Dans notre société hédoniste où l'on parle chaque jour de l'amélioration des performances, le viagra correspond à l'image que l'on se fait du médicament du bonheur. Ou on se rend compte que les relations entre les deux sexes sont d'abord une histoire de… cœur. Si, au Maroc, comme dans bien des pays musulmans, le sexe est tabou, les problèmes sexuels que rencontrent les hommes le sont encore plus. Pfizer Maroc a si bien évalué les choses dès la fin 2002 qu'il met en place une formation destinée aux médecins généralistes, intitulée «Dialogue et sexualité, afin de les initier aux techniques de communication pour mieux dialoguer avec les patients qui rencontrent des problèmes d'ordre sexuel». L'objectif pour le laboratoire est de former 1 000 médecins. Ces derniers sont sélectionnés en fonction de leur motivation et, une fois formés, eux-mêmes deviennent formateurs. Le laboratoire ne communique pas sur le succès ou l'insuccès de sa formation mais, force est de constater qu'aujourd'hui, toute honte bue -et c'est tant mieux- Viagra, Cialis et autre Vigorex sont au top des ventes des pharmacies et du souk Melilla à Oujda. Entre 500.000 et un million de Marocains seraient utilisateurs plus ou moins réguliers d'un inhibiteur érectile. De là à penser que les vues de Pfizer Maroc n'étaient pas seulement d'instaurer un dépistage systématique des troubles sexuels, mais aussi de vouloir vendre un nombre toujours plus important de petits cachets bleus… Pourtant, les spécialistes sont formels: «Le Viagra a eu le mérite de pousser des hommes à consulter plus souvent. Ce qui nous a permis de prendre conscience d'un fait : les dysfonctions érectiles ne sont pas le premier motif de consultation en andrologie. On s'aperçoit, ici comme partout dans le monde, que ce sont les troubles de l'éjaculation et les troubles du désir qui représentent le premier motif de consultation». 80 % de bons résultats Et pourquoi bouder son plaisir, c'est le cas de le dire : «80 % de bons résultats, c'est un succès exceptionnel pour un médicament ; bon nombre de couples qui se croyaient condamnés à une sexualité anxiogène voire inexistante ont retrouvé un épanouissement grâce au viagra», explique le Dr S. Mimoun. Les avocats marocains disent que beaucoup de divorces (au Maroc : autour de 20%) sont liés à des problèmes sexuels. Quand on sait que seulement 9 % des hommes concernés consultent un médecin et qu'ils sont 5 % à utiliser ce type de médicaments… On se dit que le sildenafil a encore de beaux jours devant lui dans notre beau pays. Ce médicament avait d'abord été utilisé dans le traitement de l'insuffisance coronaire et les patients traités avaient rapporté ses effets «secondaires» étonnants… Beaucoup d'érections de bonne qualité alors que l'effet sur les coronaires était modeste ! Le Sildenafil, lancé en 1997 aux Etats-Unis par la société Pfizer sous la marque Viagra fait un tabac et révolutionne la sexualité des séniors. Le Sildenafil est ni plus ni moins que le principe actif principal du Viagra. Autrement dit, le produit générique. Son action est simplissime: il détend les muscles et augmente le flux sanguin aux secteurs particuliers du corps, notamment le dysfonctionnement érectile (impuissance) chez les hommes.Le Viagra arrive au Maroc l'année suivante auréolé d'un titre de gloire à la une des medias : «La pilule du désir masculin». Aujourd'hui, les spécialistes rectifient le tir : ce n'est pas un médicament de la libido mais un prolongateur d'érection: «L'érection est plus forte, dure plus longtemps mais il faut la faire démarrer. Si le désir n'est pas là, ça ne marche pas». Il y a 10 ans, les médecins faisaient des injections intra-caverneuses. Pour tous les urologues, andrologues et sexologues, l'arrivée du viagra a été une révolution. Il était alors difficile même pour les spécialistes d'imaginer qu'un médicament pris par voie générale comme le sildénafil allait agir sur cet organe. Les experts es sexologie pouvaient craindre de voir fondre leur clientèle. En fait, c'est tout le contraire qui s'est passé -du moins dans les pays européens- les psychothérapeutes (terme générique) sont les premiers intéressés : «On s'en sert comme d'un levier. Et la réussite amène la confiance», explique le Dr S. Mimoun. Aujourd'hui, 10 ans après le lancement, 1 demi-million de Marocains ont eu recours au Viagra… pour 23 millions dans le monde. D'après les rapports de l'OMS, (octobre 2007) les Brésiliens et les Marocains «sont les plus grands consommateurs de Viagra» ! Une vie sexuelle plus épanouie pour les femmes dont le partenaire utilise du Viagra A la veille de la Saint Valentin, les laboratoires Pfizer publiaient une nouvelle étude sur l'un de leurs médicaments phares, le Viagra. 10 ans après la première étude réalisée sur les hommes ; l'étude 2008 s'intéresse davantage à la satisfaction sexuelle des partenaires des hommes traités par Viagra. Cet essai clinique a été réalisé dans 15 centres français de consultation de sexologie, auprès de 67 couples. Tous les hommes, âgés en moyenne de 51,5 ans, ont reçu un traitement par Viagra. Après analyse de questionnaires portant sur leur satisfaction sexuelle, les auteurs de l'étude ont constaté le passage d'un «score de satisfaction sexuelle» de 12,3 sur 30 au début, à 20,6 sur 30 en fin de traitement chez les compagnes des hommes traités. Après comparaison avec un groupe contrôle, l'étude révèle qu'«en fin de traitement, l'index de vie sexuelle est quasiment comparable à celui de femmes dont les compagnons n'ont pas de problème d'érection», indique le communiqué de Pfizer. En revanche, lorsque, «malgré le traitement par Viagra, les hommes avaient encore un trouble de l'érection persistant et sévère, leurs partenaires avaient alors un score inférieur à celui du début de l'essai», selon le communiqué. D'après Béatrice Cuzin, andrologue et urologue, un des auteurs de l'étude, ceci «montre bien que ces femmes étaient extrêmement déçues dans leur attente». Enfin, si la vie sexuelle de la femme se trouve améliorée avec l'utilisation du Viagra, il n'en est pas de même pour l'homme. 93% des hommes retrouvent leur fonction érectile, mais «la fonction orgasmique n'est pas significativement augmentée», indique Béatrice Cuzin. Selon elle, cela est dû au fait que «Viagra n'est pas un dopant sexuel».