Les ruines constituent l'une des manifestations les plus immédiates et les plus flagrantes de l'état de dégradation urbanistique de l'ancienne médina. Au nombre officiel de 311 pour l'ensemble de la médina, ces ruines représentent ainsi une échancrure au niveau du tissu urbain et un abcès qui aggrave la situation des maisons mitoyennes de par le déséquilibre structurel qu'elles provoquent.» Seulement, il n'y a pas que l'urbanistique qui pose problème. On oublie parfois que des maisons en ruine, dans une ville aussi serrée (ces ruines font courir un danger d'effondrement pour les habitations mitoyennes) que la médina de Fès; ce sont d'abord des lieux de vie d'Humains, qui du coup, n'ont plus de toit. Ce sont aussi des espaces mal supportés par les habitants : refuges d'insécurité et surtout dépotoirs d'ordures. Ces espaces deviennent le royaume des rats (qui pullulent déjà partout) et des réservoirs d'eaux insalubres qui polluent et empêchent l'absorption de l'humidité des pluies et sa filtration. Selon les autorités locales, un petit 2% du bâti de la médina serait concerné. Dans un beau langage abscons, la municipalité toute à son «Venise sur Fès» déclare : «la lutte contre les ruines de la médina de Fès, est tributaire d'une stratégie d'intervention appropriée et des actions impliquant toutes les composantes de la ville». Commissions Ad hoc En langage clair, une liste des ruines à évacuer avait été proposée au sein de commissions ad hoc mises en place, il y a plus de deux ans, par les autorités locales : seulement 15 ruines ont été évacuées par les responsables. De plus, la définition administrative du mot « ruine » n'est pas la même pour tous. Pour nombre d'habitants de la médina, ce n'est pas 2% du bâti qui s'effondre, mais bien un zéro de plus. Et les pluies diluviennes de ces dernières semaines n'arrangent pas les choses. Pourtant, selon des responsables de la commune urbaine et de l'agence pour la dé-densification et la réhabilitation (ADER) de la médina de Fès, un programme concernant 15 ruines a déjà coûté 4,2 millions DH et a contribué ainsi «à la suppression des nuisances dûes aux ruines, à réhausser l'image de marque de la médina, ainsi que celle de la qualité de son paysage urbain et de son environnement». Au regard du coût de la seule communication sur les 1 200 ans de la ville, combien de maisons - et donc de foyers - de la médina auraient pu être sauvés ? n *http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?id_artl=16117&n=564&r=7&sr=959 La Kasbah d'El Glaoui La grande kasbah est constituée comme les autres d'un grand et haut mur d'enceinte la protégeant des intrusions, de tours assurant sa garde, de plusieurs chambres et d'une cour intérieure qui accueillait les soirées du Pacha Glaoui. Les murs sont bâtis en pisé (terre battue) avec une largeur dépassant un demi-mètre. Ils assurent sa résistance contre les intrus et les aléas du climat, notamment la pluie et les vents. Les portes sont sous formes d'arcades avec parfois des arabesques sculptées par des maîtres-artisans locaux. Les plafonds sont constitués de matériaux locaux : les troncs d'arbres et les roseaux. Actuellement, la kasbah est en état de délabrement et se trouve à moitié démolie faute d'entretien. Elle a été « vendue » à des particuliers qui envisagent d'y créer un complexe touristique mais ce projet ambitieux, qui demande plus d'un milliard d'euros vue la superficie étendue du lieu, traîne et n'a pas encore abouti. Certes El Glaoui, connu comme « pro-colonialiste », était de plus, sans aucun doute un véritable salopard doublé d'un esclavagiste, mais nonobstant la personnalité du personnage, la kasbah n'aurait-elle pas dû être confiée au Ministère de la Culture pour la préserver comme patrimoine culturel au lieu d'être vendue à des particuliers ? Ainsi continue sa dégradation malgré sa valeur historique et architecturale.