Un proverbe de chez nous recommande de ne pas demander à un handicapé mental de pousser des youyous. C'est pourtant ce qui est arrivé au président américain George W. Bush, depuis la chute des tours de New York. On a vu pratiquement le monde entier l'exciter. De président falot, il est devenu un chef de guerre pourchassant les “ forces du mal ”. Cela a réveillé en lui la traditionnelle paranoïa des USA, qui s'était traduite, à la fin de la dernière Guerre mondiale, par une série de pactes et d'alliances. À l'époque, l'ennemi désigné était le communisme qu'il fallait contenir et, naturellement, les pays communistes – l'URSS, les démocraties populaires, et la Chine -, autour desquelles il fallait installer des “ cordons sanitaires ”, comme pour isoler des parias. Les Etats-Unis, comme plus tard l'entité sioniste, ne peuvent vivre sans ennemis. Après la chute de l'Union soviétique, l'Amérique et les autres pays occidentaux ont tâtonné, vaguement inquiets par la montée de l'islamisme, jusqu'à la destruction des tours de New York. Depuis cet événement, l'Administration américaine a définitivement identifié un nouvel ennemi : c'est la nébuleuse du “ terrorisme international ”, que le président américain est décidé à utiliser jusqu'à l'usure, car elle va lui faciliter la mise au pas de tous les pays membres de l'ONU. C'est le sens de la dernière réunion de l'OTAN à Rome, tenue en présence du président américain, et qui devait aboutir à l'association de la Russie. Il est intéressant de noter qu'il s'agit de la Russie, et non de la CEI, constituée par la Russie et les anciennes républiques musulmanes soviétiques. Pour saisir les arrière-pensées des uns et des autres, il est bon de rappeler que ce qu'on appelle la Russie est en fait une république fédérative, composée de la Russie et de seize autres pays, dont la Tchétchénie. Autrement dit, Moscou a désormais les mains libres pour en finir avec les Tchétchènes, et préserver ainsi l'unité de la fédération. Cependant, un prix a été payé auparavant à Washington par Moscou. Poutine et Bush ont signé un accord pour la réduction de part et d'autre du nombre de leurs ogives nucléaires, ce qui est plutôt un soulagement pour la Russie qui n'a plus les moyens d'entretenir ce matériel et encore moins de le renouveler. Mais tout le monde fait comme si. La Russie est donc associée à l'OTAN, mais a accepté de mauvaise grâce l'adjonction, dans le futur, des anciennes démocraties populaires. En revanche, le Kremlin bénéficiera de facilités économiques qui n'ont pas le caractère d'un plan Marshall, mais auront l'avantage d'amarrer plus encore la Russie au néo-libéralisme et, plus tard, son adhésion à l'OMC. Vladimir Poutine ne peut pas savoir que c'est à cause du plan Marshall que l'Europe se trouve aujourd'hui ligotée face aux Etats-Unis. À l'époque, faisant ses classes au KGB – du moins on suppose qu'il en avait l'âge -, il devait filer ou surveiller au coin des rues l'intrus américain. Comme on dit partout de nos jours, le monde a changé, et un nouvel “isme” a fait irruption, c'est le réalisme. L'OTAN a donc été élargie, mais pas aux pays de la CEI. Ces républiques présentent l'inconvénient d'être musulmanes, et l'avantage d'accueillir déjà des bases militaires américaines. Moyennant sans doute des arrangements avec leurs régimes. On ne peut pas ne pas remarquer qu'à l'exception de la Turquie – qui a des liens étroits avec l'entité sioniste -, l'OTAN regroupe l'Occident chrétien. L'Europe dont rêvait l'ancien président français Charles De Gaulle – de l'Atlantique à l'Oural -, face à l'Amérique, est en cours de construction, sous la houlette des USA, et donc contre le projet gaulliste, avec l'aval d'un président français néo-gaulliste qui dispose d'un porte-avions à propulsion nucléaire, le Charles-De-Gaulle. Si l'on rappelle que la flamme du soldat inconnu brûle place Charles De Gaulle à Paris, on aura compris les subtilités de la politique internationale.Toutefois, l'OTAN a désormais pour tâche de faire la guerre au “ terrorisme international ”. Qu'on le veuille ou non, c'est devenu une hostilité affichée par les USA envers le monde musulman, hostilité dans laquelle ils veulent entraîner le monde chrétien avec, pour associée privilégiée, l'entité sioniste. Un regard vers le passé, quand l'ennemi désigné était le communisme, permet de noter que l'Administration américaine peut pousser le sentiment de crainte jusqu'à la manie. L'OTAN a été créée en 1949. En 1954, c'était l'OTASE, comprenant la Grande-Bretagne, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, la Thaïlande, le Pakistan et, bien entendu, les USA. Le pacte de Bagdad, devenu plus tard le CENTO, était créé en 1955, avec pour membres le Pakistan, l'Irak, l'Iran, la Grande-Bretagne et la Turquie, ce pacte étant dirigé contre l'Egypte nassérienne, qualifiée de pro-soviétique. En 1971 était créé l'Anzus, comprenant la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, l'Australie et la Malaisie. Aujourd'hui, les USA ne pactisent plus avec les pays musulmans, à l'exception de la Turquie. Et pour cause ! L'Irak et l'Iran, en attendant le Pakistan nucléaire, font partie de “ l'axe du mal ”. Quand ils auront domestiqué toute la planète, il ne restera plus qu'à transformer l'ONU en organisation de défense. On vient en effet d'établir que l'eau existe sur la planète Mars, sous forme de glace, et que la vie y est possible. Les petits êtres verts pointent déjà leurs oreilles. Il ne faut pas oublier que “ Mars attaque ” est un film américain.