Le débat politique revient en force à quelques mois des élections communales, qui traceront l'esquisse de la carte politique à une année des législatives conduisant au gouvernement. D'ores et déjà, l'on constate que le débat cédera la place aux combats de coqs et que l'éthique politique battra en retraite face au populisme destructeur. Le test grandeur nature nous a été offert mercredi soir sur 2M quand des «ténors» de la politique ont exhibé aux millions de Marocains, aspirant à un débat d'idées, une prestation qui renvoie à un niveau qui était celui de républiques bananières ! Les Benabdallah, Choubani et surtout Chabat et Lachgar n'ont pas encore compris que la Constitution de 2011 a balisé une voie royale vers une réelle démocratie. Or, trois années après, l'on a toujours droit à un genre de débats des années soixante-dix et quatre-vingt où l'égo l'emporte sur les programmes et où la personnalisation du camp adverse devient une arme de destruction massive ! Quand le leader du plus ancien parti du pays, l'Istiqlal, accuse ouvertement le chef de gouvernement de soutenir, tenez-vous bien, «l'Etat islamique» de «Da'ach», il renvoie la politique au fin fond de la médiocrité. Quand le patron d'un PPS vieux de soixante-dix ans qualifie l'Exécutif de «gouvernement de Sa Majesté», il essaie pitoyablement de détourner ses responsabilités politiques. Quand le chef de file d'un USFP jadis virevoltant rétorque qu'il représente «l'opposition de Sa Majesté», il balaie d'un revers tous les acquis démocratiques que le roi et le peuple ont voulus et élaborés. C'est inquiétant à maints égards !