John Waterbury nous avait prévenu : «les segmentations politiques ont la peau dure!». à chaque moment de la vie nationale, la preuve est établie que le chercheur américain, auteur de «le Commandeur des croyants», n'était pas dans le tort. à l'abri des dissensions, depuis bientôt cinquante ans, le Parti de l'Istiqlal risque de renouer avec ses vieux démons. Quelques cadres, ou du moins des anciens militants en vue ont, effectivement et publiquement, décidé de former un parti. Encore un, dira-t-on. Oui, mais à tenir compte de la longue période de stabilité organisationnelle dont a joui le parti de Si Allal, il y a fort à croire que c'est là un syndrome. Pas un signe d'incertitude, mais un signe de malaise qui ne manquerait pas d'affecter les partis de la majorité ! Autrement, l'initiative prise par Ahmed Fitri, ancien membre du comité central du parti et certains de ses camarades, si elle ne crée pas un remous profond, elle risque de donner des idées à d'autres, et gêner les préparatifs du parti. Surtout à quelques encablures des échéances de 2007 ! D'autant plus, que le parti traîne encore le cas Abderrazak Afilal et les séquelles des sursauts syndicaux qui ont défrayé les chroniques ces derniers temps. Pour l'instant, la direction minimise les effets négatifs du «mouvement». Refrain rassurant : «c'est là une aventure sans lendemains». Autant dire, un coup d'épée dans l'eau ! Pourtant, le nouveau parti, «unité et démocratie» dénote d'une certaine tendance lourde de la vie nationale : les stratégies individuelles qui pénalisent la politique. à dire que rien n'y fait : c'est une constante ! On trouvera bien des «observateurs engagés» qui ne manqueront pas d'y voir un signe de blocage interne, voire d'un manque de démocratie interne, mais la rhétorique a ceci de désuet qu'elle revient toujours au moment des élections. L'ambition ferait cependant un vrai angle d'attaque : l'homme n'est-il pas un animal politique?