Le bon vieux temps. Expression incompréhensible car le temps n'a pas d'âge, sinon à un moment ou un autre on en serait débarrassé. Il n'est pas non plus immobile parce qu'il croupirait à l'instar d'une eau stagnante. Il coule comme une source et se renouvelle. Et pourtant il fut un temps, c'était la belle époque. Cela dépend des souvenirs qu'on a engrangés. On en oublie que c'est la fin juillet. Au cœur des vacances. “Je me repose d'un travail dans un autre“ aimait à dire le poète Jean Cocteau. Cela n'empêche pas d'observer ce qu'il passe autour de soi. Un mauvais sujet peut être un bon citoyen. Le gouvernement dévoile son plan de lutte contre la pauvreté. Modestie. En vérité, le plan a déjà vu le jour dans le nord et se prolonge à Al Hoceima, victime d'un séisme il y a plus d'une année. Un village est en cours de construction avec l'aide de bénévoles étrangers, dont des Américains. On ressent une bouffée de fierté et on se dit qu'il peut exister un égo sans égal. Si on fait appel à des bénévoles étrangers, c'est que le chômage a été chassé du nord. Bien sûr c'est cher payé, mais c'était un signe du destin. Retrousser les manches après une catastrophe naturelle. Ces étrangers, à qui il faut souhaiter la bienvenue et qu'on espère dignement logés, sont venus chez nous sans doute pour connaître le pays et apprendre à travailler. Si c'est pour chercher du travail cela mettrait en difficulté le gouvernement puisqu'il lui reste désormais le sud qui est plus vaste et plus peuplé. Emerveillé, un des bénévoles étrangers a remarqué que le ciel était bleu. On espère qu'il pourra visiter la région pour admirer la grande bleue –la Méditerranée- et escalader les hauteurs où l'herbe est plus verte qu'ailleurs. En tout cas, c'est réjouissant de voir plusieurs nationalités mêlées pour travailler ensemble. On a vu à Casablanca le même spectacle porteur d'espoir. Des nationaux et des touristes ont applaudi ensemble la parade fort réussie qui a emprunté l'avenue qui mène à la Mairie et la wilaya. Ce spectacle donnait le signal de départ du festival de Casablanca qui a connu un début prometteur et très fréquenté. Si les élus sont parfois critiqués à juste titre, ils sont dans certains cas, désarmés. Au parc de la Ligue arabe ont été effectués des travaux méritoires, comme l'aménagement en théâtre de plein air l'espace appelé “Névada“. Il est possible qu'à la fin du festival, “Névada“ redeviendra un terrain de football tous les soirs pour des jeunes venus de loin. Sur de nombreuses artères ont été disposées de nombreuses poubelles à papier. En métal peint d'un vert éclatant qu'on ne peut pas ne pas voir. Si bien que des individus égarés par le libéralisme en ont arraché quelques unes, dans tous les quartiers. On se demande comment ils réussissent cette besogne tant ces poubelles sont solidement attachées. Mais l'esprit d'entreprise ne connaît pas d'obstacle. Ne dit-on pas que le milliardaire américain Rokeffeler avait débuté en ramassant un trombone ? Nos libéraux en question débutent avec un capital fourni par la ville, à son corps défendant. On peut se demander légitimement quel est le sort réservé à ces objets. Si on a parlé de libéralisme c'est qu'il ne s'agit pas de vandalisme et donc d'incivisme. Ces poubelles sont revendues à des familles qui les utilisent pour compléter leur batterie de cuisine. Lavées minutieusement et débarrassées de tout ce qui peut être nuisible pour la santé, ces ustensiles servent de jarres pour les familles qui n'ont pas l'eau courante, ou de conserveurs pour les légumes secs ou de la farine, et bien d'autres choses encore. Voilà une activité supplémentaire pour les associations de bienfaisance. Distribuer des jarres aux familles nécessiteuses. Par ailleurs, ce qui chagrine les Casablancais qui ont l'occasion de se promener dans le parc de la Ligue arabe, c'est qu'ils ont remarqué que le bouquet d'eucalyptus qui se trouve face à un club de boules n'embaume plus plusieurs de ces arbres qui ont eu leur temps de gloire sont morts, faute de soins. Depuis déjà fort longtemps, et ne tiennent debout que grâce à leurs racines tentaculaires. Il y a quelques jours l'un d'eux s'est abattu sur une voiture heureusement inoccupée. Les édiles se seraient émus si le véhicule avait quelqu'un au volant. Il faut croire que cette nonchalance atteint même les Américains. Sur l'Avenue où se situe le consulat des Etats-Unis quelques palmiers sont décapités. Ce ne sont pas des palmiers ordinaires mais des washingtoniens. Si le consul a encore la fibre patriotique, il fera un don à la ville. Ce qui n'est pas de la responsabilité des autorités nouvelles, c'est la démolition incompréhensible du théâtre municipal et du cinéma théâtre Vox. On suggère aux élus d'El Jadida de faire classer leur théâtre municipal et de le restaurer au besoin avec l'aide du ministère de la Culture. Il s'agit du patrimoine de cette ville qui, du reste, est la réplique exacte de feu le théâtre de Casablanca. Quand à la Mairie de la capitale économique, elle pourrait installer deux plaques commémoratives en lieu et place du théâtre municipal et du cinéma Vox.