Qu'en sera-t-il du taux de participation ? Réponse, ce soir./DR Les différentes formations politiques qui participent à ce double scrutin électoral appréhenderont les résultats sous différents angles. Pour les grands partis, il s'agira d'un test grandeur nature avant les législatives de 2016 et pour d'autres, c'est l'occasion de prendre la revanche sur les résultats des derniers scrutins. Au-delà, pourtant, le véritable enjeu réside dans le taux de participation qui révélera véritablement le niveau de crédibilité des partis politiques auprès des citoyens. Ce 4 septembre, à la clôture des bureaux de vote et avant même la proclamation officielle des résultats préliminaires des élections, la messe sera dite pour les formations politiques. En attendant de connaître la sentence des urnes, c'est le taux de participation atteint qui cristallisera l'attention et donnera lieu à plusieurs interprétations. Comme lors des dernières élections qu'a connues le Maroc, il s'agira de la grosse inconnue de ce double scrutin, lequel est censé impulser une nouvelle dynamique au processus de développement du Maroc. L'inscription sur les listes électorales a certes explosé et laisse présager un meilleur score que celui de 2009 dont les résultats en la matière restent encore vivaces. Dans son message à la nation prononcé à la veille du lancement de la campagne électorale, le souverain a estimé que «c'est un motif de satisfaction que de voir s'accroître le nombre d'électeurs qui se sont inscrits sur les listes électorales pour la première fois, alors qu'ils boudaient les scrutins précédents en raison de leur mécontentement vis-à-vis du travail des conseils élus». Et Mohammed VI de poursuivre : «Si nombre de citoyens ne s'intéressent pas beaucoup aux élections et s'ils n'y participent pas, c'est parce que certains élus ne remplissent pas leur devoir comme il se doit». Le niveau qu'atteindra le taux de participation électorale témoignera donc du niveau de crédibilité dont bénéficient les différentes formations politiques dans leur ensemble. C'est en effet à elles et à leurs leaders qu'incombait la lourde responsabilité d'inverser la tendance en permettant aux citoyens de se réapproprier leur pouvoir décisionnel dans la gestion de la chose publique et surtout des affaires locales. L'occasion leur a été offerte par la campagne électorale qui vient de s'achever et qui a été l'occasion pour les acteurs politiques d'aller au-devant des citoyens et de les convaincre de la pertinence de leur programme. Crédibilité politique Au sortir donc de cette journée électorale aux multiples enjeux stratégiques pour le Maroc, les acteurs et partis politiques seront édifiés sur le niveau de crédibilité que leur accordent les citoyens. Il est vrai que la pratique politique n'a pas connu un grand changement comme en témoignent les différents évènements qui ont émaillé le déroulement de la campagne et qui rappellent les mauvaises pratiques du passé. Cependant, il importe de souligner qu'au-delà de ce qui est tout sauf un détail de campagne, dans l'ensemble, les partis ont consenti un effort perceptible à bien des égards pour se faire mea culpa. Dans leurs différents programmes élaborés à la veille de la double consultation, les grands axes déclinés témoignent de cette volonté des partis politiques de vouloir véritablement prendre en compte les défis socio-économiques de l'heure. Ils ont essayé au mieux d'identifier ce qui pourrait, à leur avis, constituer des réponses crédibles aux préoccupations des citoyens. Le fait que, d'une manière générale, ces préoccupations demeurent assez semblables, explique largement qu'à bien des égards, ces programmes politiques se ressemblent. Il est vrai qu'en politique et que plus que partout ailleurs, il y a une grande différence entre la théorie et la pratique. C'est justement là l'enjeu principal puisqu'à partir de la fin du scrutin, les partis politiques auront le devoir de continuer à porter la dynamique pour mettre en œuvre les engagements auxquels eux-mêmes ont souscrit. La course aux voix et au siège ne devrait pas occulter le vrai défi qui attend les acteurs et formations politiques, celui de porter le flambeau du processus de la régionalisation ainsi que du renouveau sous le sceau duquel s'inscrit désormais la gestion de la chose locale au Maroc. En votant, les citoyens auront fait leur devoir mais pour les partis, les choses sérieuses ne font que commencer. Il faudrait de ce fait qu'ils s'assurent de bien garder le cap en respectant les promesses qu'ils ont tenues tout au long de la campagne et qui normalement expliqueraient le score qu'ils auront obtenu à la fin de cette consultation. Cadres, jeunes et femmes La promotion de cadres compétents, des jeunes ou des femmes que les partis ont su bien mettre en avant durant la campagne, est un aspect qui mérite une plus grande attention quand le moment sera venu de conclure des alliances. Il ne sert à rien de mettre en avant la présence des jeunes, des femmes ou de compétences sur une liste si au final ce sont les anciennes têtes qui reviennent. Le nouveau visage du Maroc passe inévitablement par la promotion d'une nouvelle élite surtout locale, qui dispose des capacités nécessaires à porter le changement. La reddition des comptes ou le pouvoir décisionnel dont disposent désormais les citoyens pour sanctionner, constituent autant d'arguments pour que les partis politiques fassent enfin leur révolution. Ils pourront réussir alors le pari de renouer la confiance entre le citoyen et la chose politique. Dans les démocraties modernes, cela se jauge par le taux de participation électoral.