Ce n'est pas encore la guerre des «tranchées», Mais, les couteaux sont déjà tirés au sein du Mur ! Le Mouvement Unification et Réforme, né de la fusion des anciens d'Al Mostakbal Al Islami, dirigé par le fameux Ahmed Raissouni et Al Islah Wattawhid, dont les maîtres sont Benkirane et Yatim, vit actuellement au rythme d'une polémique initiée par l'une des figures de proue du mouvement, Farid Al Ansari. Celui-là même qui vient de publier un pamphlet qui descend en flammes certains de ses amis au sein du mouvement intégriste. Un brûlot dans les règles de l'art, et dont le titre est plus que porteur: « les six erreurs du mouvement islamique» d'Al Ansari, lui-même leader du Mur et actuellement président du Conseil régional des ulémas, passe au peigne fin les égarements «idolâtriques», dans la pensée et la pratique du Mouvement. De quoi donner le vertige à ses anciens confrères des jamaâ ! Alors que certains ne manqueraient pas de se ronger les sangs, c'est Ahmed Raissouni, pourtant hissé au rang du «clerc probe», qui assume ! Parmi les griefs retenus par le président des Oulémas de Meknes, l'imbrication entre la politique et le prosélytisme, entre la vulgate islamiste et le lexique politique, une trahison qui selon lui, mène à l'amalgame. Il pointe du doigts les «scorpions verts» (sic), un terme qui désigne «ceux qui ont fourvoyé les objectifs du Mouvement «et mâtinent» la politique d'un discours religieux, sans sourciller. Considéré comme l'un des penseurs de la mouvance islamiste, du moins l'un de ses intellectuels les plus en vue, Farid Al Ansari n'en est pas moins attaqué par Raissouni, actuellement résident au Golfe. Ce dernier lui reproche un « penchant nihiliste envers le mouvement islamiste, «qui n'exclut pas un objectif destructeur du livre» selon le quotidien Assahifa ! Un livre donc, qui nuit, et qui accuse ! et qui plus est, dénote d'une « pensée de ruine et d'autodestruction», selon Raissouni. Des propos qui mèneront inéluctablement à une polémique jamais vue au sein du Mur certes, mais qui n'est pas sans rappeler une autre. La sortie de Feu Mohammed Bachiri, le numéro 2 d'Adl Wal Ihssane. On s'en souvient :salafiste intraitable, le cheikh, mort des suites d'une crise cardiaque juste après sa dissidence, avait publiquement tiré à boulets rouges contre Cheikh Yassine. Justement, il lui reprochait son penchant idolâtrique et messianique à la limite de la gnose ! Taxée sans appel d'hérétique, la pensée de Yassine est vivement attaquée. Remake, cette fois-ci du côté du Mur ? il y a fort à parier que la pratique politique ne passera pas sans séquelles. Reste à savoir quel sera le prix de cette polémique à la veille des échéances législatives 2007 !