L'Île Maurice, l'Afrique du Sud et le Rwanda, le top 3 des pays les plus compétitifs du continent. La formation/éducation, l'infrastructure et la connectivité logistique sont les trois principaux défis de la compétitivité du continent. An prend les mêmes et on recommence. Le classement des économies africaines les plus compétitives dans le dernier rapport du World Economic Forum (WEF) est quasi inchangé. Si la plupart des économies ont gagné quelques places en amélioration par rapport aux classements précédents, la lenteur des réformes qui sont liées à la compétitivité du continent traînent encore du pied. Dans le haut du tableau continental, les mêmes économies se pressent vers le podium. Le trio de tête a un air de déjà-vu : l'Île Maurice (39e dans le classement mondial), l'Afrique du Sud (56e mondial) et le Rwanda (62e) (voir page 23 pour les détails par pays). Le Maroc (72e mondial) et le Botswana (74e) ferment la marche. En dépit d'une croissance vigoureuse de 5% en moyenne, le continent est face à un challenge de durabilité et d'inclusivité de cette dynamique économique. C'est ce que rappellent d'ailleurs les auteurs du rapport en précisant que «pour conserver cet élan, la région devra développer des activités plus productives et répondre aux défis permanents de la compétitivité». Parmi ces défis figurent celui de la formation, de l'infrastructure ainsi que de la connectivité logistique. Ils font de la transformation structurelle du continent un chantier de longue haleine. Les auteurs du rapport pensent que ces défis «continuent d'entraver sa capacité de développement et d'engagement dans des activités à plus forte valeur ajoutée», expliquent-ils. Formation La mise en place des compétences nécessaires à la transformation du continent est un chantier clé de l'amélioration de la compétitivité de ce dernier. Quelques organismes internationaux commencent d'ailleurs à prendre en considération la nécessité de relever le capital humain africain pour soutenir la croissance dudit continent. C'est le cas de la Banque africaine de développement (BAD) qui vient de se doter d'une nouvelle stratégie 2014-2018 dédiée au capital humain. L'objectif est de mettre à profit le potentiel humain du continent «par le perfectionnement des compétences et la promotion des technologies pour améliorer les perspectives d'emploi, garantir l'égalité des chances pour tous et assurer la compétitivité de la main-d'œuvre». L'organisme est effectivement convaincu qu'il faut investir de l'efficience dans la formation des ressources humaines pour pérenniser la croissance et la rendre à la fois inclusive et verte. «La plupart des pays africains s'en remettent à leurs dotations factorielles, constituées pour l'essentiel d'une main-d'œuvre peu qualifiée et de ressources naturelles pour rivaliser sur les marchés. Pour monter dans la chaîne de valeur, les économies africaines devront mobiliser davantage d'investissements à fort impact dans l'éducation, la science et la technologie. Infrastructures C'est, chaque année, 1 à 2 points de croissance en moins pour le continent. Le déficit infrastructurel de ce dernier continue de peser lourdement sur sa compétitivité économique, ainsi que sur son degré d'intégration aux chaînes de valeur mondiales. Dans le dernier rapport de la Communauté économique pour l'Afrique, les experts indiquent que des investissements dans des services de transport, de technologies de l'information et financiers sont nécessaires et permettraient audit continent de s'intégrer davantage aux réseaux mondiaux de chaînes de valeur. Le secteur de l'énergie, poumon de l'économie est également largement déficitaire en infrastructures. De nouvelles initiatives tendent toutefois à rattraper ce retard. C'est le cas du Fonds Africa50, une plateforme d'investissement créée par la BAD et dédiée exclusivement à la résorption de ce déficit infrastructurel, lequel déficit est chiffré à quelque 100 milliards de dollars. Connectivité Le transport et le développement de liens logistiques efficaces sur le continent et avec le monde sont également parmi ces conditions sine qua non de la compétitivité économique du continent. L'amélioration des connectivités auraient des impacts importants sur le durabilité de la croissance africaine. Selon la CEA, d'ailleurs, «le développement des services délocalisés signifie que les entreprises sont de plus en plus tributaires de la logistique : transport multimodal, manutention de fret, entreposage, stockage et gestion des chaînes d'approvisionnement». Il faut noter que la part actuelle de l'Afrique dans le total des exportations de services commerciaux dépasse à peine les 2%, ce qui dénote d'un défaut d'intégration logistique. Les exportations africaines de services commerciaux ont progressé de 6% en 2012, à 90 milliards de dollars US, alors que les importations augmentaient de 3% (162 milliards de dollars US). L'Île Maurice (39e mondial) Avec 4,4% de croissance attendu en 2014, contre 3,4 l'année dernière, l'économie mauricienne demeure parmi les plus dynamiques du continent. Quatre grands secteurs font cette dynamique : l'industrie textile, le tourisme, les services financiers et l'industrie sucrière. Ces activités sont soutenues par une forte consommation intérieure, principalement tirée par les ménages. Pour le secteur du tourisme, en l'occurrence, les recettes devraient pourtant stagner cette année, l'activité étant très largement dépendante des Européens (qui représentent 50% des visiteurs), dont le pouvoir d'achat est contraint par la faiblesse de la reprise économique. L'industrie sucrière poursuivra sa reprise entamée en 2013. Le secteur de la construction se contractera suite à la faiblesse de l'investissement privé ainsi qu'aux retards observés dans la mise en place du programme de décongestionnement des routes. Quant aux services financiers (banque et assurance), ils devraient continuer à être l'un des principaux facteurs de compétitivité de l'île. l'Afrique du Sud (56e mondial) Elle figure parmi les premières économies du continent. En dépit d'une croissance fortement en repli depuis deux ou trois ans déjà (1,8% en 2014), l'économie sud-africaine continue de tirer vers le haut celle du continent et d'attirer des investissements du monde entier. La production manufacturière y est peu soutenue, dans ce contexte. Selon Coface, la «modération salariale» et l'endettement des ménages continueront à affecter la demande privée qui constitue pourtant le principal moteur de la croissance sud-africaine (66% du PIB). L'amélioration, même modeste, de la demande extérieure devrait également permettre de limiter le ralentissement de sa croissance en 2014. Les tensions inflationnistes se sont renforcées en début d'année avec un taux qui atteignait en mai son niveau le plus élevé depuis juillet 2009 (6,6%) sous l'effet du renchérissement des biens alimentaires et des produits administrés, compte tenu de la hausse des prix de l'énergie et de la dépréciation du rand. Rwanda (62e mondial) Sa croissance, légèrement ralentie en 2013, devrait accélérer en 2014. Le secteur manufacturier devrait bénéficier d'une amélioration de son approvisionnement en énergie grâce à la mise en service d'une centrale alimentée par le gaz méthane du Lac Kivu et de l'unité hydroélectrique de Nyabarongo. Le secteur de la construction sera soutenu par les projets d'investissement public concentrés dans les secteurs de l'énergie, de l'eau, du logement et des transports. Le secteur des services (communications, transports) reste dynamique. Une reprise plus lente que prévue des flux d'aide, liée à l'absence d'amélioration de la situation dans la région des grands lacs ou des conditions climatiques défavorables affectant les récoltes, limiteraient toutefois l'ampleur du rebond. La hausse des prix des biens alimentaires et de l'énergie devraient rester modérée, permettant de contenir l'inflation qui devrait cependant demeurer supérieure à la cible de la Banque centrale (5%). Le Maroc (72e mondial) Le royaume est devenu en quelques années ce candidat au leadership économique continental en s'ouvrant de plus en plus vers les économies subsahariennes. L'économie du pays reste dépendante des performances du secteur agricole – près de 40% de la population active – et de la conjoncture dans l'Union européenne (UE), principal partenaire économique du pays. La croissance demeure, en outre, tributaire des fluctuations des cours internationaux des phosphates (dont le Maroc est l'un des principaux producteurs et exportateurs mondiaux) et des hydrocarbures importés. Après un net rebond en 2013, grâce à une excellente récolte céréalière, la croissance sera moins soutenue en 2014. Selon plusieurs organismes, la production agricole devrait reculer en raison d'une pluviométrie moins favorable et de coûts affectés par la hausse des prix des carburants. Les perspectives sont favorables par contre pour les filières aéronautique et automobile, cette dernière bénéficiant de la montée en puissance de l'usine Renault/Dacia de Tanger, qui dope les exportations. Botswana (74e mondial) Les nombreuses réformes mises en œuvre par ce pays justifient ce classement dans le top 5 africain. En 2014, la croissance de l'économie botswanaise devrait progresser de 4%, en reprise par rapport à 2013. Cette dynamique est portée par les mines, notammentl'exploitation du diamant. Les mines représentent près de 80% de ses exportations et 30% du PIB, ce qui la rend vulnérable aux chocs extérieurs. Représentant 40% des emplois formels, le secteur public est prédominant dans l'économie. Les distorsions engendrées par cette prépondérance freinent l'émergence du secteur privé. Le gouvernement a ainsi entrepris une privatisation et une diversification de l'économie, notamment via les programmes NPD10 et EDD. En parallèle, plusieurs projets de développement des mines de charbon sont actuellement à l'étude.