La justice a toujours constitué un rempart infranchissable à toute espèce de réforme et tous les ministres se succédant à ce portefeuille ont évité de mettre la main dans ce guêpier, à part Naciri, dont le décès a interrompu un processus profond de réforme de ce domaine. Seul Ramid a donc osé affronter tous les professionnels des différents métiers de la justice. Avocats, magistrats, huissiers, notaires sont, tour à tour, montés au créneau pour dénoncer «le j'y vais tout seul» du ministre et même sa «croisade» à l'égard des professionnels du secteur, comme certains l'ont qualifiée. Ramid, fort d'un appui royal à cette réforme, est décidé à ne plus regarder en arrière et annonce à qui veut l'entendre que «la réforme se fera avec ou sans vous et que chacun assume ses choix». Ceux qui connaissent bien Ramid savent pertinemment que l'homme ne cache pas ses plans quant à son avenir politique. Selon nos sources, le ministre est décidé à mettre toutes les réformes de la justice sur les rails avant les élections de 2016, puis de partir avec la sérénité dans l'âme et quitter définitivement cette lourde responsabilité, quels que soient les résultats du scrutin. Cette attitude est un point fort dans le processus de réforme, puisque le commandant de bord n'a d'autre ambition que de réussir ce challenge. Ramid saura-t-il pour autant réprimer ses colères, qui le desservent souvent ?