Le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, est un homme serein, confiant, qui n'a pas perdu son sens de l'humour. Lorsque nous l'avions rencontré lors d'une réception il y a une semaine à Rabat, l'homme était visiblement en forme et n'a pas hésité à alterner blagues et politique. Sur ce dernier registre, il a confié à certaines personnalités qui l'entouraient qu'il était en même temps content des efforts déployés par ses ministres et conscient de l'importance des attentes des Marocains. Il ne cachait pas le fait que le Maroc traverse une mauvaise passe sur le plan économique. «Les réformes escomptées ont certes accusé du retard, mais elles seront incessamment amorcées». Quid alors des «fantômes» qui guettent ces réformes et hypothèquent la relance économique ? Qu'en est-il des positions offensives du frère ennemi, Hamid Chabat ? Benkirane, visiblement zen, a troqué sa métaphore animalière pour un discours plutôt pragmatique. Contrairement à certains hommes politiques qui n'hésitent pas à sévèrement dénigrer leurs adversaires en «off», le chef de l'Exécutif, entouré de certains hommes d'affaires -hommes politiques et ministres - a su prendre de la hauteur par rapport à ce qui se passe au sein de sa majorité, et son discours était plutôt élogieux à l'égard des ministres et des parlementaires istiqlaliens ! En revanche, le patron de l'Exécutif n'a pas caché sa «déception à l'égard d'une certaine presse spécialisée dans la désinformation». À cet égard, il y a lieu de signaler que cette déception se traduit peut-être par un boycott de la presse nationale, ses sorties médiatiques officielles se faisant très rares. Cela n'arrange guère les choses puisque la politique de la chaise vide n'a jamais été la solution. Bien au contraire, c'est dans les moments où l'intox prospère qu'il faudrait choisir les meilleurs canaux pour véhiculer les bons messages. Cela n'annihilerait pas totalement les effets de la désinformation, mais contribuerait à coup sûr à leur atténuation.