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Les défis de Bouteflika
Publié dans La Gazette du Maroc le 16 - 06 - 2003


Course à la présidence
Pourquoi Abdelaziz Bouteflika a-t-il procédé à une attaque préventive contre ses concurrents et non moins adversaires à la course à la présidence ? Comment a-t-il pu franchir les lignes rouges alors qu'il connaît parfaitement les règles du jeu et qu'il sait que ce pas pourrait lui valoir le même sort que celui de ses prédécesseurs, tels Chadli Benjedid ? Quelles sont donc les cartes en possession du titulaire actuel du palais d'Al Mouradiya et quels sont ses défis sachant que plusieurs calculs sont en jeu dans cette lutte sans merci pour le pouvoir ? Quels sont, encore, les intérêts de l'institution militaire ? Telles sont les interrogations auxquelles La Gazette du Maroc, essaie de répondre, surtout que Bouteflika vient de frapper fort sur la table en limogeant d'un coup sept ministres.
Depuis le début du mois d'août dernier, tous les observateurs ont constaté que le Président algérien, Abdelaziz Bouteflika, avait ouvert plusieurs fronts à la fois. Ces mêmes observateurs ont relevé qu'il avait entamé une attaque de front de manière à influer négativement sur le cours des événements et ne pas servir ses intérêts, d'autant plus qu'il ne détient pas tous les pouvoirs ni les outils qui lui permettent de s'immuniser contre les contre-attaques ou contre les réactions politiques objectives qui s'ensuivront. D'ailleurs, les connaisseurs de la vie courante de la classe politique algérienne savent que les personnes les plus proches du pouvoir, à l'instar du propre frère du Président Bouteflika, Saïd, qui est en même temps son confident et le passage obligé pour accéder au palais présidentiel. Il faut également ajouter au lot le colonel Rachid Aissat, le chargé du dossier de la Kabylie, le général Ismaïl Lamari, le responsable des services de contre espionnage, mais qui préfère agir dans l'ombre, le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni et Chakib Khalil, le ministre de l'Energie et des mines de nationalité américaine, ont présenté un rapport détaillé vers le milieu du mois de mai, dans lequel ils démontrent l'existence d'un plan de déstabilisation du président notamment en réduisant ses cercles de sympathie tant au sein de la classe politique qu'au sein des milieux d'affaires. Ainsi, ses comités de soutien dans les Wilayas et les régions seront marginalisés. Le même rapport a indiqué que le Comité central du FLN, qui détient la majorité au Parlement et dont le secrétaire général n'était autre que l'ex-Premier ministre Ali Benflis, allait jouer le rôle du cheval de Troie. Mais la goutte qui a fait déborder le vase et qui a contraint Bouteflika à contre-attaquer, c'est le paragraphe qui relate le rôle du général Taoufik Mediane, le président du Cercle
des études et de la sécurité (ex- Sécurité militaire), dans la mobilisation des forces qui s'opposent au Président, sans parler de la divulgation d'informations relatives aux relations de la présidence avec des milieux et des institutions tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. En effet, les actions de Mediane ont constitué, pour Bouteflika, un vrai signal d'alarme. Aussitôt, le Président
a réuni ses conseillers et proches collaborateurs pour mettre au point sa contre-attaque. Il dut envoyer une lettre, en sa qualité de ministre de la Défense, à Taoufik Mediane et Ismaïl Lamari, dans laquelle, il leur rappelait le délai de leur mise à la retraite, tout en les sollicitant de faire des propositions pour la relève. Les choses ne se sont pas arrêtées là puisque Bouteflika a demandé à Mediane de lui faire un rapport détaillé sur la situation de son service, lui reprochant en même temps ses faiblesses de rendement. Perçue comme une provocation, l'initiative présidentielle a poussé Mediane à agir notamment en direction des médias auxquels il fournissait des fuites d'informations relatives aux agissements du pouvoir et des proches collaborateurs de l'entourage présidentiel. Et c'est ainsi que le feuilleton a commencé.
Echange de coups
La première réaction a consisté à divulguer un dossier se rapportant aux relations du Président avec l'homme d'affaires émirati Ali Achorfa, auquel il s'était lié d'amitié pendant son séjour à Abou Dhabi. Ce dossier comportait des informations au sujet d'un certain nombre de marchés cédés, de manière floue, sans passer par la procédure des appels d'offres. On publia même des copies conformes de documents originaux. Aussitôt, Bouteflika devait demander à son Premier ministre d'alors, Ali Benflis, de clarifier sa position à ce sujet. Mais, ce dernier a considéré que l'interpellation présidentielle constituait, en fait, une menace. Après avoir consulté le "vrai pouvoir", Benflis décida de démissionner, suivant le conseil de ses amis qui lui ont signifié le retour dans le giron du parti en perspective des batailles annoncées. Les duels allaient continuer de plus belle, notamment après la tentative de coup d'Etat avortée menée au sein du FLN par des supporters du Président. Mais parallèlement, l'UGTA a décrété une grève générale qui a paralysé le pays et mis à nu toute la fragilité des assises de Bouteflika. Celui-ci et pour mieux riposter, promut un grand nombre d'officiers intermédiaires qu'il voulut acquis à sa cause. L'échange d'amabilités se poursuivit, jusqu'au 9 août, quand le général Mediane réalisa son coup de maître en faisant publier par le journal "Al Khabar" un brûlot se rapportant au partage des fonds fonciers du ministère des Affaires étrangères entre les différents responsables. Il s'agit de villas, de résidences de luxe dont ont profité certains hauts fonctionnaires y compris le général Belkheir, le conseiller à la Présidence qui tient le bâton au milieu et qui se targue d'être le faiseur des présidents dont Bouteflika qu'il a défendu avec acharnement au sein de l'armée. D'ailleurs, Khalid Nezar devait dire à propos de Belkheir, qu'il était le "moins mauvais", avant de revenir et déclarer à la Gazette plus tard qu'il était le "pire des mauvais". Juste après, un autre journal devait publier des informations se rapportant au détournement de quelques fonds de la Sonatrach pour financer l'acquisition par les fidèles de Bouteflika, Chakib Khalil et Yazid Zerhouni, d'appartements luxueux et de bureaux particuliers. Les articles, en question, ont même reproché au Président de financer précocement, par le biais de ces fonds, sa campagne électorale. Ces accusations ont contraint les amis de Bouteflika à sortir de leurs gonds pour revendiquer un traitement de choc et ce malgré les tentatives de bons offices menées par des milieux conciliants qui voulaient épargner au pays davantage de complications, surtout que l'Algérie vivait encore sous le choc des tremblements de terre. Mais si ces mêmes milieux ont réussi à aplanir les divergences, notamment à propos du dossier de Rafik Khalifa qui a éclaboussé bien des cercles, ils n'ont pas pu, en revanche, trouver un dénominateur commun pour les protagonistes politiques afin de reporter les batailles ou tout au moins respecter certaines règles susceptibles d'épargner l'Algérie de la tourmente.
D'un côté, l'armée, cette "grande muette" continue à observer la situation de loin sans se donner la peine d'adresser, comme d'habitude, des messages fermes enjoignant la classe politique à sortir de ce cercle vicieux, surtout en ce moment où l'affrontement avec les extrémistes islamistes va crescendo et où les problèmes de la Kabilye n'arrivent pas à trouver une issue favorable. Mais ces dernières semaines, le conflit a pris d'autres proportions qui augurent du pire, notamment des confrontations de grande échelle, ce qui ne laissera plus de choix à l'armée pour intervenir. Qui sait, si l'armée n'a pas déjà préparé un plan de sauvetage? En tout cas, que ce soit pour l'opinion publique interne ou externe, les justificatifs ne manqueront pas. En effet, le "vrai pouvoir" ne voit pas d'un bon œil les tentatives d'occupation par la force des locaux du FLN par les supporters du Président, ou la constitution, selon le Commandant Azeddine, l'un des symboles de la Libération et aujourd'hui opposant de Bouteflika, d'une police secrète qui a déjà violé son domicile et volé des documents importants. Les choses semblent, donc, prendre une autre tournure. En effet, Karim Younès, le président du Conseil national populaire ( Première Chambre du Parlement) est monté au créneau, mercredi 3 septembre, en prononçant un discours de défi à l'encontre de Bouteflika, sans le nommer. Il a notamment dit que : "Personne ne doit imposer sa tutelle ou s'ériger en arbitre qui siffle le début de la rencontre et sa fin". Certains observateurs ont relevé que la position de Younès est due à des informations relatives à la probable dissolution du Parlement par décret présidentiel et à la convocation d'élections anticipées après que Bouteflika ait senti ne plus maîtriser la situation, alors que son dauphin Yazid Zerhouni continue à renforcer les structures de la police secrète.
Les cartes à jouer ou les points forts
Les actions de Bouteflika, qui sont empreintes d'un brin de provocation, posent légitimement des interrogations au sujet des cartes à sa disposition. Il sait, d'ailleurs, lui qui a évolué dans l'ombre de Houari Boumediene, que chaque pas qui franchirait la ligne rouge signifie la fin de sa carrière politique. Cependant, il continue la lutte pour le renouvellement de son mandat selon des conditions par lesquelles il veut convaincre les décideurs sans pour autant donner l'impression de vouloir les imposer. Dans ce cadre, certains milieux proches des décideurs estiment que le Président algérien parie sur certains cercles qu'il prend soin de renforcer pour devenir une donne dans l'équation future. Ainsi, son frère se positionne comme une véritable courroie de transmission, notamment auprès des officiers intermédiaires qui ont été récemment promus. Ce même frère a contribué à créer des cellules dans tous les ministères qui ont joué un rôle de cabinets fantômes. Il a aussi raffermi les liens avec Yazid Zerhouni, le ministre de l'Intérieur qui est issu de la Sécurité militaire et qui a été formé par Kasdi Merbah, celui-là même qui voulut le liquider politiquement et même physiquement pour avoir franchi la ligne rouge. Il a tissé aussi des liens avec le colonel Rachid Aissat et surtout Ismaïl Lamari qui n'éprouve aucune sympathie à l'égard de Taoufik Mediane. Mais malgré toutes les tentatives, Bouteflika n'a jamais pu dompter le général Larbi Belkheir pour la simple raison que cet officier se considère comme l'un des piliers de l'armée et qu'il ne peut faire allégeance à un président qu'il a contribué à créer. Le même problème subsiste avec le général à la retraite Mohamed Touati qui est, entre autres, Conseiller à la présidence.
Entre temps, Bouteflika avait parié sur un homme d'affaires prospère, qui n'est autre que Rafik Khalifa, qui constituait un poids financier et en termes d'image important, grâce à sa télévision et surtout grâce à sa compagnie aérienne. Mais, sa réserve stratégique demeure le milliardaire kabyle Aït Adjidjou qui naquît en Syrie en 1940 et qui a travaillé en tant que manœuvre en France pour devenir, actuellement, le président du Conseil d'administration
de l'un des plus grands laboratoires pharmaceutiques d'Algérie. Or, non seulement il est le principal bailleur de fonds pour la campagne électorale de Bouteflika et l'animateur de ses voyages ou des visites de ses hôtes, mais son fils Kamal lui emboîte le pas, notamment après avoir créé une association intitulée "We aime Al Jazaïr" et "Packstage" dont les revenus sont versés entièrement pour la campagne du président. Mais d'un autre côté, il a échoué à garder près de lui l'homme d'affaires Asâad Rebrab. Pire, leur amitié s'est transformée en haine réciproque et Bouteflika n'a même pas hésité à s'attaquer au journal "Liberté" dont le financier est justement Rebrab.
D'autre part, parmi les cartes qu'il essaie de jouer à l'échelle internationale, il y a la carte américaine. En effet, Bouteflika a tout fait pour plaire aux Américains, même au prix de grandes concessions notamment dans le secteur des hydrocarbures ou encore en engageant l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme. Dans ce cadre, Bouteflika a donné son accord pour la création d'un "Centre de lutte contre le terrorisme en Afrique" à l'instar du centre créé en Malaisie. Il a aussi promis à George Walker Bush de faire adopter la loi sur les investissements extérieurs dans le secteur des hydrocarbures pour favoriser l'implantation des sociétés américaines. Cependant, il n'a pu tenir sa promesse et s'est discrédité, malgré toutes les tentatives de son ministre Chakib Khalil visant à redorer son blason auprès de l'administration américaine. Par conséquent, la carte américaine n'est pas totalement gagnante. Mais si l'on prend en considération l'étroite collaboration de l'armée algérienne avec le Pentagone ou dans le cadre de l'OTAN, laquelle coopération a débouché sur l'organisation de manœuvres conjointes en Méditerranée, on comprend que Bouteflika veut faire de la carte américaine un outil de pression sur la France qui joue un rôle considérable dans les élections présidentielles algériennes. Les autres cartes dont dispose Bouteflika se rapportent à ses relations avec les pays du Golfe. Mais si ses liens ne sont pas aussi solides avec l'Arabie saoudite, en revanche, il entretient d'excellents rapports avec les Emirats arabes unis, le Qatar et le Koweït qui peuvent éventuellement le soutenir. Toutefois, la grande question qui se pose est la suivante: l'armée algérienne permettra-t-elle à Bouteflika de briguer un second mandat ?
Malgré les assurances du général Mohamed Lamari plébiscité, par ailleurs, par les commandants des régions militaires tels Fadel Chérif (Blida), Kamel Abderrahmane (Oran), Ihsane Tahar (Bechar), Saheb Abdelmajid (Ouarghla), Saïd Bay (Constantine) et Abdelkader Ben Ali (Tamanrasset), qui a déclaré que l'armée n'interfèrera pas dans la politique et les élections, que seul le peuple est apte à choisir ses gouvernants et que l'institution militaire obéira à son choix même si le gagnant est islamiste, malgré cela l'armée pourrait intervenir en fin de compte pour trancher, surtout si la situation se dégrade ou si les candidats franchissent les lignes rouges. Jusqu'à présent, tous les indices montrent que l'armée algérienne laisse faire les choses tout en laissant Bouteflika accumuler les erreurs. Au moment opportun, il sera alors, très facile de l'évincer en douceur.


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