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Tourisme: Encore jouable
Publié dans Les ECO le 07 - 06 - 2011

Décidément, Yasser Zenagui n'a pas fini de clore un chapitre qu'un autre est déjà entamé. À peine le ministre du Tourisme a-t-il classé, ou presque, le dossier de l'attentat de Marrakech, qui a nécessité une importante mobilisation du ministère du Tourisme pour permettre de limiter la casse dans le secteur, le voici contraint de se préparer encore pour des vacances d'été pas comme les autres, qui nécessiteront davantage d'efforts de la part de son département. Certes, les opérateurs du secteur ont eu un avant-goût en 2010 de ce que peut être une «haute saison» d'activité touristique qui inclut le mois de Ramadan.
Cependant, cette année, l'avènement du mois sacré en plein été risque de marquer encore plus par son poids le secteur vu qu'il s'étalera sur tout le mois d'août, le mois des vacances par excellence. Il faudrait ajouter à cela la donne sociopolitique qui s'annonce compliquée pour les opérateurs, vu que l'été sera «politiquement» chaud au Maroc en raison du référendum (juillet) et des élections anticipées envisagées en octobre. L'été est ainsi pris en sandwich entre deux rendez-vous politiques qui représentent un risque de mouvements sociaux soutenus. Ce qui est loin de convenir aux vacanciers potentiels. Faut-il pour autant tirer la sonnette d'alarme ? Pour les professionnels sondés, il est encore tôt pour s'affoler. «Nous n'avons pas encore de visibilité vu que la tendance est à des délais de réservation plus courts», nous confie Abdellatif Abouricha, responsable au sein du Centre régional du tourisme de Marrakech, principale destination touristique du royaume.
Cela dit, il est d'ores et déjà possible de prédire qu'à l'instar de l'année 2010, le tourisme interne sera la cible par excellence des opérateurs. Ce segment devrait ainsi permettre au secteur de maintenir le rythme pendant le mois sacré. «Nous nous attendons à une saison estivale correcte, en raison de l'intérêt qui devrait être porté pour le tourisme interne», explique Abdellatif Kabbaj, PDG du groupe Kenzi. L'ensemble des professionnels s'accordent à dire que l'enjeu sera de s'assurer de l'adaptation de l'offre touristique aux spécificités du mois de Ramadan, particulièrement sur le volet culturel. Formules Ftour, offres packagées, réduction drastique des prix... tous les moyens sont prévus pour tenter de maintenir les performances du secteur à leur niveau normal pendant le mois d'août.
Est-ce bien suffisant ? Pas si sûr. D'abord, «les MRE, contribuant d'habitude à la croissance du nombre de nuitées réalisées par les établissements hôteliers privilégient de passer le mois sacré en famille», commente ce responsable de la Fédération nationale du tourisme (FNT). Ensuite, quelles que soient les innovations introduites par les opérateurs à leurs offres dédiées au mois sacré, il ne faut pas s'attendre à ce que toutes les destinations en tirent profit.
En première ligne, les villes à vocation exclusivement balnéaire se verront amputées de leur principal atout durant tout le mois d'août. Cela est d'autant plus valable que même avec une approche orientée vers le tourisme interne, le rythme d'activité sera difficile à tenir. Par ailleurs, au-delà du simple impact du mois sacré sur les arrivées de touristes étrangers, les opérateurs devront se battre sur un autre front, celui des Européens. Conjoncture oblige, ces clients de la destination Maroc penchent de plus en plus pour les vacances dans leur propre pays. Le tout sera donc de leur offrir des packages qui puissent réellement susciter leur engouement pour le royaume. Mais pas seulement, les nouveaux marchés constituent également une bouffée d'air pour l'activité touristique.
«Nous constatons déjà que certaines villes telles que Agadir, qui ont pu maintenir le rythme de croissance des arrivées touristiques, ont tiré profit d'une nouvelle vague de touristes, en provenance notamment de Russie», ajoute Fouad Lahbabi, secrétaire général de la FNT, en ce sens qu'il est bien admis qu'il est «difficile que le tourisme interne compense à lui seul la baisse des arrivées des touristes internationaux» , comme l'illustre Kabbaj. Par où viendrait donc le salut du secteur ? D'aucuns prônent un ciblage minutieux de l'offre et de la clientèle visée, ce qui constitue l'essence même de la stratégie mise sur les rails par le département du Tourisme... à quelques retouches près. Les opérateurs touristiques ne manquent pas de souligner quelques avantages concurrentiels dus à la récupération éventuelle des ex-clients de la Tunisie ou de l'Egypte où le printemps arabe n'a pas encore fini de faire des dégâts dans le secteur. Ceci, à condition que l'offre soit adaptée et le positionnement affiché assez tôt.
Moins d'étrangers cet été
Cet été, il faudra composer avec moins de touristes étrangers. Le constat est on ne peut plus évident. Les Français par exemple, qui sont à l'origine d'une grande partie des nuitées réalisées par le secteur, ont clairement opté cette année pour des vacances chez eux, à l'instar de plusieurs autres Européens. Selon les professionnels locaux, l'Hexagone affiche déjà un bond de 20% des réservations, principalement dans les villes côtières, et la tendance est appelée à croître davantage durant les mois de juillet et août prochains. Une récente étude réalisée par Opinion Way, spécialiste des études et enquêtes sectorielles sur Internet, révèle ainsi que 90% des Français ne comptent pas visiter le Maroc, la Tunisie ou l'Egypte cet été, destinations jusque-là très prisées pendant la période estivale. Les explications à ces prévisions peu optimistes pour le tourisme national ne manquent pas. D'abord, les officiels ont beau insister sur la résistance du royaume au printemps arabe, il n'en demeure pas moins que les touristes restent méfiants. Ensuite, c'est la conjoncture économique partout en Europe qui laisse aujourd'hui les touristes hésitants par rapport à des séjours à l'étranger. L'envolée des prix du carburant, suite à la flambée des cours de pétrole, entraîne par exemple des coûts de transport plus importants. Du coup, l'atout de proximité dont jouissait jusque-là le Maroc n'est plus qu'un lointain souvenir et le déplacement n'en vaut plus autant la peine. Ceci d'autant plus que les prévisions météorologiques dans l'Hexagone font état d'un aussi beau temps dans les stations balnéaires locales que dans les destinations traditionnelles telles que le Maroc. Il est donc clair que les opérateurs touristiques marocains auront du pain sur la planche pour convaincre des touristes étrangers de plus en plus réticents.
Les nationaux en manque de budget ?
On a beau encourager le tourisme interne, celui-ci reste tributaire de la capacité des ménages marocains à s'offrir des vacances. À ce niveau encore, le constat est loin d'être reluisant. Selon la dernière enquête auprès des ménages réalisée en avril dernier par le Haut commissariat au plan, les ménages restent globalement pessimistes quant à leur capacité à épargner dans les mois à venir. Le solde relatif à l'indicateur calculé par le HCP s'est établi à -61,7 points, en baisse de 5 points depuis un an. Dans le même sens, il s'avère que les Marocains sont moins optimistes quant à leur situation financière actuelle, ce qui ne plaide certainement pas pour une amélioration du budget consacré aux vacances, que ce soit au Maroc ou à l'étranger. Ceci est d'autant plus problématique lorsque l'on sait que l'optimisme n'est pas vraiment au rendez-vous quand il s'agit d'apprécier les pressions inflationnistes et partant le pouvoir d'achat. Certes, le gouvernement vient d'accorder des augmentations de salaires dans l'administration publique et qui devront être appliquées justement en pleine période des vacances. Cependant, selon les représentants syndicaux, cette concession devrait à peine permettre aux fonctionnaires de compenser la hausse que connaissent les prix et ne devrait avoir qu'un impact limité, si ce n'est nul, sur le niveau de vie. Sachant que le mois de Ramadan est souvent synonyme de hausse de la facture du panier de la ménagère, il est difficile de prévoir une amélioration des dépenses des vacances de la part des Marocains, au grand dam de ceux qui espéraient une compensation par le tourisme interne de la baisse éventuelle des recettes issues du tourisme international.
Des vacances sur fond de transition politique
L'été marocain sera particulier, cette année. Certes, le royaume est sorti indemne des révolutions du printemps arabe. Cependant, la vague des protestations populaires a provoqué un vaste mouvement de réformes qui ne fera que prendre de l'ampleur en pleine période de vacances. Avec le référendum attendu pour juillet prochain et la mutation du paysage politique qui devrait s'en suivre, c'est un grand flou qui marque aujourd'hui la scène économique, et partant touristique, sur l'impact éventuel de ces changements. Ce qui est sûr aujourd'hui, c'est que si transition politique il doit y avoir, plus vite elle se fera, moins durs seront les impacts sur tous les secteurs vitaux de notre économie. Pour le cas particuliers du tourisme, les opérateurs s'accordent à dire que le fait de bénéficier d'une stratégie sur le long terme lui permet d'assurer la pérennité de l'action de la tutelle, quels que soient les changements politiques. À court terme, la problématique est de savoir dans quelle mesure l'entame des réformes impactera le moral des touristes, particulièrement nationaux. À ce niveau, on devrait avoir la réponse dans les semaines à venir.
Sacré Ramadan !
Faut-il vraiment voir l'avènement du mois de Ramadan en pleines vacances comme un frein au secteur touristique ? Les avis des opérateurs diffèrent à ce sujet. D'un côté, il y en a qui plaident pour un impact important, particulièrement sur les touristes étrangers qui auraient tendance à bouder les destinations musulmanes pendant le mois sacré. «Que ferait un touriste étranger de sa journée pendant Ramadan quand tout est fermé ?», déplore-t-on au sein de la FNT. D'un autre, il y en a ceux qui y voient une opportunité de mobiliser davantage de touristes, en capitalisant particulièrement sur l'aspect culturel. Cela dit, à ce niveau, d'aucuns ne réfutent pas le fait que ce seront particulièrement les touristes nationaux qui pourraient dynamiser le secteur pendant Ramadan. Dans ce sens, c'est sur la conception d'offres attractives que les espoirs reposent. Les formules Ftour, animation et Shour restent celles les plus prisées par les opérateurs, à quelques exceptions près. «Les principales offres qui intéressent les touristes pendant le Ramadan sont les formules packagées qui permettent d'accéder à plusieurs services pour un seul prix, voire accéder à plusieurs établissements durant le séjour dans le cadre de la même offre», nous confie Abdellatif Kabbaj, président du groupe Kenzi. La clé pour faire de Ramadan une opportunité pour le secteur réside, donc, dans la capacité des opérateurs à innover dans leurs offres pour maintenir de l'attrait pendant un mois qui est tout sauf touristique.
En attendant le plan Biladi
Décidément, il aura fallu attendre que les risques de contre-performances planent sur le secteur du tourisme pour que le client marocain soit enfin mis au cœur de la stratégie de ciblage à la fois des opérateurs et des autorités de tutelles. Dans un contexte où les arrivées de touristes tendent clairement vers la baisse, les espoirs reposent aujourd'hui sur la capacité à mobiliser le tourisme interne. Dans ce sens, le plan Biladi intégré dans la vision 2020 du ministère sera plus que jamais sous le feu des projecteurs. D'autan plus que les critiques se multiplie ces dernières années quand à la pertinence de son projet phare, Kounouz Biladi, dans un contexte où tous les hôteliers n'y adhèrent pas forcément. De l'avis même de la tutelle, en l'absence de contraintes législatives, Kounouz Biladi reste une simple négociation entre le ministère et les opérateurs et ne peut donc être une obligation. Cela justifie amplement l'échec constaté à ce niveau. De quoi motiver Yassir Zenagui et son équipe à revoir tout le concept. Dans une récente sortie médiatique, le ministre notait que des actions de mobilisation des différents acteurs du secteur, agence de voyages ou hôteliers soient-ils, étaient menées afin d'accorder au touriste national un produit de meilleure qualité à des prix plus attractifs. À plus moyen terme, il s'agira en revanche de mobiliser des investissements pour la conception de stations spécialement dédiées. Pour ce faire, des actions de promotion sont menées même à l'étranger pour accélérer la mise en œuvre du plan biladi. En attendant, le touriste national devra se contenter de la baisse de l'affluence des étrangers pour faire valloir son droit aux services de meilleures qualités à des prix moins chèr que dans le passé.
Vendre, mais pas à n'importe quel prix
Une stratégie marketing offensive est aujourd'hui plus que jamais indispensable pour faire face à une éventuelle baisse de l'activité touristique. À ce niveau, il faut dire que les actions de promotion initiées par les opérateurs et la tutelle durant ces derniers mois afin d'attirer de nouvelles nationalités ont apporté leurs fruits. «La destination Agadir a réalisé une hausse de son activité touristique grâce essentiellement à la présence d'une nouvelle clientèle en provenance de Russie et d'autres pays jusque-là peu représentés», témoigne Fouad Lahbabi, secrétaire général de la FNT. Hormis l'offensive marketing ciblant de nouveaux marchés, les opérateurs ont également tendance à privilégier une baisse des tarifs en faveur des marchés traditionnels. Or, cette approche n'est pas sans risque. Le ministère de tutelle affiche clairement sa position contre cette mesure vu son impact dans le temps sur le rendement même de ces opérateurs. Une braderie des prix dans des périodes de crise, à l'instar de ce qui s'est passé après l'attentat de Marrakech, rend en effet difficile un retour des prix à la normale quand la situation va s'apaiser, au risque de perdre ces marchés au profit d'autres destinations qui stabiliseront leurs prix.


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