Le constat est flagrant : Yasmina Baddou, qui tient tant aux recommandations de l'OMS, ne fait apparemment rien pour émettre des rappels à l'ordre dans les rangs de son personnel hospitalier. Vendredi dernier, nos appels répétés pour demander des explications au ministère de la Santé, au service d'hygiène national, à l'institut Pasteur et à l'hôpital Moulay Youssef sont restés sans réponse. Néanmoins, le département de la Santé a mis à la disposition des services hospitaliers du royaume un manuel de procédures face à cette pandémie. Et contrairement à ce qui a été révélé dans le témoignage, on peut y lire par exemple que «l'infirmier chargé de l'accueil et de l'orientation des patients doit identifier rapidement les cas répondant à la définition du cas possible», autrement dit, les personnes présentant des symptômes, au moins similaires à ceux de la grippe A. Mieux encore, le manuel insiste sur le fait d'isoler ces cas avec «les précautions d'usage» et d'orienter chacun d'eux sans délai (!) vers la consultation médicale pour une confirmation clinique : «Avec ou sans signe de complications, le patient est transféré sans délais (!) vers l'hôpital de référence pour une prise en charge dans les locaux dédiés à cet effet», précise le manuel. Et comble de la rigueur, une cellule d'épidémiologie, avec l'appui de l'observatoire régional de la santé, «procède à l'enquête autour du cas et surveille tous les sujets» qui ont été en contact avec le patient... A la lecture du manuel, on est presque tenté de croire qu'il a été copié depuis un manuel étranger. Toutefois, on en déduit vite que toute la chaîne est biaisée. Le seul exemple de l'hôpital Moulay Youssef démontre fortement que, plus par insouciance que par compétence professionnelle, beaucoup de visiteurs risquent de «choper le virus» une fois à l'intérieur de l'établissement. Et loin d'être alarmiste, la situation semble échapper aux responsables. Pourtant, il y va de la santé des citoyens, y compris le personnel des hôpitaux.