Comme d'habitude, je vais parler de trucs qui ne me regardent pas, mais cette fois-ci, je vais vous parler d'un «truc» que je regarde : le cinéma ! Ça faisait longtemps que ça me démangeait, mais je l'ai souvent reporté pour des raisons, disons, d'actualité. Cela dit, je n'ai jamais été totalement muet sur «la chose», car, quand l'actualité me le dictait - sans bien sûr, me donner d'ordre – je ne me retenais pas. Mais c'était souvent conjoncturel et donc souvent superficiel. Aujourd'hui, j'ai une folle envie d'être, pour une fois, plus global, et si possible, plus consistant. Au Maroc, n'importe qui parle de cinéma, comme il parlerait de télé, de foot, ou encore de politique (quoique, pour la politique, je pourrais le comprendre car, vraiment, c'est donné à n'importe qui). Bref, tout le monde se croit assez malin pour discourir et parfois écrire sur le cinéma, et prétendre le faire comme un expert. Et la plupart du temps, ce n'importe qui dit et écrit n'importe quoi ! D'abord, ceux qui m'agacent le plus, ce sont ceux qui se sont auto-désignés défenseurs du peuple et de ses «biens publics», et qui tombent à tout bout de champ et à bras raccourcis, sur les pauvres cinéastes marocains – qui sont d'ailleurs, à leurs yeux, pas si pauvres que ça - sur le cinéma marocain en général, et, bien sûr, sur ceux qui sont chargés de s'en charger. Qu'ils m'excusent ou qu'ils ne m'excusent pas, mais laissez-moi leur dire que ce qu'ils racontent en général c'est, justement, du n'importe quoi ! Avant de présenter, contrairement à eux, des preuves de ce que je vais avancer, je voudrais préciser que personne ne m'a délégué pour le défendre, ni m'a confié une quelconque mission de clarification. Il y a juste que je n'aime pas trop qu'on soit trop injustes envers des gens qui, malgré tout, produisent ou contribuent à produire de la... culture. Eh oui ! Parce que ce que ces gens-là ignorent, ou bien feignent d'ignorer, c'est que le cinéma est un produit culturel par excellence. Et la culture, messieurs, ce n'est pas de la confiture qu'on mange et... qu'on évacue (pardon d'être aussi inélégant), mais c'est une valeur historique éternelle qui n'a pas de prix. Justement, le prix, parlons-en ! Quand ces gens-là nous parlent de «l'argent du contribuable», de combien parlent-ils ? Je vais vous le dire : à peu près 60 millions de DH pour le fond d'aide au cinéma, auxquels on pourrait ajouter un peu plus de 30 millions de DH de frais de gestion du CCM, disons, en gros, un peu moins de 100 millions de DH... par an ! Et savez-vous ce qu'on fait avec tout ce peu d'argent ? Près de 20 films, entre longs et courts-métrages, qui ont représenté le Maroc, par exemple en 2009, dans près de 90 festivals dans le monde, et qui ont remporté, plus de 20 prix internationaux. Et attendez, je n'ai pas fini : les productions cinématographiques étrangères ont investi au Maroc, près de 500 millions de DH, rien qu'en 2009, qui est loin d'être la meilleure année, puisque ce chiffre a atteint, une seule année, certes, près d'1 milliard de DH ! Alors, vraiment, de quoi parle-t-on ? Justement, de n'importe quoi !