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Evangélisme : Des missionnaires parmi nous
Publié dans La Gazette du Maroc le 09 - 05 - 2008

En septembre 2008 à Siatel, le projet année internationale pour le Maroc «An international year of prayer for Morocco», tiendra son «8ème congrès marocain». Les candidatures pour recruter des évangélistes qui veulent battre le pavé au Maroc, sont déjà ouvertes. Retour sur un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur.
C'est la première fois au Maroc, qu'une institution religieuse aussi officielle que celle des oulémas, sort de son mutisme pour dénoncer les campagnes d'évangélisme qui visent le royaume. Il faut dire que le sujet est brûlant et la question a été maintes fois soulevée par les députés du MUR et ceux du PJD au Parlement. Selon une source au sein du Conseil des oulémas, l'initiative intervient après que de nombreux citoyens se soient adressés directement aux membres de cette instance, pour signaler des actions d'évangélisations ponctuelles dans diverses régions du Maroc. La même source affirme que les évangélistes concentrent leur action dans les périphéries des villes et les localités les plus pauvres.
L'actualité la plus brûlante, devrait connaître un regain d'activité de ces missionnaires bien particuliers. En effet, au cours du mois de septembre prochain à Siatel, le projet année internationale pour le Maroc «An international year of prayer for Morocco» tiendra son 8ème congrès. Les candidatures pour les évangélistes sont déjà ouvertes.
Le projet a vu le jour en 2002, sous la houlette d'organisations évangélistes américaines et des centaines de marocains se sont convertis. Selon Said Chabar, islamologue et spécialiste du dossier, «le Maroc connaît aujourd'hui un regain d'intérêt des organisations évangélistes Nord américaines, pour son emplacement stratégique. Il sert aussi de base arrière à ces organisations pour toucher d'autres pays comme le Maghreb et ceux de l'Afrique noire».
D'après des chiffres non officiels, mais néanmoins crédibles, il y aurait 40.000 convertis au christianisme au Maroc. Si ce chiffre est souvent contesté, il n'en demeure pas moins que les missionnaires ont fait pas mal d'adeptes dans le Royaume.
Selon les données publiées par l'organisation World Christian Database (WCD), le christianisme est désormais la religion au taux de croissance le plus élevé au Maroc. Plus de 68.000 chrétiens marocains ont été touchés par les actions des «églises radiophoniques isolées». Le Rapport estime qu'il y a actuellement 15.000 Marocains chrétiens «cachés» au Maroc. Le rapport avance que le catholicisme est minoritaire parmi les chrétiens marocains, alors que près de 80% des chrétiens du Maroc sont protestants.
La découverte, en 2006, d'un réseau évangéliste américain à Marrakech, a mis le phénomène de l'évangélisation au devant de la scène. En effet, une multitude d'organisations évangélistes s'activent au Maroc. En majorité américaine, elles opèrent secrètement dans les régions reculées et dans les grandes villes comme Casablanca et Rabat. Selon une source proche du dossier, les éléments de ces organisations sont même arrivés à Guelmime. Depuis 2002 une secte dénommée Arab World Ministries, société missionnaire évangéliste internationale, a doublé ses agents recruteurs au Maroc.
Selon l'analyse d'un centre géostratégique européen, l'action évangélique est soutenue par le gouvernement US et du Congrès. Ce programme touche déjà l'Algérie, la Tunisie, le Maroc, l'Egypte, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l'Irak, l'Arabie saoudite, Barheïn, le Koweït, Oman, le Qatar, les Emirats arabes unis, le Yémen et la Palestine.
«Il semble que cette action d'évangélisation encouragée, n'a pas comme objectif principal la conversion au christianisme. Son but est de créer des foyers de discorde au sein des pays arabes afin de les déstabiliser et de les affaiblir. Elle a pour effet d'attiser artificiellement le choc des civilisations et s'inscrit dans le projet développé depuis le 11 septembre, qui est celui de diaboliser l'Islam. Elle s'inscrit tout simplement dans le cadre de la politique des Etats-Unis visant à remodeler le Grand Moyen-Orient et d'y étendre l'hégémonie», pense cet acteur associatif.
Les jeunes d'abord
Les évangélistes redoublent d'ingéniosité pour attirer les Marocains, avec comme cible privilégiée les jeunes. S'ils transmettent leur message à travers des livrets bien illustrés, des bandes dessinées relatant la vie du Christ, des bibles traduites dans le langage courant, ils essayent même parfois d'imiter l'écriture du Coran.
Dès qu'ils ont un quelconque ascendant sur leur interlocuteur, ils donnent des adresses de maisons transformées en églises à l'occasion, et indiquent même certaines chapelles secrètes, sans oublier des numéros de téléphones portables de Marocains chrétiens qui peuvent les aider à découvrir «la foi chrétienne».
Certains missionnaires se contentent d'agir à distance. Les nouvelles technologies de l'information leur facilitent la tâche.
Des sites Internet comme www.lovemorocco.net ou www.movemegod.com proposent la bible en darija et en tamazight. Des contacts avec des marocains convertis sont même proposés aux internautes intéressés par la découverte de la foi. Les nouveaux convertis détaillent à travers le Net, comment ils ont trouvé «leur chemin». Ils racontent en darija comment ils ont découvert le christianisme et ses bienfaits. Les chaînes satellitaires chrétiennes diffusées en arabe, emploient des marocains christianisés. Ces chaînes, captées au Maroc, sont dans la lignée de Radio Monté-Carlo qui émet des émissions en darija.
Selon un pasteur résidant au Maroc, les marocains évangélisés ne fréquentent pas les églises de peur d'être démasqués. Pourtant, chaque dimanche matin, des couples mixtes et des Marocains isolés, ne se cachent plus à la sortie des églises de la capitale. Ces néo-protestants évangéliques marocains ont été en majorité, convertis au cours de leur séjour en Europe ou aux Etats-Unis.
Modus opérandi
Les missionnaires qui veulent rallier les jeunes marocains, commencent par apprendre le dialecte, l'arabe classique et même les différentes langues amazighes. Ils n'hésitent pas à s'installer dans un quartier populaire, voire loger chez une famille marocaine en échange d'une somme d'argent.
Leur but : mieux s'intégrer dans la société, pour mieux convaincre. Certains missionnaires se réfèrent à des éléments tirés de la constitution marocaine, pour avancer que les lois marocaines reconnaissent la liberté de culte à tout citoyen marocain. Les juristes les contredisent en affirmant que l'islam est une religion d'Etat au Maroc. Ils vont plus loin : «La liberté de culte ne concerne que les citoyens marocains de confession juive ou naissant chrétien.» Par ailleurs, le délit de prosélytisme est puni par le code pénal marocain. C'est sur la base de ce texte juridique, qu'un évangéliste copte égyptien a déjà été jugé à Agadir.
L'armée des missionnaires
Comment compte combattre le département d'Ahmed Taoufiq, cette offensive des évangélistes ?
L'action du Conseil supérieur des oulémas, comprend une série de conférences de sensibilisation dans les grandes mosquées où il y a une grande affluence. L'objectif est aussi de démontrer le contraire de ce qu'avancent comme allégations sur l'islam, les évangélistes. A Rabat, par exemple, les actions du Conseil comprennent des conférences à la mosquée Assounna, la mosquée de la Cité universitaire de Souissi, la mosquée de la Cité My Smail, la mosquée Hassan II à Youssoufia ainsi que des mosquées à Temara , Skhirat, Ain Aouda et Sidi Yahya Zaer. Dans la même optique, il a organisé le 19 avril dernier, à Fès, un séminaire sur la stratégie des évangélistes au Maroc. Le Conseil supérieur avait adressé une note aux différents Conseils provinciaux, il y a quelques semaines, pour traiter le sujet lors des prêches du vendredi. Selon un observateur de la question, le Conseil a le feu vert, car les clercs qui sont parfaitement acquis à la cause, ne peuvent pas agir de leur propre initiative.
Société secrète
A maintes reprises, les députés de l'Istiqlal et du PJD ont d'ailleurs interpellé le ministre des Habous et des Affaires Islamiques au Parlement, sur cette question brûlante de l'évangélisme au Maroc. Ils sont inquiets du nombre croissant de missionnaires étrangers qui sillonnent le Maroc. En 2005, une enquête officielle a été diligentée par le ministre de l'Intérieur, le ministère des Affaires Islamiques, les services de Renseignements de la DGSN et des éléments de la cellule de Cyber police. Elle visait à dénicher les réseaux de christianisation et d'identifier ses membres les plus actifs au Maroc.
Selon les résultats, qui n'ont jamais été publiés, le nombre d'évangélistes, ayant eu des activités au Maroc, serait de quelques centaines. Parmi eux, certains sont particulièrement actifs à Casablanca, précisément au quartier Maârif, où, ils ont à plusieurs reprises distribué des tracts et des ouvrages sur le christianisme, imprimés aux Etats-Unis et édités en langue française. Ces documents sont destinés aux jeunes. Les évangélistes sont organisés au sein de «La Société biblique Unie». Une organisation qui a une antenne à Casablanca qui est placée sous le contrôle d'un évangéliste américain.
Sporadiquement, les services de sécurité organisent des descentes pour mettre le holà à ce phénomène.
Répression
L'information fait rarement la une des journaux, mais pourtant depuis une dizaine d'années, les services de sécurités arrêtent, expulsent et défèrent devant la justice des dizaines d'évangélistes de diverses nationalités. Ils sont accusés de faire du prosélytisme actif dans des régions pauvres et reculées du Maroc. Certains agissent sous la couverture de touristes et de travailleurs bénévoles dans une ONG. Entre 1995 et 1999, vingt Nord américains ont été expulsés du Maroc, ou jugés pour prosélytisme. Souvent, leurs Ambassades interviennent pour étouffer l'affaire. Le 28 novembre 2006, Le tribunal de Première instance d'Agadir, avait condamné Sadek Noshi Yassa à six mois de prison ferme et à une amende de 500 DHS. Ce touriste copte égyptien, de nationalité allemande, a été sanctionné pour avoir tenté «d'ébranler la foi d'un musulman». Ce crime est puni par le Code pénal marocain. S.N Yassa, 64 ans, avait été interpellé dans l'une des avenues de la ville, en train de distribuer à des jeunes, des livres de missionnaires chrétiens, après avoir réussi à engager avec eux une discussion à ce sujet. L'homme est un ingénieur retraité qui réside en Allemagne depuis longtemps. Il était venu à Agadir dans le cadre d'un voyage touristique le 24 novembre 2006. Des livres et des CD-ROM, incitant les gens à se convertir au christianisme, ont été saisis chez lui.
L'église évangélique de Rabat bâtie
sur le terrain d'un Alem
L'église évangélique de Rabat a été construite dans les années trente. Le terrain appartenait à un éminent alem de Qarawiyine. La résidence générale avait sommé ce propriétaire à donner une partie de son terrain pour la construction de l'église. En contrepartie, il allait être autorisé à construire une villa. Le personnage a été contraint d'accepter le deal. «Dans cette affaire, le alem a cédé sous la contrainte», révèle l'un de ses anciens élèves. L'homme avait même envisagé de démissionner de son poste et de se réfugier en Egypte. Un de ses proches l'avait dénoncé à la Résidence qui l'a fait surveiller de près. Une histoire qui avait été étouffée à l'époque.
Un Marocain au Vatican
Jean Mohamed Ben Abdejlil (1904−1979)
Mohamed Ben Abdejlil est issu d'une des grandes familles de Fès, au quartier de Zankat al-Rtall. Ayant fait le pèlerinage tôt à la Mecque avec son père, cet homme au destin assez particulier comme son frère Omar Ben Abdjil, à troqué le Tarbouche de Alem pour la robe de prêtre en 1929.
Ce qui avait provoqué un choc à l'époque, au point que les services de renseignement français au Maroc, avaient adressé une note confidentielle à Paris sur le risque de débordement que pourrait créer la conversion d'un musulman au christianisme.
En 1922, Lyautey, nomme quatre jeunes Marocains comme fonctionnaires attachés à la Résidence, dont Mohamed Ben Abdejlil et Mohamed Hassan Ouazzani. Ces jeunes étudiants sont ensuite envoyés en France pour s'initier, selon Lyautey, à la civilisation et à la culture françaises. De retour au Maroc, la même année, Ben Abdjlil est promu secrétaire à la Résidence puis envoyé de nouveau en France.
Agé de vingt ans, il prend la décision de demander le baptême de l'Eglise en 1928, ayant comme parrain, Louis Massignon, dont les autres jeunes Marocains étudiants en France, ont boycotté les cours en signe de protestation.
La nouvelle se propage comme une traînée de poudre au Maroc et particulièrement à Fès, «qui s'est rendue tout entière aux obsèques d'un musulman apostat dont le cercueil vide a été enterré dans un cénotaphe», rapporte la presse de l'époque.
Cette affaire avait même poussé la bourgeoisie de Fès à bouder l'enseignement français, et se protéger contre le prosélytisme religieux. C'est à partir de là que l'idée de créer des écoles indépendantes, sur les propres fonds du mouvement national, est née.
Que dit la loi ?
Le code pénal marocain est clair. Est puni d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 100 à 500 dirhams, quiconque emploie des moyens dans le but d'ébranler la foi d'un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins, soit en utilisant à ces fins des établissements d'enseignement, de santé, des asiles ou des orphelinats. En cas de condamnation, la fermeture de l'établissement qui a servi à commettre le délit peut être ordonnée, soit définitivement, soit pour une durée qui ne peut excéder trois ans.
Document
Télégramme adressé le 4 juin 1928 sous pli confidentiel au ministère français des Affaires étrangères par le résident Steeg
Mohamed Ben Abdjlil, étudiant marocain d'origine fassie, envoyé à Paris avec une subvention du protectorat pour y suivre des cours, notamment à l'Ecole nationale des langues orientales, vient de se convertir au catholicisme. Sa conversion a revêtu un éclat tout particulier : il fut baptisé par l'archevêque de Paris en personne, puis à l'occasion de sa première communion, il aurait reçu du Pape lui-même, un missel et un chapelet.
L'acte, si grave pour un Marocain, que vient d'accomplir ce jeune homme, paraît bien être le résultat d'une longue évolution morale et intellectuelle, mais cette évolution n'a pas été, semble-t-il, purement spontanée. Depuis deux ans, ce jeune homme a été spécialement entouré et dirigé dans les milieux catholiques : Ben Abdejlil était en pension à Rabat, il y a deux ans, à l'Institution franciscaine «de Foucauld» pendant qu'il suivait les cours de l'Institut des hautes études marocaines. C'est par les soins de cette Institution qu'il habita ensuite à Paris un hôtel de la rue Sarrette, qui relève des Franciscains. De là, il serait allé vivre à Viroflay dans la famille du directeur de l'Institution Foucauld. Mais l'influence d'un de ses professeurs parisiens, M. Massignon, paraît surtout avoir été déterminante, si l'on en croit les camarades de ce jeune homme : la douzaine de jeunes Marocains qui font des études à Paris, a décidé de s'abstenir de suivre les cours de M. Massignon, en signe de protestation.
3 questions à Mohamed Sarrouti*
«Les évangélistes ont fixé la conversion de 10% des Marocains à l'horizon 2020»
La Gazette du Maroc : L'église évangélique du Maroc dément toute activité d'évangélisation de sa part et accuse des individus opérant seuls ?
Mohamed Sarrouti : La nature même du missionnaire est secrète. Il est naturel qu'un établissement officiel nie cette pratique, surtout quand elle opère dans un pays musulman. Au Maroc, il existe un mouvement évangélique américain, de l'aveu même de représentants de cette église. Il existe des groupes protestants qui font de l'évangélisation. Plusieurs éléments ont contribué à l'apparition de ce phénomène. Il y a d'abord la position stratégique du Maroc et son ouverture culturelle et sociale. Nous insistons ici sur le rôle que peut jouer une politique qui préserve l'identité culturelle de l'individu, loin de tout repli sur soi. Il y a aussi le manque de fermeté de la part des autorités et le mutisme aussi des institutions officielles. Cette situation peut être interprétée comme un feu vert pour les évangélistes. Il faut signaler que les évangélistes n'exploitent plus l'action humanitaire et la pauvreté. Ils distribuent des bibles imitant l'écriture et l'iconographie du coran en calligraphie marocaine et en «darija».
Quelle est la stratégie des évangélistes au Maroc ?
Leur stratégie consiste à fragiliser la société par la division ethnique et religieuse, pour créer des poches de minorité religieuses, comme la dualité Arabe/Amazigh. Dernièrement, une initiative mondiale a été lancée, elle s'intitule ASM «An international year of prayer for Morocco» et ne consiste pas uniquement à prier pour le Maroc, mais aussi pour mobiliser des fonds et des ressources nécessaires pour le travail de milliers d'évangélistes qui vont travailler au Maroc. En 2002, le Conseil mondial des églises avait fait de cette année, celle du Maroc. Toutes les études et recherches évangélistes, donnent au Maroc une place de choix.
Certaines régions sont plus ciblées que d'autres. On cite par exemple Nador qui se trouve à proximité de la ville de Mellilia, qui avait vu en une année, l'évangélisation de 1 000 enfants. Il y a aussi la ville d'Oujda qui se trouve à proximité de l'Algérie, et une grande partie en Kabylie. Les évangélistes ciblent aussi des régions du haut Atlas où il n'y a pas de structures médicale et sociale.
Ils exploitent la pauvreté, l'ignorance et la maladie. Ils ciblent aussi les jeunes. Ils ont fixé comme objectif la conversion de 10% de la population du Maroc à l'horizon 2020. Pour atteindre leur but, les évangélistes promettent visa, mariage et immigration aux jeunes.
Est-ce que le phénomène de l'évangélisation est récent ou date d'une époque plus ancienne ?
Le phénomène n'est pas récent au Maroc, il a toujours existé. Mais l'église n'a jamais pu atteindre ses objectifs. Ceci ne signifie pas que l'évangélisation s'est arrêtée là, bien au contraire, elle redouble d'effort de plus en plus. Le Vatican avait même essayé de poser la question de la liberté religieuse en 1880 lors de la conférence de Madrid qui avait traité des protections consulaires au Maroc. Les missionnaires étaient aussi à l'avant-garde des explorateurs et agents des renseignements coloniaux au Maroc, comme le père Charles de Foucault et Dominique Badia. L'absence d'études et de statistiques, rend l'approche du phénomène assez complexe. Mais on peut dire que l'évangélisme au Maroc dépasse de loin des cas isolés. L'arrestation à Marrakech par la police, il y a quelques années de plusieurs jeunes marocains, visait à transmettre un message à ces réseaux, qu'ils étaient surveillés. Les révélations de quatre évangélistes arrêtés à Tata, affirment qu'ils étaient membres d'un groupe de 12 qui étaient rentrés au Maroc par l'aéroport Mohamed V et se sont divisés en petit groupe à Marrakech, Taroudant, Amezmiz, Tata… tous ces éléments laissent croire que le Maroc est la cible d'un plan bien étudié, ce qui interpelle les départements concernés comme les Affaires Islamiques, l'Enseignement et l'Intérieur, à prendre des mesures pour cerner ce phénomène afin de préserver l'indentité musulmane des marocains.
(*) Responsable du centre d'études sociales
et humaines à l'Université Mohammed
Premier d'Oujda


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