L'étude confiée par le ministère de la Modernisation des secteurs publics au cabinet d'audit KPMG a rendu ses conclusions. Sur un effectif de 510.519 agents de la fonction publique, quelque 38.520 ont perçu une enveloppe de 11,2 milliards de dirhams. Une bien meilleure utilisation de ce fonds par les bénéficiaires a été remarquée. Intilaka a permis à l'Etat d'épargner 4,8 milliards de dhs de la masse salariale. Le ministre de la modernisation des secteurs publics, Mohamed Boussaid et son homologue des Finances, Fathallah Oualalou ont présenté le 5 décembre 2006 l'étude relative à l'évaluation de l'opération de départs volontaires de la fonction publique dont la durée a été du 1er janvier au 30 juin 2005 (6 mois). Cette opération communément appelée Intilaka concerne toutes les catégories de fonctionnaires y compris ceux qui sont en position de détachement, de mise en disponibilité ou à disposition. Cette étude avait été confiée au cabinet d'audit international KPMG. Son directeur général, Fouad Lahgazi a expliqué les différentes phases par lesquelles son cabinet est passé pour accomplir les résultats auxquels est arrivée son équipe sur l'opération Intilaka. Ainsi, des explications ont été données sur la situation de la fonction publique avant l'opération proprement dite, ses caractéristiques, ses bilans quantitatif et financier ainsi que ses impacts. En ce qui concerne la période ante Intilaka, l'étude montre que les effectifs des fonctionnaires au Maroc étaient de 510.519 personnes. Ils étaient répartis de façon très déséquilibrée à au moins trois niveaux. D'abord, l'enquête a permis d'établir que 51 % des effectifs sont des cadres classés à l'échelle 10 et plus ; ce qui montre la lourdeur des niveaux des salaires. Ensuite, 19 % des fonctionnaires se trouvent sur l'axe Rabat-Casablanca. Enfin, le ministère de l'Education nationale a à lui seul 53,65 % des effectifs de la fonction publique avant l'opération Départs volontaires ; soit 273.886 agents. Il est suivi, mais de loin par le ministère de la Santé avec 42.483 agents. En plus de ces dysfonctionnements, l'étude a montré que plus de la moitié de la population de la fonction publique est âgée de 50 ans et plus. Conséquence. En 2005 la masse salariale de ces agents a pesé lourd dans le budget de l'Etat puisqu'elle a été d'un montant de 60 milliards de dirhams ; soit 13 % du PIB. Dégraisser le mammouth «Avec Intilaka, nous nous sommes assignés comme objectifs d'améliorer et rationaliser la gestion des ressources humaines par la réduction des sureffectifs sur le plan géographique, sectoriel et par grade», souligne Mohamed Boussaid. Une des finalités de ce programme est de permettre à l'Administration de disposer de possibilités de recrutement de compétences selon une gestion prévisionnelle des ressources humaines. «Pour une bonne gestion des finances publiques, la stabilisation de la masse monétaire à un niveau adéquat est essentielle», ajoute, pour sa part, Fathallah Oualalou. Le bilan quantitatif de l'opération est en tout cas très encourageant d'après les principaux résultats de l'analyse détaillée et chiffrée des effectifs. Ainsi, l'étude de KPMG nous apprend un taux d'acceptation de 76,21 %, un allègement des effectifs de la fonction publique de 7,59 %. Au niveau des régions de Rabat, Salé, Zemmour-Zaër, cet allègement se situe à –12 %. Dans le Grand Casablanca, il est de –10%. En ce qui concerne le bilan financier, force est de constater qu'un total de 11,2 milliards de dirhams ont été affectés aux indemnisations des départs volontaires. Ceux qui ont reçu une enveloppe inférieure à 150.000 dhs, s'ils constituent l'écrasante majorité des effectifs, c'est-à-dire 15.687 sur un total de 38.520 ; soit 40,72 %, n'ont perçu que 14,26 % des 11,2 milliards de dhs ; soit environ 1,6 milliard du pactole. En revanche, ceux dont la tranche d'indemnité est comprise entre 500.000 et 750.000 dhs ont emporté avec eux environ 4,3 milliards de dhs, c'est-à-dire 38,30 % de la cagnotte. Ils représentent un effectif de 6900 agents ; soit 17,91 %. Et ceux dont les indemnités dépassent les 2 millions de dhs, sont 64 cadres et ont empoché un total d'un peu moins de 144 millions de dhs. Soit 1,29 % des indemnités allouées. Les autres tranches se partagent le reste. Impact Intilaka Concernant l'impact des 11,2 milliards de dhs qui ont été distribués aux 38.520 départs volontaires, un sondage effectué auprès de 406 agents par KPMG et avalisé par le département de Boussaid a donné des résultats pleins d'enseignements. Ce sondage fait apparaître une bien meilleure utilisation de l'argent distribué. Ainsi, 21 % de l'indemnité ont été utilisés pour acquérir des biens immobiliers. 20 % ont été consacrés par les bénéficiaires à éponger leurs dettes. 14 % ont été affectés à l'investissement direct, c'est-à-dire, la création d'entreprises. «Cet investissement a permis la création de 6588 projets. On estime à plus ou moins 10 emplois que chaque projet sera appelé à générer à terme ; ce qui occasionnera 16.326 emplois supplémentaires», souligne Mohamed Boussaid. Un des autres secteurs à forte valeur ajoutée à avoir bénéficié de la largesse des détenteurs de ces indemnités est celui de l'éducation. Ils ont imputé 14 % du montant total à l'éducation de leurs enfants. Enfin, 8 % du total est consacré à l'épargne. En plus de ce redéploiement des indemnités dans des investissements porteurs, donc bénéfiques à l'Etat à terme ; celui-ci a pu épargner quelque 4,8 milliards dhs de la masse salariale.