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Les marocains de Franco
Publié dans La Gazette du Maroc le 23 - 01 - 2009

Il y a peu, la tension entre l'Espagne et le Maroc avait failli déboucher sur le son des canons au sujet de l'îlot Leila, plus récemment, les accrochages à Bab Sebta et à Mellilia ont fait au moins un mort, sur la question du Sahara, l'Espagne, s'amuse à ajouter régulièrement de l'huile sur le feu. Exhumer le sort des quelques 80 000 Marocains qui ont combattu lors de la Guerre civile espagnole de 1936 à 1939 va-t-il remettre en danger le fragile équilibre des relations avec notre voisin du nord ?
Il est acquis que la mémoire et l'histoire ne font pas bon ménage, si on y ajoute l'actualité brûlante, c'est encore plus compliqué. Faute d'avoir été soumis plus tôt à la décantation historique, le dossier des marocains victimes de la sale guerre de Franco risque de devenir un sujet politique, voire carrément polémique. Aujourd'hui, c'est une partie de l'élite espagnole et quelques francs tireurs spécialistes de la mémoire marocains qui secouent le cocotier pour tenter de rétablir la vérité sur cette page noire des relations maroco-espagnoles.
Pour ne pas cultiver le sur place, osciller vaguement entre ressentiment et méfiance, entre exagération des exactions et occultation des réalités, mieux vaut examiner les faits.
Une dictature de fer ?
Que sait-on vraiment aujourd'hui, de la participation des marocains à la sale guerre civile espagnole, du nombre de victimes, des enfants enrôlés de force par les milices de Franco, du rôle des nationalistes marocains ? Etat des lieux. Il y a 70 ans, un putsch militaire précipitait l'Espagne dans la guerre civile. Les troubles commencent à Sebta, Mellilia avant de s'étendre à Tétouan et aux autres enclaves espagnoles au Maroc. Les garnisons se soulèvent. Le mouvement se répand comme une traînée de poudre. Si Madrid et Barcelone notamment restent sous l'autorité des républicains qui défendent le gouvernement du Front populaire et la République, ils vont néanmoins perdre le contrôle de la grande majorité de l'Espagne en 1939. Le général Franco à la tête des forces nationalistes impose alors une dictature de fer jusqu'en 1975. Le dictateur n'aurait pas réussi ce tour de force s'il n'avait pas reçu un coup de main précieux des « moros », ces milliers de marocains enrôlés quasiment de force pour écraser les « rouges » et autres républicains. Chaque “caïd” de l'administration coloniale, en charge d'une tribu, a pour mission obligatoire de recruter le maximum de fiers à bras. Dès les premières semaines, des milliers de Marocains vont être recrutés sur place   : 15 000 rien qu'en octobre 1936 et 35 000 dès mars 1937.
Les premiers soldats rifains vont toucher le sol espagnol dès juillet 1936, grâce notamment aux avions mis gracieusement à la disposition de Franco par Hitler et Mussolini. L'armée espagnole de Franco boostée par ces indigènes au courage légendaire et à la cruauté terrible, vont vite se payer la capitale. Le deuxième contingent va débarquer en octobre 1936, ces marocains, qui vont servir de chair à canon sont envoyés en première ligne ou servent de commandos suicides. Les pertes dans les rangs des Marocains sont incroyables : plus de 1000 hommes par mois, selon des rapports de l'armée espagnole. Pour distinguer les Regulares Indígenas, ces soldats africains dont beaucoup de marocains intégrés à l'armée espagnole, sont composés de 5 groupes, reconnaissables à la couleur de leur ceinture: Tétouan (bleu), Mellilia (rouge), Ceuta (vert), Larache (bleu foncé), Al Hoceïma (rouge foncé). Si les deuxième classe sont marocains, les officiers, eux, étaient espagnols, à l'exception d'un ou quatre officiers et même un gradé qui atteindra le grade de général marocain de l'armée espagnole, le fameux Mohamed Ameziane.
Qu'est-ce qui distingue cette guerre des autres conflits ?
Ses objectifs. A partir des années 30, Franco doit absolument en finir avec les républicains, dans cette sale guerre, les marocains sont en première ligne : les hommes vont être utilisés comme des machines pour broyer, humilier, tuer. Les chroniqueurs de l'époque insistent, à tort, certes mais souvent à raison sur la férocité, voire la cruauté des mercenaires marocains. Présent lors de la destruction de Guernica, le chanoine Onaindía va monter en France pour entamer une véritable guerre médiatique contre Franco. Il déclarait alors aux journaux L'aube et Sud-Ouest. « Alors qu'au Pays basque les populations sont restées proches de l'Eglise, contrairement à ce qui a pu se dérouler dans d'autres parties du territoire contrôlé par la République, on a ainsi assisté au meurtre de milliers d'ecclésiastiques au cours du conflit ; » Le chanoine revient avec force détails sur le viol, à Zeanuri, de 24 femmes par des soldats marocains au service de Franco. Onaindía s'interroge alors sur l'opportunité pour les catholiques à soutenir les militaires. En effet, comment soutenir de prétendus défenseurs de l'Eglise qui laissent des femmes catholiques se faire violer par l'ennemi héréditaire du catholicisme : le musulman ? Dans un ouvrage très bien documenté, Maria Rosa de Madariaga, spécialiste reconnue dans les milieux scientifiques, des relations entre l'Espagne et le Maroc, revient sur ce douloureux épisode de la dictature de Franco: l'usage à profusion par ce champion du nationalisme à la sauce catholique de ces guerriers musulmans pour écraser par le sang et le feu les Espagnols. Le chercheur rappelle que ces mercenaires qui ont la bénédiction de la très catholique église espagnole officielle ont le feu vert de Franco pour le pillage, le viol et le vol au sein des populations qui font preuve de rébellion. Au menu de ce quotidien de la sale guerre de Franco, la coupe des oreilles, de têtes et de testicules ! Pour Maria Rosa de Madariaga «les troupes marocaines ont non seulement été utilisées comme chair à canon, mais aussi comme une arme psychologique contre les espagnols qui refusaient de faire allégeance à l'armée de Franco». Ce sont ces images du « moro » cruel, voleur et violeur qui vont nourrir le racisme anti- marocain qui sévit jusqu'à présent au sein de la société espagnole. Pour en faire une arme électorale commode, la droite a longtemps surfé sur ce racisme primaire, promettant à ses ouailles de bouter le « moro » hors d'Espagne. L'épisode Aznar est là pour démontrer combien la question reste brûlante d'actualité.
Pourquoi ces marocains ont-t-ils accepté de s'embarquer dans une guerre qui n'est pas la leur ? Pourquoi ont-ils fait cette sale guerre ? On a beaucoup glosé sur les motivations des marocains qui ont été enrôlés par Franco. Une littérature abondante, notamment espagnole a fleuri dès la fin de la guerre pour dénoncer « ces moros »  sans cœur à la férocité légendaire ! Il y a d'abord la puissante machine de propagande de franco qui a usé et utilisé tous les moyens pour convaincre les rifains, à l'orthodoxie musulmane légendaire qu'ils allaient faire front commun avec les chrétiens contre ces athées de communistes. Abdesslam Bouteyeb rappelle que les fqihs et autres imams battaient campagne et faisaient le tour des douars les plus reculés pour embrigader les jeunes dont certains n'avaient pas plus de douze ans. Jusqu'à présent, à Al Hoceima ou Nador, se faire traiter de «rojo» (rouge), est une grave insulte, synonyme de «traître».
Soldats d'infortune
Pour Maria Rosa de Madariaga, à l'époque beaucoup de gens pensaient que les chrétiens d'Espagne et les rifains musulmans de Franco partageaient au moins quelque chose, une croyance en Dieu, par rapport aux républicains, communistes et anarchistes présentés comme athées. Mais au-delà de cet aspect idéologique, ce sont surtout des motivations bassement matérielles qui ont été derrière le départ de ces rifains pour combattre aux côtés des légionnaires de Franco. Ces soldats d'infortune ont été recrutés surtout par la faim. La brutale campagne espagnole, pour écraser la rébellion de Abdelkrim Khattabi, conjuguée à des années de sécheresse et de disette, a fait perdre toute illusion aux rifains de retrouver un minimum de dignité. Résultat, il n'a pas été difficile pour les sergents recruteur de Franco de disposer de la chair à canon prête à l'emploi pour «deux mois de salaire payés d'avance, quatre kilos de sucre, une boîte de pétrole de deux litres et une quantité de pain chaque jour en fonction du nombre d'enfants ».
« J'avais tout perdu à cause d'une épidémie de typhus, ma femme, mes deux filles et mes trois garçons. Je suis monté me réfugier à la montagne. Quand les espagnols ont fait passer le « berrah » dans les douars pour recruter des hommes qui savaient manier les armes, je me suis présenté, je n'avais plus rien à perdre. J'avais au moins l'espoir de gagner de quoi vivre. Une fois embarqués dans la guerre, on ne savait plus qui était le bon et qui était le méchant, mais il faut reconnaître qu'on éprouvait souvent une certaine satisfaction à tirer sur ces salauds d'espagnols qui nous en avaient fait baver au pays. Aujourd'hui, avec le recul, j'éprouve néanmoins du remords d'avoir été manipulé aussi bêtement », raconte Ameur qui a eu la chance de se reconvertir dans la plomberie en Allemagne, en quittant l'Espagne juste après la fin de la guerre civile.
Où sont-ils maintenant ?
Sur la situation actuelle de ces milliers de soldats, on n'a pas beaucoup de visibilité. On a bien retrouvé quelques centaines vivant à Sebta et Mellilia, mutilés de guerre, ravagés par la maladie mentale, rongés pas la sénilité. Les truffions de l'armée Berbères qui ont survécu rêvent toujours de voir leurs pensions réactualisées comme leurs homologues espagnols. Pour l'instant le recours introduit dans ce sens auprès de la Haute Cour de Madrid n'a pas encore eu de conséquences positives. Ceux qui se sont battus et ont survécu sont pour la plupart condamnés à la mendicité. « On en connaît quelques-uns qui font la manche à Madrid, il suffit de leur accorder un petit moment pour qu'ils vous racontent les pires horreurs sur cette guerre qui n'est pas la leur mais qui les a profondément marqués », rappelle ce sebtaoui qui connaît bien ce dossier. Des chercheurs espagnols parlent de 800.000 soldats, d'autres de 180 000 sans oublier les 10.000 enfants de moins de douze ans, alors que du côté du Centre Marocain de la Mémoire Commune et de l'Avenir, on estime que tant que les espagnols n'auront pas ouvert leurs archives militaires, on n'en saura pas plus. Toujours est-il que sur les 70.000 survivants marocains ils ne sont pas plus que deux milliers de pensionnaires espagnols qui avaient été réintégrés dans l'Armée de terre en 1956. Les chiffres officiels espagnols parlent d'une baisse notable de ce nombre. Aujourd'hui, il y a officiellement 1.684 anciens combattants et veuves. Leur rémunération, introduite par une loi en 1965, n'a jamais été réactualisée. Elle varie entre 100 euros par mois pour les hommes de troupes et 200 euros pour les veuves des officiers. Ces anciens combattants, demandent entre autres l'égalisation de leurs régimes de retraite avec les soldats de souche qui ont fait la même guerre qu'eux et qui ne touchent pas moins de 900 euros, par mois. Les demandes de régularisation déposées en 1966 dorment toujours au ministère de la Défense espagnol. Depuis 1989, quelques cas ont été jugés par la Haute Cour de Madrid.
Chair à canon !
Au Maroc, les anciens combattants, les personnes handicapées et les veuves qui viennent chaque mois au consulat d'Espagne de Tétouan repartent avec des retraites misérables. Pour la plupart, ils se voient refuser leurs demandes de visas pour visiter le pays pour lequel ils ont donné la plus belle part de leur jeunesse. Quant aux enfants de ces hommes qui ont servi de chair à canon à Franco, ils n'ont même pas le droit d'invoquer la préférence pour être inclus dans les quotas annuels d'immigrants mis en place tout récemment par le gouvernement espagnol.
Quelle est la réponse du côté des autorités Marocaines ? Pour l'instant, du côté officiel marocain, c'est le wait and see qui est de rigueur.
Abdesslam Boutayeb, le président du Centre Marocain pour la mémoire ne semble pas particulièrement inquiet du silence radio officiel sur cette question. «Nous avons adressé plusieurs correspondances à Abbas El Fassi. Nous avons trouvé une écoute attentive et avons la certitude qu'on va nous laisser travailler. D'autant que notre souci majeur est avant tout de connaître la vérité et de réclamer justice pour les intéressés. Si cela peut contribuer à créer l'atmosphère propice à de nouvelles relations entre le Maroc et l'Espagne, c'est tant mieux. Je pense que l'environnement politique actuel est très opportun pour discuter de ces problématiques historiques qui handicapent les relations maroco-espagnoles, en particulier le dossier de la participation à la guerre civile, mais également des gaz toxiques avec lesquels on a exterminé la région du Rif et ses montagnes, et de l'avenir de Sebta, Mellilia ». Le bilan politique exhaustif de la guerre civile espagnole, incluant en outre l'aspect marocain avec les milliers de victimes marocaines, soldats ou civils, reste encore à faire : c'est là une tâche à laquelle des associations de part et d'autre du Maroc s'attellent timidement. Il y a déjà un travail d'enquête initial. Ces questions ne recèlent pas seulement un simple intérêt historique: elles doivent aussi nous amener à tirer certaines leçons vitales pour l'avenir des relations avec notre voisin du nord. C'est en tout cas ce que résume admirablement ces fameuses paroles d'Albert Camus : « C'est en Espagne que ma génération a appris que l'on peut avoir raison et être vaincu, que la force peut détruire l'âme et que, parfois, le courage n'obtient pas de récompense. C'est là, sans aucun doute, ce qui explique pourquoi tant d'hommes à travers le monde considèrent le drame espagnol comme une tragédie personnelle».
Un fait colonial
Depuis quelques années, c'est avec une émotion certaine que l'on ressort le dossier des Marocains ayant combattu dans les rangs des armées coloniales. Il est légitime de dénoncer l'attitude de ceux qui les avaient enrôlés et leur manquent aujourd'hui de soutien moral et financier. C'est cependant une autre affaire que de les présenter, comme des combattants de la liberté. Ils n'avaient aucune conscience politique et ont accepté la mobilisation «pour la solde et la gamelle» comme chantaient les enfants, c'est-à-dire pour fuir la misère. «Le combat pour la liberté» n'a concerné que la deuxième guerre mondiale, les tabors Marocains se sont illustrés à Monte-Cassino et en Alsace entre autres. La majorité des survivants ont fait la guerre d'Indochine dans les rangs de l'armée coloniale contre le peuple vietnamien, ce qui n'a rien d'héroïque. Ils ont d'ailleurs été laminés et ceux qui ont été faits prisonniers ont été «intégrés» relativement par les vietcongs.
En Espagne c'est encore pire. Franco a enrôlé les rifains et des Jbalas, y compris en bas âge, dans une guerre civile, contre un pouvoir démocratiquement élu, celui du front populaire. Les gens dont nous parlons aujourd'hui ont combattu dans les rangs du fascisme, contre le camp de la liberté, de l'aspiration égalitaire. Ils ont même participé aux pires des boucheries, à Barcelone par exemple. Cela en fait-il des fascistes ? bien évidemment que non. Leur engagement n'avait rien d'idéologique. L'intégration à l'armée de Franco représentait, quand elle était volontaire et elle ne l'était pas toujours, l'espoir de l'amélioration des conditions de vie. Nous sommes face à un fait colonial qui a déraciné des dizaines de milliers de paysans pour en faire de la chair à canon, fait condamnable en soi. A cela, il faut ajouter le déni de leurs droits matériels et se battre pour que ces droits soient une réalité. Le fantasme des combattants de la liberté est un mon sens historique qui n'aide en rien à faire avancer ce dossier. Pire il le complique en suscitant la résistance des victimes du franquisme..


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