Au moment où le Maroc devient terre d'immigration, et même de réfugiés, des Marocains continuent de courir tous les risques pour atteindre la rive nord de la Méditerranée. Ainsi, il y a trois semaines, deux embarcations de fortune avec à leur bord quelque 650 personnes, dont la majorité sont des Marocains, ont échoué entre la Libye et l'Italie. Cela aurait été un carnage sans l'intervention efficace de la marine militaire italienne, qui a secouru 562 personnes et qui déplore une centaine de disparus. Presque un mois après, les familles des disparus n'ont aucune information et le gouvernement n'en parle même pas. Une centaine de vies d'un seul coup auraient dû être assimilées à un véritable drame avec l'intérêt officiel que cela devrait susciter. Rien de cela. Ni gouvernement ni médias ne semblent accorder le moindre intérêt à ce «suicide organisé». Or, c'est un fait de société qui mérite études et analyses de tous. Pourquoi continue-t-on à risquer sa vie pour un Eldorado utopique ? Que fait-on pour les en dissuader ? Quelle alternative leur offre-t-on ? Car il ne suffit pas de dire à ces Marocains que l'immigration en Europe n'est plus intéressante avec la crise mondiale, les craintes sécuritaires et avec l'ouverture des frontières aux pays de l'Est. Le gouvernement devrait commencer par une campagne de sensibilisation avec une mobilisation de toutes les forces vives du pays. En même temps, il faut décrypter les causes réelles de ce phénomène afin de sonder les bonnes pistes de solutions. En attendant, il faut traiter cette catégorie de Marocains avec dignité, de leur vivant comme après leur mort !