Alors que l'ancien négociateur iranien, Ali Larijani, estime que l'Occident sera obligé, en fin de compte, de négocier avec son pays, plusieurs indices, dont celui en provenance des services de renseignements russes, affirment que George Bush et le Pentagone sont déjà prêts pour frapper militairement. Pour ceux qui suivent de près le dossier nucléaire iranien dans la capitale française, Washington s'est apparemment décidée à attaquer l'Iran, quelques mois avant la fin du mandat du Président américain. Ces mêmes sources soulignent que tous les départements de l'establishment américain sont d'accord pour mettre un terme à ce feuilleton qui, d'après eux, aurait trop tardé. Ce, malgré les déclarations des candidats démocrates à la présidence, et les informations parues cette semaine, dans la presse londonienne, où on parle des discussions qui durent secrètement entre Téhéran et des canaux parallèles représentant des centres du pouvoir aux Etats-Unis. Dans ce même ordre d'évaluation, le vice Premier ministre koweitien, ministre des Affaires étrangères, cheikh Mohamed Al-Sabah, a déclaré à La Gazette du Maroc, en marge de la séance d'ouverture du 5ème Forum arabe de l'information, que son pays «craint sérieusement l'éventualité de déclenchement de la guerre entre les Américains et les Iraniens qui semble être imminente». Une peur partagée dans les hautes sphères du pouvoir en Egypte et en Arabie Saoudite, les deux principaux alliés des Etats-Unis dans la région du Moyen-Orient. Dans cette foulée, l'Etat hébreu appelle en permanence à contrecarrer le programme nucléaire iranien, avant qu'il ne soit trop tard. Dans ce cadre, les médias israéliens laissent comprendre, qu'au cas où Washington décidait de frapper militairement, Israël aurait certainement un rôle de soutien significatif. Des rumeurs dans ce sens ont circulé tout au long du 8ème Forum de la démocratie, du développement et du libre-échange tenu, le week-end dernier à Doha. Notamment, après le discours de la Ministre israélienne des Affaires étrangères, Tsibi Levni, dans lequel elle a appelé les Arabes à se mobiliser aux côtés de son pays, contre l'influence grandissante de Téhéran. Tout au long de la semaine dernière et cette semaine, l'éventualité d'une frappe militaire américaine contre l'Iran est montée à nouveau à la surface. Le différend dans ce constat, n'émane pas uniquement de sources américaine ou iranienne. Mais, il est devenu un «évènement» régional par excellence. A cet égard, force est de noter que la Syrie et Israël se sont menacés mutuellement. De plus, Tel-Aviv est allée encore plus loin en mettant en garde contre une guerre régionale. Devant la complication graduelle de la situation, la région du Moyen-Orient se situe aujourd'hui face à deux solutions radicales : accepter le soi-disant «grand deal» qui sera conclu entre les Etats-Unis et la république islamique d'Iran pour se partager l'influence et les intérêts stratégiques dans cette région, ou voir Washington mener une guerre qui tranchera, mettant fin, d'après les stratèges du Pentagone aux projets «expansionnistes» de l'Iran. Ce dernier, détient désormais d'importantes cartes en Irak, au Liban et en Palestine, et tente de s'ingérer dans les affaires internes de certains pays du Golfe, le Bahrein et le Koweit en premier. à Paris comme à Riyad, on affirme que les chances d'une solution par la guerre du conflit irano-américain est de plus en plus imminente, notamment avec le compte à rebours de l'administration de Georges Bush. Néanmoins, en dépit de l'actuelle force de frappe militaire des Etats-Unis, la plus puissante de l'histoire contemporaine, la guerre contre l'Iran ne se limite pas à l'approche idéologique des faucons de l'administration américaine en place. Une différente donne Certains généraux du Pentagone se doutent des résultats de la frappe. Car, le moindre échec, partiel certes, pourra se répercuter négativement sur les intérêts géopolitiques des Etats-Unis. Notamment, lorsqu'on sait que Téhéran est prête à utiliser toutes ses cartes pour mettre la région à feu et à sang, dès la première heure de l'attaque. Dans ce même ordre de crainte d'un résultat «modeste», l'Iran utilisera sans doute sa carte cachée. Téhéran sait mieux que quiconque que la destitution de son régime créera un déséquilibre régional sans précédent dans la région du Golfe, dans l'intérêt d'un grand joueur, qui est l'Inde, dont le nombre est 17 fois plus grand que celui de l'Iran. De plus, New Delhi, possède des capacités nucléaires et militaires dépassant de loin celles en possession de la république islamique. Cette carte est la plus importante dans les négociations parallèles et discrètes, toujours en cours entre Washington et Téhéran. Car, elle annule définitivement et pratiquement les scénariis de dissuassion militaire. Dans cette même configuration, force est de rappeler que l'Iran contrôle le détroit d'Ermuz par lequel s'achemine 40% du total du pétrole mondial. Pis encore, il a un «droit de regard» sur les puits de pétrole arabes dans les eaux des pays du Golfe et dans la rive Est de la péninsule arabique. Cela dit, que les missiles de courte portée pourraient facilement atteindre ces objectifs stratégiques. En dépit de la grande importance de ces cartes, elles demeurent cependant à caractère dissuasif. Car, l'Iran ne sera jamais la première à frapper en utilisant ces cartes pour faire pression sur Washington. D'autant plus que leur nature demeure limitée. De ce fait, Téhéran opte, le plus souvent, de montrer ses capacités dans des occasions et des opérations ponctuelles. Comme cela a été le cas lors de la deuxième guerre du Liban en été 2006 qui avait opposé le Hezbollah libanais à l'armée israélienne. Dans une récente déclaration, le chef de la diplomatie saoudienne, le prince, Saoud al-Fayçal, estime que l'Iran pourrait perturber, à travers ses alliés régionaux, le projet américain. Sans pour autant avoir l'illusion d'aller encore plus loin dans la confrontation militaire directe. Car l'initiative demeure, en fin de compte, entre les mains de Washington. Les responsables iraniens, dont entre autres, Ali Larijani, l'ancien grand négociateur et représentant, le Haut Murchid de la République Islamique au sein du Conseil national de sécurité, que son pays ne veut pas la guerre, et qu'il est toujours prêt à trouver les solutions adéquates à son programme nucléaire. D'autre part, alors que les Etats-Unis misent sur la détérioration de la situation socio-économique en Iran, ce dernier montre une résistance aux pressions américaines. Il mise sur ses relations privilégiées avec les deux membres du Conseil de sécurité, la Russie et la Chine. Ces dernières qui prouvent, à chaque occasion, qu'elles ne sont pas prêtes à laisser tomber le régime iranien, ni à se retirer de ce pays. Un message adressé à Washington pour atténuer l'ampleur de sa décision de frappe. De plus, les responsables chinois qui ont visité récemment Téhéran, ont déclaré que le rôle de l'Iran en Irak et en Afghanistan est «constructif». Cela dit que les Etats-Unis ne pourraient, cette fois, contourner le Conseil de sécurité et l'ONU, ni entraîner ses alliés de par le monde, à accompagner cette nouvelle aventure. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que le recoupement des intérêts irano-américains dans plus d'un dossier, rend l'idée de la confrontation inutile. Néanmoins, il ne faut jamais oublier que la décision de guerre est entre les mains du lobby-américain pro-israélien, et du lobby militaro-industriel à Washington. Ce qui se passe, à l'heure actuelle, est une course contre la montre. Le temps est trop limité pour George Bush et Dick Cheney, le principal artisan de la frappe de l'Iran. De fait, ils seront apparemment contraints de déclencher une petite guerre qui s'élargira rapidement pour englober la région. Ainsi on parle trop ces derniers temps d'une nouvelle guerre au Liban qui impliquera la Syrie et entraînera l'Iran. Ce qui donnera l'alibi à George Bush de frapper l'Iran.