Lors d'un échange avec la patron d'une société de télécoms, il y a quelques mois, ce dernier soutenait que ses équipes étaient sidérées par la médiocrité du contenu digital, citant à ce titre plusieurs exemples. Le plus ironique, dans cette situation, c'est que j'ai dû lui rappeler que l'entreprise qu'il dirigeait figurait parmi les principaux annonceurs sur la grande majorité des sites qu'il venait d'énumérer. Justement, le drame auquel contribue la majorité des annonceurs, c'est d'ignorer totalement le contenu des sites, au profit du volume. Pour faire fort, les annonceurs exigent d'être sur des sites qui font du chiffre. Et aujourd'hui, les media-planers se sont si bien pliés à ce diktat qu'ils l'indiquent net aux entreprises des médias: votre qualité et votre offre éditoriale importent peu, pourvu que le nombre de clics dont vous justifiez dépasse le seuil minimal de popularité. Le résultat logique de cet état de fait n'est autre que la prolifération de sites qui n'ont de «presse» que la prétention. Ils alimentent leur business de rumeurs, de mensonges, de scandales... et se soucient souvent bien peu de la déontologie. Ceux-là même ont initié une folle course au nombre de visiteurs, au volume de pages vues et au flot de clics, qui remet en cause le principe de publicité et d'association d'images. Cette douloureuse réalité est aujourd'hui décortiquée par le Wall Street Journal, qui met à nu une grosse arnaque sur le volume des visites et des chiffres annoncés pour le digital. Selon le média US, 80% des chiffres avancés aux annonceurs sont faux! Autre exemple: au Japon, la plus grosse agence d'annonces digitales (JAA) s'est récemment excusée auprès de ses annonceurs pour des pratiques peu scrupuleuses. Au Maroc, on en est encore loin. Pire: à ce rythme, on finira par perdre et la bataille de la qualité, et celle de la quantité. Dommage!