Au moment où Benkirane rencontre Manuel Valls à Matignon, les patronats français et marocain échangent sur les opportunités de business des deux rives. La concomitance des deux événements n'est que pur hasard, mais profondément significative. Les deux pays viennent d'enterrer la hache de guerre, et cela a été entériné lors de la dernière visite de Valls à Rabat. Pour consommer le retour à la sérénité, Benkirane partagera avec son homologue à Paris un calumet de la paix dans l'espoir de rattraper le temps perdu. Et justement, le temps compte en business. C'est pourquoi la CGEM et le MEDEF n'ont jamais réglé leur chrono à la vitesse des politiciens et ont toujours maintenu leurs contacts à la hauteur des ambitions des deux parties, mais sans prétendre que le coup de froid ne les a pas du tout impactés. Le partenaire numéro 1 du Maroc a laissé filer des opportunités et au passage des plumes- qui lui ont coûté le rang de premier fournisseur du royaume au profit du voisin du Nord, l'Espagne. Certes, la France demeure incontournable pour le Maroc : preuve en est ce rang de premier client au monde de l'Agence française de développement qu'accapare notre pays. Cependant nos amis de l'Hexagone gagneraient à comprendre que le royaume n'est plus un Etat suiveur mais un partenaire qui ambitionne d'être considéré comme un pays émergent à l'horizon 2020. La France a un grand rôle à y jouer et tirerait pleinement profit d'un partenaire émergent, dégageant de la valeur et présentant de réels relais de croissance en Afrique plutôt qu'un client/fournisseur «boulet».