Au cours des dernières décennies, on assiste à un processus de mondialisation accélérée qui s'alimente sur l'essor technologique et son impact sur les coûts de production, les coûts de transport et de communication. Les entreprises publiques que privées, quelle que soit leur taille, ne cessent de s'intégrer de plus en plus dans ces processus de mondialisation. Ce qui les oblige à «penser global» et à en tenir compte comme éléments essentiels dans les différentes conceptions stratégiques. Cela dit, que ce soit en amont ou en aval de la chaîne de valeur, les collaborateurs, concurrents, fournisseurs ou clients peuvent provenir de tous les horizons. Ainsi, l'avènement de cette nouvelle économie favorise le développement d'un nouveau paysage géo-socio-économique au sein duquel la PME marocaine doit se positionner. À l'échelle nationale, des efforts considérables ont été déployés ces vingt dernières années pour insérer le royaume dans des circuits d'accords multilatéraux, portant sur le commerce et l'investissement. Il s'agit en particulier des accords de l'OMC... Mais également de coopération bilatérale. Dans ce sens, plusieurs traités de libre-échange ont été signés avec les Etats-Unis, l'Union européenne, la Turquie, l'Egypte et la Jordanie. De même, le Maroc a eu le statut avancé de l'UE en 2008, un accord qui fait suite aux objectifs de la politique européenne de voisinage, visant le renforcement des liens économiques, politiques et sociaux entre les pays des deux rives de la Méditerranée. Ceci, sans oublier l'existence d'une coopération ciblée et une volonté de renforcer la projection économique en Afrique subsaharienne. Ces mutations constituent, pour les entreprises marocaines et plus particulièrement pour les PME, une source d'opportunités (croissance, nouveaux marchés...)mais également de risques (concurrence, nouvelles lois, nouvelles normes....). La PME marocaine s'est-elle préparée ? Malgré tous ces efforts intensifs déployés, il semble que la question de la balance commerciale au Maroc demeure un problème aigu, en raison d'un déséquilibre entre les importations et les exportations (voir figure ci-dessous). Un déséquilibre qui n'a pas cessé de s'aggraver depuis les années 90. En l'occurrence, au centre d'un tel diagnostic retrouve-t-on le principe du jeu à somme nulle où l'un gagne ce que l'autre perd. Ceci mène le débat vers un constat alarmant qui souligne la perte de parts de marché des entreprises marocaines au compte des concurrents étrangers. Les multiples accords de libre-échange ont-ils livré la PME marocaine à une bataille de concurrence internationale perdue d'avance ? Les entreprises marocaines majoritairement composées de PME souffrent de déficit en matière de ressources et compétences nécessaires à toute stratégie d'internationalisation. L'organisation des PME se caractérise par une structuration faible et une spécialisation condensée. Le dirigeant joue un rôle important et s'implique fortement dans l'exécution des tâches quotidiennes. De même, le système d'information reste souvent informel et peu organisé. Ces spécificités apparaissent comme contraires aux exigences des marchés mondiaux qui supposent des comportements d'organisation et de structuration plus clairs et plus formels. Par ailleurs, il existe d'autres problèmes supplémentaires liés à l'importance des facteurs de contingence spécifiques au contexte où évoluent les PME marocaines. En effet, ce contexte se démarque par la tension qu'il présente entre les défis portés par les avancées socio-économiques et l'impact de la tradition encore bien ancrée dans la pratique de gestion des PME locales. À cela s'ajoute l'existence, en même temps, des configurations entrepreneuriales formelles et informelles avec des difficultés de les dissocier dans certains cas. C'est l'exemple de l'importance du poids des relations familiales et l'abondance des implications de leurs membres. Cela a bien été mis en avant par Frimousse et Peretti (2006) dans une étude portée sur les entreprises maghrébines «...un sentiment communautaire et clanique, un esprit de corps «açaba», une dominante patriarcale, un respect des ancêtres, une fidélité à la tradition, une domination de l'homme...la coutume et la tradition dictent les règles. Le non-respect de ces dernières génère de graves conséquences». Or, la question qui se pose alors dans ces circonstances est de savoir comment les PME, avec autant de spécificités parfois «contraignantes», peuvent-elles se développer à l'international pour améliorer l'équilibre commercial du Maroc ? Le déficit de la balance commerciale marocaine marque le retard accumulé sur les marchés mondiaux par ces PME. Sachant que l'enjeu est important, on peut penser que l'augmentation de la concurrence et de l'interdépendance peut nuire à la pérennité des PME. Améliorer la compétitivité des PME marocaines doit être une priorité au lieu d'attendre les vents favorables de l'effondrement du prix des énergies fossiles. Vers une PME marocaine agile qui s'adapte et évolue avec l'environnement Le processus d'internationalisation est un processus complexe et multidimensionnel qui touche à plusieurs aspects, divers enjeux et multiples acteurs. C'est une décision qui doit être mûrement réfléchie et fondée non seulement sur des aspects commerciaux, mais également sur des aspects organisationnels et structurels. Ceci dit, pour permettre aux PME de disposer d'outils d'adaptation et d'action pour atteindre le niveau de «stabilité dynamique» catalyseur de la performance. Une «stabilité dynamique» qui intègre le bagage économique, historique, culturel, et social dont dispose l'entreprise et qui l'adapte aux exigences des marchés mondiaux. En effet, le développement de l'entreprise au-delà de son marché domestique ne se traduit pas exclusivement par une hausse du chiffre d'affaires. Par effet de l'apprentissage, elle améliore ses performances en accédant au savoir-faire et la technologie dont disposent les partenaires étrangers. Ces apprentissages débouchent sur la conception et le développement de nouveaux outils et nouvelles pratiques pour anticiper et prévoir l'internationalisation de demain, à l'instar du numérique, de big data, de l'internationalisation collaborative ou encore le portage à l'international. Le monde appartient aux PME qui savent comment se structurer pour combiner les ressources de territoire et les facilités du numérique pour conquérir les marchés étrangers. Les entreprises sont entrées dans une période de concurrence acharnée où le succès n'est attendu que pour celles qui sont plus compétitives et plus structurées et celles qui adaptent leurs stratégies aux exigences internationales. Hamid Akdim Docteur en économie et gestion Lauréat de l'USMBA (Fès) et de l'Université de Rennes Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.