Le Mégarama de Casablanca a tenu en son sein, le 18 octobre, les retrouvailles d'Abdou Cherif avec le public marocain. Que d'émotions ! La dernière représentation de celui que d'aucun qualifie de «nouveau rossignol» au Maroc date du 5 juin 2009 et «le public marocain lui manquait énormément», comme il nous l'a confié quelques jours avant sa prestation au Maroc. Et le moins que l'on puisse dire est que ces retrouvailles étaient accompagnées d'une réelle interaction avec un public qui a été transporté avec intensité dans le répertoire halimien, mais pas seulement ! En effet, le talentueux interprète marocain a chanté en plus des classiques d'Abdelhalim Hafez tels que «Touba», «Gabbar», «Nar ya habibi Nar» ou encore, «Ana lek ala toul», des classiques du répertoire francophone et notamment, les compositions du chanteur belge Jacques Brel. Une salle archi-comble, un orchestre marocain virtuose et un interprète réputé pour incarner le rossignol brun dans toute son émotion, ont été les composantes d'une soirée où l'auditoire a vibré avec une des plus belles interprétations d'Abdou Cherif, comme il l'avait promis à son public juste avant d'entrer sur scène. Et si c'est grâce à un style nouveau qu'Abdelhalim Hafez a pu imposer ses compositions, signées Kamal Taouil et Mohamed El Mougi, dans un univers de grands noms de la chanson arabe tels que Mohammed Abdelwahab, Oum Keltoum, Farid Al Atrach, ou encore Najat Saghira, Abdou Cherif puise tout autant dans une stylisation encore plus subtile du répertoire du rossignol brun, avec des capacités vocales des plus impressionnantes comme en témoigne son interprétation de «Gabbar», où l'auditoire a eu droit à des envolées dignes des plus grands ténors tels que Pavarotti. L'orchestre qui a suivi l'interprète n'a pas manqué le rendez-vous donné par celui-ci, pour offrir un beau spectacle où le saxophone, la guitare et l'orgue composaient conjointement avec le qanun, la darbouka et le nay, servant de socle à la voix d'Abdou Cherif. Interaction Ces retrouvailles ont été aussi marquées par un artiste quelque peu chagriné de ne pouvoir se reproduire plus souvent dans sa patrie, faute de sponsors. «S'il faut changer de nationalité pour plaire aux sponsors, je demande à ces derniers de redevenir Marocains», a-t-il lancé après avoir salué un public mobilisé pour une belle interprétation, qui a su conquérir l'Orient comme l'Occident durant son parcours. L'interprète a aussi salué bon nombre d'artistes marocains qui étaient présents ce soir-là, comme Bachir Skirej, Abderrahim Souiri, ou encore Adil Zerhouni.