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Faut-il tirer la sonnette d'alarme ?
Publié dans La Gazette du Maroc le 22 - 03 - 2004

Gare routière de Rabat
La gare routière de la capitale connaît un véritable afflux de voyageurs. Le dernier rapport d'activité du ministère du Transport et de la marine marchande datant de 2001, indique que les dividendes dégagés par l'exploitation de la gare durant la même année dépassent les 300.000 dh.
Il n'empêche que la situation de cette station est loin d'être satisfaisante.
“Al Qamra” comme on l'a surnommée, souffre d'un dyfonctionnement au niveau de la gestion et de la direction.
Un dysfonctionnement qui
a influencé la qualité des services rendus aux citoyens…
Ahmed est perdu. Il ne sait que faire. Le sentiment de l'incapacité lui déchire le cœur. Mais il ressent surtout de la colère contre cette situation où il se trouve, car on l'a bel et bien arnaqué à la gare routière de Rabat. Originaire de Fès, Ahmed réside dans la capitale depuis cinq ans déjà pour continuer ses études supérieures en médecine. Néanmoins, cela ne l'a pas empêché de visiter sa famille de temps en temps à chaque fois que l'occasion se présentait.
Ce week-end, il avait décidé de retrouver les siens après une longue absence à cause d'un stage qu'il devait effectuer. Il s'est rendu à la gare routière pour prendre le car “pour des raisons économiques” dit-il, car le ticket d'autocar coûte beaucoup moins cher qu'un ticket de train.
“D'habitude, je vais par train puisque j'ai une carte “jeune” qui me permet de bénéficier d'une réduction de 50 % sur le ticket. Ainsi au lieu de payer 70 dh je ne paye que 40 dh, mais cette semaine ma carte a expiré et je n'avais pas le choix, je n'avais pas assez d'argent. Je suis donc parti à “Al Qamra” (la gare routière) mais avant de prendre le ticket du guichet, un courtier m'a abordé à l'extérieur de la gare, dès qu'il a su que je voulais partir pour Fès. Il m'a même proposé le ticket à 30 dh c'est-à-dire 10 dh de moins que le prix du ticket au guichet.
J'ai accepté en pensant que c'était une bonne affaire. Mais sur le billet que m'a donné le courtier ne figurait aucun nom de société de transport, il était juste écrit “transport toutes directions”. Un détail auquel je n'ai pas prêté attention. Mais lorsque j'ai voulu gagner l'espace d'embarquement, on m'a interdit l'accès parce qu'en fin de compte mon ticket ne valait rien ! Ceci dit j'ai été tout simplement arnaqué”, raconte-t-il l'air furieux. Il continue ; “ce que je ne comprends pas c'est comment on peut permettre ce genre de pratiques dans la capitale administrative du pays !”, s'exclame-t-il .
En effet, en ce qui concerne la vente des tickets, la situation est alarmante à la gare routière… Les guichets connaissent une véritable concurrence de la part des courtiers qui sont devenus de véritables médiateurs entre les voyageurs et les autocars. Le hic c'est que certains clients sont satisfaits de cette situation dans la mesure où elle leur permet de voyager à un prix avantageux. Fatima par exemple. Cette jeune femme âgée d'une trentaine d'années fait la navette entre Rabat et Casablanca depuis un an pour se faire soigner à l'hôpital d'oncologie et depuis elle a toujours pris son ticket chez un courtier parce qu'elle estime que cela revenait tout simplement beaucoup moins cher.
“Je ne pouvais pas rester à Rabat et j'étais obligée de faire la navette chaque jour.Au début, je prenais mon ticket du guichet et cela me coûtait 18 dh mais à la fin je me suis rendu compte que si je devais prendre l'autocar de l'extérieur de la gare ou d'un courtier cela me revenait, la plupart du temps à 10 ou 15 dh au maximum et donc j'ai cessé de prendre le ticket au guichet…” explique-t-elle.
Escroquerie …
La situation est plus grave quand on sait que ces courtiers profitent de la naïveté des gens pour les escroquer. Certains ont décidé de ne plus travailler pour les autocars de manière permanente mais de se convertir au “libre commerce”. L'astuce est simple : il suffit de prendre un carnet sur lequel est écrit “transport toutes directions”, de n'importe quelle épicerie. Puis de chercher des voyageurs pour leur vendre les tickets à un prix inférieur à celui du guichet, et enfin revendre les mêmes billets déjà vendus, à l'autocar qui proposera le prix le plus avantageux. Ainsi le courtier peut gagner une commission qui peut aller jusqu'à 25 dh par place. Une véritable spéculation ! Mais le courtier peut se retrouver en situation difficile. Cela arrive quand il ne trouve aucun autocar pour acheter les tickets déjà vendus aux voyageurs. Dans ce cas, le courtier a le choix entre deux solutions : soit garder l'argent pour lui et prendre la poudre d'escampette le temps qu'il faudra, pour que l'histoire s'oublie. Soit rendre l'argent aux voyageurs. Chose impossible car le courtier risque d'être dénoncé au poste de police situé au sein même de la gare. Une dénonciation qui risque d'entraîner une arrestation, puisque le métier de courtier est interdit par la loi.
Infraction aux règles
L'article 24 du code pénal prévoit une amende de 2000 à 10.000 dh et une peine de 6 jours à 6 mois de prison à quiconque exerçant de quelque façon que ce soit le métier d'intermédiaire entre le transporteur et le client. Au niveau des quais, la situation est plus lamentable. Les autocars ne respectent plus les horaires de départ ni ceux d'arrivée. Ainsi certains ne s'arrêtent pas plus d'une demi-heure à la gare. D'autres accusent des retards pouvant aller jusqu'à 5 heures. Ceci malgré la présence d'un inspecteur du transport de voyageurs qui ne tarde pas à rédiger un procès-verbal à chaque fois qu'un retard est constaté. Mais cela n'empêche pas les transporteurs de recommencer. Par conséquent, les quais sont souvent l'objet d'un véritable désordre dû à l'encombrement des véhicules puisque les autocars ne stationnent plus sur leur propre emplacement du fait qu'ils sont tout simplement occupés par d'autres cars venus en retard. Ce qui fait que le préposé aux renseignements est incapable de donner les horaires exacts de départ et d'arrivée. En conséquence, le voyageur se trouve perdu sur les quais. Ce qui est plus grave c'est que ce désordre a touché même l'extérieur de la gare.
La circulation est souvent bloquée à cause de la sortie simultanée de plusieurs autocars. Ceci sans parler du trouble que causent les autocars qui ne rentrent pas à la gare. En général, ces cars s'arrêtent à proximité pour éviter de payer le droit d'utilisation de la station tout en sachant que cela est interdit par la loi de 1983. Sinon pour éviter le contrôle mécanique et la visite technique qui visent à vérifier l'état de l'autocar puisque la plupart ne répondent pas aux critères de la sécurité routière.
Il faut dire que les voyageurs encouragent aussi ce genre de pratiques puisque les autocars qui stationnent à l'extérieur de la station proposent des prix intéressants. Nesrine, étudiante en droit, n'a pas oublié sa mauvaise expérience. “Je voyageais vers Taza, à l'époque j'étais encore en 2ème année. Je devais prendre le ticket du guichet à 70 dh mais avant d'entrer à la gare, un courtier est venu en courant et m'a demandé si j'allais à Taza. Dès que je lui ai fait un signe d'approbation, il m'a arraché le sac de la main et il a commencé à courir et j'étais obligée de le suivre. A l'autocar il m'a proposé 60 dh et j'ai bien sûr accepté. Mais le véhicule était dans un très mauvais état. Dès qu'on est arrivé à Khémisset, il est tombé en panne. Pire encore, le courtier s'est mis à battre un autre et ce dernier n'a pas tardé à sortir un couteau de sa poche et l'a poignardé. Après que les choses se soient calmées et qu'on ait transporté le courtier blessé, on a refusé de nous rembourser.. Le hic c'est que je n'avais que 10 dh en poche et j'ai dû appeler mes parents à Taza qui ont fait tout le trajet pour venir me chercher… ”
Elle ajoute en colère : “depuis ce jour-là je n'ai plus jamais remis les pieds à la gare routière. Actuellement, je préfère prendre le train même si il me revient plus cher…et je ne risque pas de changer d'avis… ! ”.
Hygiène… mendicité
A l'instar des problèmes déjà cités, cette station connaît un véritable problème d'hygiène, puisque la propreté y est quasi-absente.
Au niveau des quais, les déchets sont partout. Bouteilles d'eau vides, canettes de limonade, sacs en plastique, tout y passe dans ce festival d'horreur. A cela vient s'ajouter le harcèlement que vivent les voyageurs à cause des mendiants qui n'hésitent pas à suivre les passagers jusqu'à l'intérieur de l'autocar, puisqu'ils ont toute la liberté…liberté qui mène à une véritable anarchie !!!
Carte de visite
La gare routière de Rabat est classée, selon le ministère du Transport et de la marine marchande, dans la première classe. Construite sur une superficie de plus de 6,2 hectares, elle reçoit plus de 400 autocars locaux et 200 véhicules transitoires et comporte plus de 45 quais de départ, 15 d'arrivée et 20 transitoires. Elle peut assurer ainsi le transport de 21.000 passagers quotidiennement.
Quatre questions à Aziz Khamsi*
“Les amendes ne dissuadent pas les transporteurs de récidiver”
Les agents de la gare routière ne sont pas les seuls à assurer le contrôle des quais et des autocars, une autre entité intervient, c'est celle de la direction de l'inspection. L'inspecteur d'“Al Qamra” nous explique le rôle des contrôleurs de gare.
La Gazette du Maroc : quel est le statut de la gare routière et quels sont ses rapports avec le ministère du Transport et de la marine marchande ?
- Aziz Khamsi : on peut considérer la gare routière comme une société anonyme privée dont les principaux actionnaires sont l'Office national du transport, les sociétés de transport qui représentent les actionnaires majoritaires et enfin la commune. Toutefois, même si la gare bénéficie d'une sorte d'autonomie elle reste toujours placée sous la tutelle du ministère du Transport et de la marine marchande qui exerce un contrôle continu sur la station par le biais de l'inspecteur-voyageur qui a six contrôleurs sous son autorité.
Quel est le rôle des inspecteurs de la gare routière ?
- Le contrôleur-voyageur a plusieurs attributions dont les plus importantes sont l'inspection des autocars. Cette inspection comprend la vérification de l'état mécanique du véhicule. En général, l'âge moyen des autocars en circulation ne doit pas dépasser 9 ans. Elle comprend aussi la vérification administrative ou ce qu'on appelle l'inspection de routine pour voir si les conducteurs détiennent les documents nécessaires, c'est-à-dire la carte grise, l'assurance, le reçu de la visite technique, la carte d'agrément et le permis en règle.
Quelles sont les infractions commises par les transporteurs, en général ?
- En général, ce sont des infractions à la législation du transport routier. Les conducteurs ne détiennent pas parfois certains papiers obligatoires pour avoir la permission de transporter les passagers. Dans ce cas, le conducteur doit rédiger un procès-verbal et l'adresser à la direction de l'inspection qui, en général, sanctionne par une amende.
Néanmoins, certaines infractions sont sanctionnées par la mise en fourrière immédiate. Cela arrive lorsque le conducteur ne dispose pas du reçu de la visite technique. Mises à part les infractions à la législation, il existe aussi les infractions à “l'itinéraire” c'est-à-dire les retards répétés de départ et d'arrivée. Le contrôleur se contente au début d'un avertissement verbal mais si le retard se reproduit plusieurs fois sans motif valable, le contrôleur doit rédiger un procès-verbal et en cas de récidive l'autocar est mis en fourrière. Malheureusement, malgré ces sanctions les transporteurs ne tardent pas à recommencer.
Quelles sont les mesures prises durant les périodes de forte affluence pour satisfaire la demande occasionnelle ?
- Afin de satisfaire la demande occasionnelle de transport dans les périodes de forte affluence de voyageurs, des autorisations exceptionnelles sont délivrées par la Direction des transports routiers ou par les inspecteurs-voyageurs. Il s'agit de donner une autorisation à un autocar à destination à faible demande pour transporter les voyageurs à destination à forte affluence. Néanmoins, les autorisations exceptionnelles sont accordées dans d'autres cas, notamment quand il s'agit de remplacement de véhicules à cause d'une panne, d'une excursion ou d'un moussem. Ces autorisations exceptionnelles sont accordées également pour transporter les sportifs lorsqu'il s'agit de rencontres inter-régionales ou internationales. On appelle ce genre d'autorisation “porte fermée” parce que l'autocar ne s'arrête jamais durant le trajet.
D'autres sont périodiques comme par exemple celles accordées aux colonies de vacances. Mais ces dernières sont rares.
Propos recueillis par Y.A
* Inspecteur routier.


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