Il y a deux jours nous écrivions «Benkirane face à l'opinion publique», allusion faite au projet de décret qui stipulait des indemnités disproportionnées en faveur des agents de l'autorité. Il était attendu que l'Exécutif promulgue ce projet lors du Conseil de gouvernement de ce jeudi, sauf qu'à la dernière minute la voix de la raison a décidé de reporter sine die, tout ce débat. C'est de bon augure, car un gouvernant, et de surcroît un décideur politique, doit faire preuve de courage à écouter les inquiétudes de l'opinion publique et de revenir sur une décision s'il le faut. L'entêtement n'est pas une qualité requise chez un homme d'Etat et encore moins quand cela va à l'encontre de l'âme de son discours politique. S'agissant de cette affaire des indemnités de logement, il est surtout question de principe et de cohérence par rapport à l'ambiance générale qui prévaut dans notre pays. Nous vivons les contraintes de la crise mondiale, nous subissons les retombées de la structure déséquilibrée de notre économie et nous acceptons la douleur de l'autarcie. Mais cela suffit. Il n'est pas justifié que dans cette atmosphère où l'on serre la vis comme on peut, on commence à prioriser le confort des députés, des agents de l'autorité et autres ministres. De telles décisions pourraient saper la crédibilité d'un cabinet qui a pourtant su concrétiser des réformes douloureuses mais précieuses et qui devrait se concentrer sur d'autres chantiers cruciaux. Il ne lui est pas permis d'épuiser ses cartouches.
