La direction générale de l'aviation civile voit grand. Les experts de cette institution sont actuellement penchés sur la révision, sous tous points, de la configuration de l'espace aérien national. L'objectif, nous explique-t-on auprès du gendarme du ciel national, est celui «d'établir une analyse de l'existant et de tracer des scénarii d'évolution qui baliseraient la gestion de cet espace parallèlement au développement du trafic aérien». Et pour cause, la croissance du trafic aérien, avec en perspective un renforcement de l'intégration économique dans la région Med, ainsi que l'accord Open Sky, en vigueur entre le Maroc et le continent européen, sont toutes des contraintes pour lesquelles les officiels de l'aviation civile se préparent déjà. «Une consultation internationale visant à repenser l'espace aérien marocain a déjà été mise sur le circuit », explique la même source. Une étude pourquoi faire ? Il s'agit, d'abord, d'établir une sorte de tableau de bord prévisionnel prenant en considération des échéances à plus ou moins long terme. Des repères sont ainsi considérés à l'horizon 2012, 2015, 2020 et 2025. De plus, comme pour la gestion de la circulation routière, la DGAC prévoit de réorganiser l'espace aérien en routes (dans le jargon des expert : routes Air trafic segments et centres de coordination régionaux), pour faire face de manière efficace et sûre aux prévisions de la demande de trafic pour la période 2012-2025. Il faut dire que ce chantier est déjà entamé depuis plusieurs années, lorsque le Maroc avait commencé par le renforcement de la cellule CFMU (control flow management unit), l'installation de nouveaux radars, et la rénovation complète du centre de coordination régional de Casablanca. Parallèlement, l'accroissement des capacités aéroportuaires pour accompagner la vision touristique de 2020, l'intégration des futurs systèmes de navigation et une démarche de convergence réglementaire en totale conformité avec les nouvelles exigences en matière de sûreté et de sécurité aérienne sont autant de chantiers où le Maroc enregistre depuis quelques années des avancées jugées remarquables par de nombreux experts européens spécialisés dans l'aéronautique. Cette étude vient donc dans l'ordre logique des choses. La DGAC entend d'abord modéliser la configuration actuelle de l'espace en routes, afin de procéder à des simulations qui détermineront les besoins en ressources humaines qualifiées, notamment en matière de contrôle aérien, en prévision de la croissance du trafic aérien sur le Maroc. Cet aspect de la consultation devra conduire la DGAC à proposer des schémas de réorganisation RH. Les autres points saillants de ce dossier consistent en la proposition de solutions relatives à la re-sectorisation de l'espace aérien, des routes ATS additionnelles, ainsi qu'un réseau alternatif de routes. Un chantier crucial Le Royaume, il faut le dire, est conscient de l'enjeu que présente un espace aérien «bien pensé». Aussi, des partenariats avaient-ils été déjà scellés avec des instances aériennes européennes, à l'instar d'«Air space academy», pour s'assurer un transfert de savoir et de procédés garantissant une sureté et une sécurité optimales. L'enjeu est de taille, car la croissance rapide du trafic aérien contrôlé par le Maroc, preuve du développement du transport aérien, ne laisse pas de place à l'imprécision.