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Exclusif. Botox party, Les Echos quotidien mène l'enquête
Publié dans Les ECO le 19 - 07 - 2012

Le Maroc a toujours été un grand importateur... plus encore lorsqu'il s'agit de tendances. La dernière trouvaille en date se trouve être justement celle des Botox Parties. Il s'agit de réunions servant d'occasions pour recevoir des soins de médecine esthétique dans des cadres plus «intimes» que dans un cabinet de médecine classique. Un médecin est convié à cette occasion d'une part, pour répondre aux questions des personnes hésitantes ou curieuses, et d'autre part - et c'est là l'objectif principal, de prodiguer des injections de Botox dans des espaces qui sont généralement équipés à cette fin. Durant les jours ou semaines qui suivent, le médecin continue le suivi post-intervention de ses «clients». Ce concept est aujourd'hui «importé» au Maroc, puisqu'une soirée du genre a été organisée le 2 juin dernier dans un luxueux hôtel de Marrakech. Derrière cette «initiative», un ressortissant français qui a pu réunir pour son événement, près de 400 personnes «autour d'un verre pour les détendre». Cette affluence a été d'ailleurs, source de fierté pour l'initiateur, qui a relaté, sans se montrer avare en détails, le déroulement des préparatifs et de la soirée aussi, dans une discussion publique sur le net. Au fil de cet échange, publié sur un blog «régional», le Français reconnaît avoir été contacté par le Conseil de l'ordre des médecins (CNOM), 24heures avant l'organisation de la Botox Partyn en vue de lui signifier l'interdiction formelle et légale de réaliser des injections de Botox au Maroc, dans un cadre privé.
Déterminé
Selon les «aveux» du concerné, le CNOM a même brandi la menace de tout faire pour «le renvoyer chez lui, de rayer le médecin de l'ordre et de poursuivre l'hôtel en justice». Ce qui n'a pas semblé perturber le moins du monde l'organisateur, ni ses collaborateurs, puisque la soirée a finalement bien eu lieu. «Dès que nous avons eu connaissance de cette réunion nous avons saisi le CNOM pour qu'il saisisse à son tour la justice. Mais rien n'a été fait jusqu'a présent», affirme Saad Agoumi, président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés. L'injection du Botox, explique le praticien, doit être réalisée par un spécialiste dans un lieu dédié et équipé pour cette tâche. Dans le cas de cette soirée Botox, l'acté médical a été réalisé dans un cadre de festivité. «Ce qui est contraire à la loi et à la déontologie», ajoute Agoumi. Sur ce point l'organisateur, dans sa discussion, affirme qu'il est allé voir «le doyen» (dont on ignore l'identité) qui lui aurait conseillé de faire venir un médecin pour que ce dernier «donne des conseils sur les injections de Botox». Et la soirée s'est bien passée, comme le confirme l'organisateur de la soirée ne prêtant ainsi aucune attention aux menaces du CNOM qui de toute façon n'a pas pu empêcher la réunion et n'a pas non plus saisi la justice comme il l'a si bien signifié aux organisateurs. D'ailleurs, en dépit de plusieurs tentatives, Les Echos quotidien n'a pu réussir à entrer en contact avec les responsables du CNOM, ceux-ci étant injoignables par téléphone. Autre rebondissement, comme s'en targue l'initiateur de la soirée «celle-ci a eu des échos jusqu'en Angleterre où un laboratoire pharmaceutique voulait porter plainte contre lui car le Botox est une marqué déposée». Sur ce point, il faut aussi préciser que le distributeur du produit qui est l'entreprise Steripharma, a saisi les responsables aussitôt après avoir pris connaissance du projet de l'événement. Une correspondance (dont les Echos quotidien détient copie) a ainsi été envoyée par l'entreprise à l'attention des responsables du ministère de la Santé, du CNOM, du Conseil national de l'ordre des pharmaciens et du Conseil de l'ordre des pharmaciens fabricants et répartiteurs. L'objectif en était de décliner toute responsabilité pharmaceutique et médicale sur le produit utilisé durant cette soirée, ce denier n'étant pas distribué ni par Steriphrma ni par son commettant Allergan. Dans son interview, l'organisateur de la soirée se vante du succès de celle-ci et de la présence de personnalités de marque mais aussi d'associations caritatives. Des interviews auraient même été accordées, de même qu'une émission de télé-réalité qui devrait être diffusée en septembre prochain sur une célèbre chaîne de télévision française. L'extravagance ne s'arrêtant pas là, l'initiateur de la première Botox Party «décelée», affirme dans sa discussion sur le net que «cette soirée a été organisée en hommage à sa mère» et qu'il souhaitait «faire des soirées qui choquent dans une certaine limite au Maroc». Et d'ajouter : «Je voulais accentuer la curiosité des gens et le Botox était le sujet idéal pour cela». Cela étant avec «tout le succès» de la soirée, son organisateur affirme à son interlocuteur sur le net que globalement il a «perdu de l'argent mais cela en valait la peine car il s'agit d'un investissement» pour son «image à Marrakech».
Facebook en mode Botox
Sur le net également, une page a même été créée sur le réseau social Facebook, annonçant la soirée «dans le pays des mille et une nuits». Cette «première en Afrique» telle que cet évènement a été décrit a pour autant réussi à en séduire plus d'un, puisque les échanges sur cette page étaient on ne peut plus intéressés. Le bouton «je participe» a eu un fort engouement par ailleurs. Les questions, les invitations, les allusions florissent sur cette page et ne laissent aucun doute à son visiteur. Comble de l'histoire, sur la page personnelle de l'organisateur, celui-ci n'écarte aucunement l'option de faire voyager son concept en septembre prochain pour l'oganiser, cette fois-ci, à Casablanca. Ni la date ni le lieu n'y ont été mentionnés, mais le ressortissant français parlait d'un déplacement à Casablanca pour «des soirées de folie en septembre... et pourquoi pas une Botox number 2 là-bas ?», commente l'organisateur. D'ici là, le ministère de la santé, le CNOM ou encore le conseil national de l'ordre des parmaciens réagiront-ils enfin ? Wait and see...
Point de vue
Kamal Iraqui Houssaini,
président de la Société marocaine de chirurgie plastique
«Il faut que les responsables réagissent». L'organisation de soirées Botox est un énorme scandale. Dès que nous avons eu connaissance de cette soirée, nous avons saisi le Collège syndical national des médecins spécialistes privés qui a, à son tour, alerté le Conseil national des médecins (CNOM) et le ministère de la Santé. C'est tout ce que nous pouvons faire au sein de la Société marocaine de chirurgie plastique. C'est au CNOM et au ministère de tutelle de prendre les mesures adéquates à l'égard des médecins qui ont procédé à des injections de Botox dans cet hôtel. Il s'agit là d'un acte pénalement répressible car il enfreint le dahir n°1-96-123 du 21 août 1996 portant promulgation de la loi n° 10-94 relative à l'exercice de la médecine. Cette loi stipule que le médecin ne peut exercer que dans un lieu dédié et non en dehors de ce lieu. Dans le cas de cette soirée, l'acte médical a été réalisé dans un hôtel avec tous les risques qui peuvent y être liés. Les patients qui subissent ces injections peuvent être sujets à de graves problèmes ou à d'énormes malaises. Il faut savoir que le produit injecté est une toxine qui peut entrainer des dégâts très importants. Elle ne peut être utilisée chez tous les sujets, comme c'est le cas pour les adolescents, les femmes enceintes, les diabétiques. Dans ce cas, comment peut-on assurer la réanimation de ces patients dans un hôtel qui n'est pas un lieu destiné à des actes médicaux et ne dispose pas d'équipements dédiés.
Il faut savoir qu'il y a toujours un risque, d'où l'obligation de pratiquer ces interventions dans les règles de l'art. Le médecin doit d'abord consulter les patients avant de leur injecter du Botox. Si rien n'est fait pour mettre fin à ces pratiques, le risque est que ces derniers se banalisent et puissent même être pratiqués dans des salons d'esthétiques. Il faut que les responsables réagissent.
Pour l'amour de la beauté
À travers le monde, des soirées Botox sont organisées avec la seule assurance que les injections «sont réalisées par un médecin dans un lieu dédié et équipé». Les initiateurs de ce type de rencontres mettent aussi en avant le fait que «les conditions d'hygiènes sont totalement respectées». Les annonces assurent également, ce n'est pas le cas très souvent, que les invités ou les patients «bénéficieront de suivi post intervention». Il s'agit là d'un plus pour mieux attirer la clientèle. Mieux encore certains proposent un rabais de groupe. Cela étant le Botox est fréquemment utilisé par la chirurgie esthétique dans le but de procurer une «certaine jeunesse et fraîcheur corporelle». Le Botox ou la toxine botulique, doit normalement être utilisé à faible doses sur des petites surfaces. Après son injection, la toxine botulique agit sur les muscles en provocant leur paralysie. Ce qui a pour effet d'atténuer les rides. Cette antirides comme d'autres d'ailleurs sont aujourd'hui bien surveillés aux Etats unis ou leur utilisation à forte doses aurait causé la mort d'une quinzaine de personnes. La toxine botulique a été introduite légalement dans les traitements et opérations esthétiques en France dès 2002 mais dans des interventions limitées. Cependant, elle a déjà été utilisée auparavant à partir de 1980 pour traiter les troubles oculaires, tels que le strabisme et les clignements d'yeux incontrôlés. Selon les spécialistes «Il en faut des doses au moins mille fois plus élevées que celles utilisées pour un traitement». S'agissant, de l'effet thérapeutique de la toxine botulique, ce dernier est palpable souvent après quelques jours et peut durer jusqu'à 4 mois. L'autre question importante qui mérite d'être soulevée est qu'il est strictement déconseillé par les professionnels de la Santé de consommer de l'alcool avant de subir l'intervention. Ce qui rend ce type de soirées où généralement l'alcool coule à flots, dangereuse pour les amateurs de Botox parties. Mais, dans ce genre de médecine festive, on n'est pas à un paradoxe près.


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