La seconde moitié du siècle dernier a été marquée par l'accession à l'indépendance de la plupart des anciennes colonies. Plusieurs lectures de l'histoire se côtoient, véhiculées chacune par une vision idéologique. Indépendance gagnée au prix du sang pour les uns, abandon par le colonisateur pour les autres en raison de motifs peu glorieux, comme le souligne Alexandre Gerbi dans son ouvrage «Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine», chacun essaie de justifier au nom de ses croyances le pli qu'il souhaite donner aux événements. Tout au long du XXe siècle, des voix se sont élevées contre l'injustice, la colonisation, la terreur, et pour la liberté, l'égalité et la démocratie. Des voix comme celles de Sédar Senghor, Houphouët Boigny (la première version du personnage avant qu'il ne s'enlise dans les délices du pouvoir), Bourguiba (également dans sa version initiale) ou encore Patrice Lumumba que l'on vient de célébrer. Ces voix, reprenant à leur compte les préceptes et les idéaux proclamés universels, les avaient fait leurs. Depuis les années 70, les pays riches n'ont eu cesse de critiquer l'Afrique pour ses totalitarismes. Avec le changement de siècle et les attentats du 11 septembre, nous avons assisté à la mort de la diplomatie. Fi des bonnes manières, l'obsession des puissants étant de se prémunir de ces sauvages qui ne rêveraient que de les envahir. Et tant pis pour l'éthique, la morale, etc. Le problème, c'est que les anciens élèves se battent aujourd'hui pour que les anciens maîtres appliquent les règles de base de la démocratie, ou au minimum n'entravent pas leur route vers la liberté. De Guantanamo à l'Irak, du Yémen à la Tunisie, de la Libye à la Grande-Bretagne, les exemples sont foison. Comme l'histoire d'Henry Djaba, citoyen britannique d'origine ghanéenne, enlevé et torturé à Tripoli et prié par les autorités de son pays de passer l'éponge pour ne pas porter préjudice aux nouvelles relations anglo-libyennes.