Le chef de gouvernement a préféré mettre de côté son discours de circonstance lors de l'annonce du classement des 500 premières entreprises marocaines pour un exercice de franc-parler et d'écoute des patrons. Il a réitéré l'engagement de son cabinet à accompagner les entrepreneurs qui veulent investir, créer de la valeur et contribuer à l'essor du pays en les invitant à «redécouvrir» les vertus de l'industrie qu'il a liées à l'avenir du Maroc. Il a rappelé le grand chantier de réforme de la justice qui mettrait l'investisseur dans une ambiance plus sereine et s'est arrêté aussi sur les retombées de la paix sociale sur le climat des affaires. En revanche, Benkirane était déterminé à passer un message aux patrons qui se sont enrichis dans d'autres secteurs, notamment l'immobilier et les services, en les incitant à gagner moins mais dans un élan patriotique qui propulserait le pays dans d'autres dimensions. Et de marteler que «la rente c'est fini» à qui voulait l'entendre. En d'autres termes, le royaume a besoin de patrons animés d'une fibre patriotique, qui payent leurs impôts, qui créent des emplois et qui accompagnent le Maroc dans ses choix stratégiques. Le premier test grandeur nature serait la réaction des promoteurs immobiliers quant à la fiscalisation de l'habitat social qu'ils devront supporter. Enfin, la spontanéité, l'improvisation et l'engagement de Benkirane ont séduit la salle. Les chuchotements entre hommes d'affaires en disaient long. À présent, il faut passer de la parole à l'acte et c'est valable pour toutes les parties.