Le travail d'analyse réalisé par le Bureau international du travail, dans le cadre des ateliers de réflexions, menés par les femmes chefs d'entreprises au Maroc, relève un certain nombre de dysfonctionnements qui plombent encore le développement des entreprises féminines dans les cinq secteurs clés. Le manque de structuration, l'absence de visibilité sur les différentes chaînes de valeur et la rareté de l'information sont les principaux dysfonctionnements qui plombent encore le développement de l'entrepreneuriat féminin dans les cinq secteurs identifiés. C'est concrètement ce qui ressort du travail d'analyse réalisé par le Bureau international du travail dans le cadre des ateliers de réflexions menés par les femmes chefs d'entreprises au Maroc. Ce diagnostic a fait l'unanimité auprès des femmes entrepreneures appelées à faire part de leurs constats issus du travail de terrain. «Nous avons en effet noté une grande méconnaissance des secteurs et des niches que ces derniers présentent, ceci cumulé à un manque de visibilité sur les différentes chaînes de valeurs», explique Aziza Aouad, consultante chargée de l'étude auprès du BIT. Dans ce sens, les opératrices des cinq secteurs se rejoignent sur le fait que les process de production ne présentent aucune visibilité plombant ainsi le développement des activités. Dans ce même ordre d'idées, les femmes entrepreneures déplorent aujourd'hui un manque d'informations quant aux différents mécanismes mis en place en faveur des très petites et moyennes entreprises et qui leur permettraient éventuellement de développer des activités avec le soutien de différents programmes. Ajouter à cela, des problèmes décelés dans les capacités d'absorption du marché, qui freinent encore le développement d'activités conséquentes dans ces différents secteurs. L'artisanat et le terroir en mal de structuration Si ces deux secteurs présentent un fort potentiel de développement pour les entreprises féminines, il n'en demeure pas moins qu'ils présentent à eux deux le plus gros du travail qui reste à faire pour espérer libérer ce potentiel. «Les femmes entrepreneures ont relevé un manque de connaissance des filières notamment pour les produits du terroir et les appuis disponibles aux producteurs restent pour le moins méconnus», note Aziza Aouad. Du côté de l'artisanat, ce sont les irrégularités dans le processus de production qui ne permettent pas à de futurs opérateurs structurés de s'avancer sur ce marché. Et pour cause, les réalités de ce secteur font qu'aujourd'hui, il est assez complexe pour un chef d'entreprise de garantir un bon respect des délais de ses prestataires, ce qui serait essentiellement lié au manque de structuration des process de production jugés encore trop aléatoires pour garantir une régularité de production et de ce fait envisager des activités à l'export. Plus globalement, l'ensemble de ces constats rejoignent ceux dressés par le ministère de tutelle qui s'est basé sur la pré-évaluation du contrat-programme 2007-2015 pour réaliser une nouvelle vision stratégique qui devrait prendre le relais de la Vision 2015, dans les prochains mois. Cette nouvelle vision englobera l'ensemble des métiers de l'artisanat en maintenant d'un côté les acquis liés à l'artisanat à fort contenu culturel et devrait aussi intégrer l'utilitaire et surtout le service comme l'annonçait Fatema Marouane, ministre de l'Artisanat en mars dernier. «En capitalisant sur les points forts de la Vision 2015, de nouveaux chantiers de développement à fort impact seront ouverts», rassurait la ministre. Voilà de quoi donner plus de visibilité sur un secteur que les femmes entrepreneures pourront à l'avenir aborder avec davantage d'assurance et une meilleure connaissance des niches à développer.