Le chef de gouvernement réunit aujourd'hui le ministre de la Justice et tous les hauts cadres de son ministère autour d'un sujet de haute importance: la concrétisation des recommandations du pacte national de la réforme de la justice. C'est un événement majeur, ce chantier ayant toujours inquiété, pour diverses raisons, citoyens, investisseurs et partenaires mondiaux. Je rappellerai une nouvelle fois que l'ambassadeur de l'Union européenne, Eneko Landaburu, avait exprimé un seul regret avant de quitter Rabat: celui de ne pas avoir eu la chance de «voir la justice marocaine enfin délivrée de ses maux». En effet, c'est l'un des chantiers les plus importants pour ce gouvernement d'alternance II, et le défi de Benkirane consiste à marquer de son empreinte son mandat par le redressement d'un secteur des plus récalcitrants à la réforme au Maroc. La justice a consommé plus d'une quinzaine de ministres en cinquante ans sans que personne ne réussisse à venir à bout des magistrats et leurs collaborateurs. Ramid est en passe de réaliser cet exploit grâce à sa persévérance, mais ce n'est pas encore gagné car la résistance a commencé à s'organiser, maintenant que l'effet de surprise est passé. Il faut reconnaître que si le cabinet Benkirane réussit cette réforme -en plus de la revue des systèmes de retraite- il aura réussi l'un de ses objectifs les plus difficiles, ce qui marquera plusieurs générations. Enfin, cela requiert encore une fois une ferme volonté politique, et ce cabinet la possède. Pourvu qu'il ne nous surprenne pas par une éventuelle volte-face.