs de la police judiciaire d'Ajaccio. D'autres témoins parlent d'hommes cagoulés qui ont tiré trois fois sur le député corse. Il pourrait s'agir d'un crime politique ou d'un règlement de compte de droit commun. La police a entendu plusieurs personnes de l'entourage familial, politique et professionnel de Robert Feliciaggi pour savoir s'il se sentait menacé. D'autant que plusieurs de ses amis avaient été exécutés sommairement ces derniers mois. Selon le procureur de la République José Thorel, «il s'agit d'une embuscade menée par des professionnels du crime, manifestement bien renseignés et qui attendaient la victime sur le parking de l'aéroport». «Le tireur a agi seul, le visage dissimulé sous une cagoule, surprenant Robert Feliciaggi au moment où il plaçait ses bagages dans le coffre de sa Mercedes».
Cet énième crime dans le sillage des affaires et de la politique en Corse aurait pu passer sans attirer l'attention de la police parisienne si le lien avec l'assassinat du Marocain, Behhar à Paris n'était pas venu brouiller les cartes et relancer les pistes de l'enquête. Azzeddine Behhar a été le chauffeur personnel du frère de Robert Feliciaggi, Charles Feliciaggi et, de temps à autre, il a travaillait pour Robert Feliciaggi, député UMP en Corse. D'ailleurs exactement sept jours avant son assassinat, le Marocain avait accompagné Robert Feliciaggi au TGI (Tribunal de Grande Instance) de Paris pour sa dernière comparution devant la justice pour une affaire louche. Ce jour-là, le chauffeur marocain a pu avoir accès à des documents confidentiels de haute importance qui étaient déposés dans le coffre de la Mercedes de Charles Feliciaggi, frère de Robert. Sans oublier que pendant une longue période, lors de la mise en examen de Robert Feliciaggi, Azzeddine Behhar et sa femme ont gardé des dossiers compromettants sur les Feliciaggi.
Autant d'indices et de connexions qui établissent le lien entre les deux meurtres: celui du Marocain Behhar et du député corse Robert Feliciaggi.
Secrets autour
d'un assassinat
Quelle est donc l'histoire de ce chauffeur marocain établi depuis longtemps à Paris ? Azzeddine Behhar était chauffeur d'homme d'affaires depuis quinze ans. Un boulot comme un autre qui lui assurait une vie décente à Paris. Marié, père d'un enfant, aujourd'hui âgé de14 ans. La vie suit son cours sans trop de difficultés. Azzeddine mène sa barque et le destin le conduit sur le chemin de la famille Feliciaggi. Il travaillera donc comme chauffeur personnel de Charles Feliciaggi, personnalité connue et frère de Robert Feliciaggi, député UMP en Corse. Pourtant, Azzeddine de son côté, selon sa famille (que nous avons rencontrée à Casablanca dans les locaux de la Gazette du Maroc durant toute la durée de l'enquête), savait qu'il encourait un danger. Il avait appelé à maintes reprises sa soeur lui demandant de l'aide : “aide-moi ou je finirais dans un cercueil”. Il se savait menacé. Par qui ? C'est là qu'apparaît une autre source d'inquiétude et de danger pour l'ex-chauffeur de personnalité. Il avait un jour confié à sa famille qu'il était menacé par son patron et le comptable de la société parce qu'il en savait trop. Trop sur des affaires louches ? Des affaires de fraudes et de trafic ? Des dossiers litigieux sur du blanchiment d'argent. Azzeddine n'a jamais expliqué le pourquoi du comment, mais il a bien dit à son frère et sa sœur, entre autres, que son patron lui avait signifié qu'il ne fallait pas trop jouer avec le feu. Et les flammes sont en l'occurrence une attaque par derrière, dans une cour sombre au petit matin.
Quoi qu'il en soit Azzeddine aura eu des démêlés avec son beau-fils en prise avec une délinquance assez dure et son patron qui, lui, avait des choses à se reprocher. Autre point qui pourrait surgir dans cette affaire, ce sont les multiples connaissances que l'on pourrait se faire quand on connaît du monde aussi select que les fameuses personnalités du monde des affaires qu'Azzeddine transportait. Aurait-il été témoin de certaines choses à ne jamais révéler ? Quelqu'un en dehors du patron et du beau-fils qui ne voulait pas laisser la possibilité d'un dérapage de la part du chauffeur ? Selon le frère de la victime, «Oui, le lien est clair et cela ne fait aucun doute pour nous. D'autant que nous avons appris dernièrement que mon frère a été licencié par son patron justement parce qu'il en savait trop».
Le frère mène l'enquête
Abdelmajid Behhar nous explique que c'est ce matin du “22 décembre 2004 à 07h50, que le corps d'Azzeddine Behhar gisait, inerte, les jambes et les bras écartés, face au ciel dans la cours Albert 1er, Paris 8ème”. Un traumatisme crânien serait la cause de sa mort. Aujourd'hui, on apprend que le médecin légiste a révélé que ce traumatisme crânien est “une fracture de 13 centimètres tout en assurant d'un autre côté qu'Azzeddine était en très bonne santé”.
La famille de la victime, de son côté, semble avoir reconnu le criminel. Le frère d'Azzeddine, Abdelmajid Behhar, affirme que sa femme Malika Erraji a des choses à dire pour comprendre ce qui s'était passé lors de ce fameux 22 décembre. D'autant plus que le frère du défunt souligne que son ex-belle sœur avait très mal réagi lorsqu'elle a appris qu'il s'était rendu sur les lieux du crime pour récolter des informations auprès du gardien de l'immeuble : “Oui, Malika m'a menacé ouvertement si je ne laissais pas tomber mes recherches pour savoir ce qui s'était passé ce soir-là”. Savait-elle quelque chose sur les liens avec les dossiers des Feliciaggi ? Elle seule pourrait le confirmer.
D'un autre côté, le frère nous apprend que pour les deux lieutenants français, du commissariat Paris 8, rue du Faubourg Saint-Honoré, qui enquêtent sur l'affaire Azzedine Behhar, “la thèse du suicide est exclue”. Dans cette même optique, le gardien de l'immeuble a révélé qu'Azzeddine n'avait pas cassé le carreau de la porte de la cour puisqu'il savait, comme à l'accoutumée, qu'il suffisait de pousser la porte. On revient sur cet élément du carreau cassé parce que la police l'avait aussi pris en considération pensant à une bagarre où il y aurait eu du grabuge. Vérification faite quand la police s'était rendu le soir même à 21h30 après la dispute du défunt avec sa femme Malika, le carreau était déjà cassé. La suite nous vient du bistrot où Azzeddine avait ses habitudes. Ses amis disent qu'il était “très préoccupé et semblait pris dans des pensées très profondes. Il ruminait quelque chose. Il était très mal et n'avait quitté les lieux qu'à 22 heures passées”.
Azzeddine Behhar, chauffeur chez un homme d'affaires aux multiples liens financiers et politiques, savait où il avait mis les pieds. Azzeddine savait dans quelle cour il jouait, mais l'unique hic dans ce long fleuve tranquille, ce sont ces soucis qu'il avait eus quelques jours avant le drame. La peur, la crainte, presque une paranoïa bien contrôlée. Mais l'homme couvait quelque chose. Il savait qu'il était dans le collimateur de quelqu'un. Pourtant, même quand il s'en ouvre à ses proches, il ne dira jamais d'où venait ce danger. Selon la famille, Azzeddine savait qu'il était menacé. Son frère, Hassan, a lui aussi confirmé les confessions de son frère: “ils m'ont tendu un piège” avait dit Azzeddine à son frère, à quelques jours du drame. Qui avait tendu ce piège et pour quelles raisons?
Pour la famille Behhar, la police veut curieusement, classer le dossier sans lui donner de suites. La déposition de la sœur, pourtant capitale, n'a pas été sollicitée. Pas plus que l'analyse du contenu de son téléphone portable, son carnet d'adresses et les différents coups de fil reçus et composés par Azzeddine Behhar. C'est pourtant à elle, cette sœur, qu'il avait dit, dix jours avant sa mort “protégez-moi”. Dans un sens, pour éviter que cette affaire ne tombe dans la routine policière, c'est la famille Behhar qui joue au détective pour trouver d'autres indices à même de relancer des pistes pour élucider ce meurtre. D'un autre côté, malgré, le constat policier, l'ex-femme d'Azzeddine soutient qu'il s'agit là d'un suicide. Pourquoi en est-elle si sûre ? Lui en avait-il fait part, savait-elle qu'il voulait en finir avec la vie ? et quelle est sa position aujourd'hui vu que même la thèse de la chute ne tient plus la route. Puisque l'expertise scientifique a démontré que le corps gisait à gauche, que la fenêtre de l'appartement du défunt se situe à droite et que sauf miracle de la physique, aucune chute ne peut se faire en biais comme si le corps était tendu par un fil secret. À moins que la femme ne soit elle même sous la menace craignant de finir comme son mari, le cas Behhar est sans l'ombre d'un doute lié aux règlements de comptes entre gros calibres de la mafia entre Paris et la Corse.


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