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Festival de Marrakech : moins de paillettes et plus d'engagement envers le cinéma
Publié dans La Vie éco le 21 - 12 - 2009

«Les barons», le film belge aux odeurs et aux essences maghrébines, décroche le prix du jury de la IXe édition du FIFM
«The man who sold the world», des frères Nouri, soulève les débats entre cinéphiles.
Le cinéma coréen fut une belle découverte pour le public aussi bien que les artistes présents.
Ils étaient tous là ! Magiciens de l'image, bâtisseurs de rêves, sculpteurs de la réalité, constructeurs de fictions, compositeurs, auteurs… Cette neuvième édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM) a réuni des artistes venus d'univers différents. Quinze films en compétition, quinze pays différents et des coups de cœur des quatre coins de la planète !
Point de mire de tous les regards, les membres du jury. Ils étaient dix artistes, tous issus du milieu du cinéma qui, en l'espace de quelques jours, se sont transformés en juges ! Les membres du jury de cette 9e édition du FIFM sont tous comédiens, metteurs en scène ou réalisateurs, contrairement à ceux de l'édition précédente.
Leurs expériences, leur vision du cinéma est différente. Leur mission est de garder leur sensibilité en éveil et d'être impartiaux ! Mission difficile, quasi impossible. D'ailleurs, le président du jury de cette année, le réalisateur Abbas Kiarostami, aurait demandé à ce qu'il n'y ait pas de film iranien en compétition pour ne pas subir de pressions politiques. Le cinéaste a bien précisé lors du discours d'ouverture que cette démarche «ne sera pas dénuée d'erreurs». Le public est ainsi averti !
Le tapis rouge a été déroulé le 4 décembre, et la sulfureuse Isabella Ferrari, membre du jury, l'a élégamment foulé de ses beaux souliers. Lorsqu' on accepte ce «rôle», la formule consacrée «pour le meilleur et pour le pire» devient tout à fait appropriée. Car, pour le meilleur, il y a les regards admiratifs, le succès, l'argent. Pour le pire…il y a les paparazzis, l'impossibilité de se trouver un moment d'intimité pour se promener dans cette Marrakech encore ensoleillée à l'orée de l'hiver. Mais la vie de star est ainsi faite et ce n'est certainement pas Ferrari qui dira le contraire. L'actrice, depuis son Dolce farniente (1998), a été reconnue, ce qu'elle était d'évidence : une star ! Les journalistes people et les photographes se l'arrachaient sans retenue !
Bien plus discrètement, l'on a vu passer le réalisateur palestinien, Elia Suleiman. L'artiste semble détenir tous les outils de l'arbitrage, lui qui, en 2006, était parmi le jury du Festival de Cannes présidé par le réalisateur chinois, Wong Kar-Wai. Mais Suleiman, c'est aussi un homme engagé qui réalisa, en 1996, Chronique d'une disparition, son premier film traitant de l'identité palestinienne.
Marrakech regarde défiler les stars
Drapée dans son sari, Nandita Das était également de la fête. Membre du jury au Festival de Cannes (2005), son double héritage envers l'engagement social et l'action culturelle, la place en bon arbitre pour porter un regard appuyé sur des œuvres de son époque. L'actrice et réalisatrice indienne a toujours refusé de jouer dans les films commerciaux (notamment le rôle principal dans Kama-Sutra de Mira Nair).
Marrakech se donne des airs de grande et regarde passer les stars ! Marisa Pederes (une des actrices fétiches d'Almodovar), le cinéaste français très arty, Christophe Honoré, ou encore la grande Fanny Ardant. Mike Figgis, le réalisateur de l'excellent Leaving Las Vegas -il a aussi été scénariste et compositeur de la musique de ce film-, faisait aussi parti du jury. Ces rencontres cinématographiques ont été marquées par le regard aiguisé d'un homme averti qui se renouvelle tout le temps, Lahcen Zinoun. A côté du réalisateur de La beauté éparpillée se tenait Pablo Trapero, réalisateur et scénariste argentin. Voilà ce qui est de la photo de cette famille qui s'est réunie du 4 au 12 décembre à Marrakech.
Tous ces connaisseurs du cinéma se sont retrouvés, concertés pour attribuer les prestigieux prix du festival de Marrakech. Cette année le prix du jury a été décerné en ex aequo aux films My daughter, de Charlotte Lim Lay Kuen (réalisatrice malaisienne) ainsi qu'au film Les barons du réalisateur maroco-belge, Nabil Ben Yadir. Le jeune cinéaste, ému, a avoué qu'il ne s'attendait pas à une telle consécration. Ce que son film a de particulier ? Les barons est un film belge aux odeurs et à l'essence maghrébines. Une comédie légère, d'une violence sourde, permanente saupoudrée d'humour. Bien avant le plébiscite du jury, le public marocain avait déjà consacré ce film, dans lequel «on se reconnaît», confie un spectateur à la sortie de la salle de cinéma Le Colisée. Le film va vite, bouge tout le temps, offre aux acteurs un vaste et profond terrain de jeu, crépite -à l'exception de quelques maladresses que l'on pardonnera- d'un dialogue juste et aigu.
«Pour être baron, il faut être le moins actif possible, par ce que chaque être humain naît avec un crédit de pas et chaque pas te rapproche de la mort», explique Hassan, le protagoniste. Telle est la philosophie des barons, mais il faut voir ce film pour le comprendre dans toute sa profondeur !
Un festival attentif aux engagements artistiques et sociaux
Le Festival international du film de Marrakech reste attentif aux engagements artistiques et sociaux des réalisateurs. Et c'est peut-être cela qui justifie la programmation du film, The man who sold the world, le seul film marocain en compétition. Un film adapté de Un cœur faible, un roman de Dostoïevski. Après Heaven's Door, les frères Nouri récidivent et racontent une histoire d'amour à trois. Le film est étrangement underground, bénéficie d'une mise en scène ultra stylisée. Le concept provoque une vraie frustration parfois. Les jeunes réalisateurs ont su placer l'interrogation sur l'image et les modes de représentation au centre des réflexions. Un montage rapide, de très belles prises de vue, une histoire hachée, constituée de scènes…, trop de choses ou trop peu de choses. Les avis sont partagés !
Ce qui est certain, c'est que les deux jeunes réalisateurs (Swel et Imad Nouri) ont tenté une expérience nouvelle, qui n'est peut être pas aboutie mais qui a le mérite de s'éloigner du déjà-vu. Bref, il s'agit non pas d'établir des jugements de valeur, mais de questionner l'expérience sensible, d'interroger de l'intérieur la fabrique de ce cinéma qui n'a pas dit son dernier mot et c'est tant mieux !
Les films en compétition : le cinéma de tous les mélanges
Le prix d'interprétation masculine a été remis par Maria de Meideros à Cyron Melville pour l'interprétation du rôle d'un jeune mélomane dans Love and Rage, du Danois Morten Giese. Lotte Verbeek a, quant à elle, reçu le prix d'interprétation féminine pour son rôle dans Nothing personal, de la Polonaise Urszula Antoniak. Un film imbibé de mélancolie qui retrace la vie d'une jeune femme hollandaise en Irlande vivant chez un ermite. D'un film à un autre, d'une salle de cinéma à une autre, on découvre des mondes. Le film égyptien, Héliopolis, réalisé par le jeune Ahmad Abdallah, nous a proposé une visite dans les rues du Caire à travers des tranches de vie. Un univers que le réalisateur n'a malheureusement fait que survoler, laissant le spectateur sur sa faim ! Les films en compétition avaient le goût du mélange et le sens des réalités…
De ce cinéma qui colle à l'immédiat, Northless, de Rigoberto Perezcano, a reçu l'Etoile d'or. L'histoire est celle d'André qui essaye de traverser la frontière mexicaine pour se rendre aux Etats-Unis. Dans ce voyage se reconnaîtront beaucoup d'autres candidats à l'immigration se nourrissant de la même sève de départ. Les récits sont divers, les vies ne se ressemblent pas, mais les aspirations des immigrants sont les mêmes.
En marge du festival et des salles obscures, une exposition exceptionnelle. Exceptionnelle par ce qu'elle est tactile. «Toucher avec ses yeux, regarder avec ses mains» a été conçu par et pour des déficients visuels marocains et français. Pour chacune des images accrochées aux murs sombres de la galerie, il y avait un casque d'audio-description, une interview avec le photographe (disponible en braille et en sonore), en plus d'une reproduction en relief de la photo exposée.
Des pelouses synthétiques indiquent aux visiteurs le chemin à suivre et des arrêts podo-tactiles (petits tapis bossus) pour leur signaler l'endroit où sont accrochées les photos. Ces techniques sont déjà utilisées au Louvre, la cité des sciences et de l'industrie à Paris, le musée du Quai Branly… Il a fallu inventer un nouveau langage faisant abstraction de la lumière, de l'ombre, des couleurs et surtout de la perspective. Pour la première fois les non-voyants ont eu accès aux émotions que l'on peut ressentir au contact de photos. Ce parcours a permis aussi à ceux qui voient d'expérimenter à travers un parcours tactile la perception de l'espace et des formes. Pour l'année prochaine y aura-t-il des projections pour les non-voyants ? Espérons !
Au final, un festival riche qui s'est réapproprié le cinéma. Seul bémol, lors de la dernière soirée, celle de la clôture, à l'issue de la remise des prix, très vite les stars se sont éclipsées… Seuls quelques cinéphiles sont restés pour regarder un dernier film. The double hour (l'heure double), un film italien qui était en compétition au Festival du film de Venise mais qui a été programmé hors compétition à Marrakech. Un film à la mise en scène complexe qui ne se révèle que vers la fin. On pouvait juger au départ les arabesques sentimentales, un peu obsolètes mais la réalité du film donne une toute autre lecture. Autre bémol, les journalistes n'ont pas tous eu l'heur d'accéder aux soirées d'hommages…, plutôt dommage ! Mais l'on ne boudera pas le plaisir d'avoir vu des films que certains considèrent déjà comme le «film de [ma] vie». Rendez-vous a déjà été donné pour l'année prochaine du 3 au 11 décembre.


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