Au moment où le président du gouvernement espagnol prenait sa première photo officielle avec le couple Obama aux Etats-Unis, environ 6.000 manifestants tentaient d'encercler hier mardi, le Congrès des députés, le jour de la séance plénière, pour protester contre les coupes budgétaires et les mesures d'austérité menées par le gouvernement conservateur. De violents affrontements ont éclaté entre les indignés espagnols et la police anti-émeute, laquelle n'a pas hésité à recourir à la force pour contrôler la foule. Le bilan provisoire de ces heurts fait état de 64 blessés et 35 détenus. Les manifestants appelaient à la démission du gouvernement et au début d'un processus constitutionnel, dans le dessein de se rebeller contre la troïka européenne et ses exigences insoutenables. Le feu des manifestations s'est propagé partout en Espagne et la rentrée est placée sous le signe de la révolte. Mais au-delà des manifestations, devenues un fait courant dans la vie sociale espagnole, le voisin ibérique vit l'un des moments des plus critiques. Les Espagnols ont perdu confiance en leur classe politique et les multiples cures d'austérité n'arrivent pas à faire reculer cet indomptable déficit public. Et pour cause, les perspectives ne laissent entrevoir aucune légère récupération économique à l'horizon, ce qui renforce le sentiment d'inefficacité de ces mesures. De même, ces protestations n'arrangent en rien les efforts du gouvernement de rassurer les marchés. Hier mercredi, la place madrilène s'est enfoncée dans le rouge, conséquence de cette chaude nuit d'échauffourées. L'ibex 34 a reculé de 3% et la tension a refait surface sur les marchés. Le Trésor public de la quatrième puissance de la zone euro a du mal à se financer à des taux raisonnables et se voit acculé à payer plus cher pour se financer. Dans ce panorama peu reluisant, la dépression économique a ravivé les velléités séparatistes de la Catalogne, l'une des plus riches régions autonomes et des plus endettées aussi. Son gouvernement régional, mené par le nationaliste Artur Mas, a convoqué des élections anticipées pour statuer sur l'avenir de cette région. Après l'échec des pourparlers avec Madrid, où il était question d'un statut fiscal autonome pour lever l'impôt, la Catalogne a appelé ses citoyens aux urnes pour prononcer leur dernier mot, le 25 novembre prochain. Une instabilité politique qui ne sert en rien les intérêts du gouvernement central et ne fait qu'affaiblir davantage son pouvoir. En outre, le gouvernement devrait mettre en place cette semaine le fonds d'aide financière aux régions autonomes espagnoles. 18 milliards d'euros y seront injectés pour venir en aide aux régions autonomes espagnoles. Les trois régions qui traînent la plus lourde ardoise (Andalousie, Valence, Catalogne), ont besoin à elles-seules, de 10 milliards d'euros pour éviter de tomber en cessation de paiement. Les marchés attendent aussi le Budget 2013, lequel sera adopté ce jeudi. Les retraités retiennent leur souffle, car il semble que le gouvernement n'exclut pas des ajustements dans le régime des retraites, pour équilibrer ses comptes et réduire ce déficit public. Chose qu'il a nié par le passé, comme d'ailleurs la longue liste des promesses non tenues par les conservateurs.