C'est fait ! À l'issue de la réunion tenue ces deux derniers jours à Rabat au sein de l'Institut supérieur de l'information et de la communication (ISIC), par le bureau de l'Unesco, le Maghreb disposera très bientôt de son propre programme de formation de journalistes. «Nous espérons publier cette annexe en 2011», avance Batirztze Eguiluz, secrétaire de la communication et de l'information au bureau de l'Unesco à Rabat. Une ambition qui a priori devrait être partagée par l'ensemble des acteurs «enseignants» de la région. Mais pas uniquement, puisque l'événement a été organisé en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la femme (UNIFEM) ainsi que l'agence ZIEG de coopération maroco-allemande pour le développement et l'éducation islamique, la science et la culture ISESCO et ISIC. Une formation déclinée en trois niveaux Adaptée à la région d'après le modèle pour l'enseignement de la profession réalisé par l'organisation internationale, la version maghrébine se concentre essentiellement sur «l'intégration du genre». C'est à croire que l'inégalité des genres, du moins en matière d'information ou de médiatisation, est plus présente dans les pays du Maghreb qu'ailleurs. «Les experts en formation au journalisme du Maghreb nous ont recommandé d'y intégrer l'approche genre afin de réussir cette maghrébisation des modèle cursus de l'Unesco» explique à ce titre Eguiluz. Pendant deux jours, des représentants des institutions de formation de journalistes venus d'Algérie, de Tunisie et du Maroc, se sont donc donné rendez-vous dans la capitale, pour analyser et réviser le premier projet de l'Unesco à ce sujet, publié en 2007 et baptisé «Curricula Modèle». Soit près de deux ans après que les Etats membres de l'organisation aient initié une demande d'aide à la conception de programmes d'études de formation au métier de journaliste. Une revendication qui, à l'époque avait incité l'Unesco à organiser une réunion consultative à Paris réunissant plusieurs experts et enseignants, avec pour objectif indiquer tous les cours qui doivent être inclus dans un programme d'études de journalisme. Résultat, le «Curricula Modèle» est pratiquement perçu aujourd'hui comme une «bible» de l'enseignement journalistique dans plusieurs pays du monde. «Un repère pour la structuration des programmes de formation au journalisme», avance le représentant de l'Unesco au Maroc. Brossant un tableau détaillé des différentes étapes de formation, ce programme type repose sur trois niveaux : la formation universitaire de premier degré, s'étendant sur une durée de trois ou quatre ans (avec deux programmes distincts) et la formation de type maîtrise (master) allant jusqu'à deux ans d'étude. Faisant suite à la première réunion du genre de l'organisation mondiale installée au Maroc en décembre 2009, cette rencontre visait, du moins pour les organisateurs, «à encourager le développement de projets stratégiques pour répondre aux besoins institutionnels d'intégrer les questions sexospécifiques dans les écoles de journalisme». La question de l'intégration du genre fait également partie des sujets ayant trait à cette adaptation. L'objectif étant également de former et de sensibiliser les enseignants à ce type d'approche «genre» à travers les médias. Reste à savoir si, une fois en poste, un journaliste conscient de l'importance de ce type d'approches saura «imposer» ses acquis dans un contexte pas toujours très égalitaire. S.A