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Etrangers des médinas, le phénomène se tasse
Publié dans Le Soir Echos le 14 - 06 - 2011

Anne-Claire Kurzac-Souali, géographe, chercheur associée au Centre Jacques Berque et enseignante au lycée Descartes de Rabat, évoque le processus de réhabilitation et de rénovation dans les centres historiques au Maroc, ainsi que le rôle des étrangers dans ce processus de prise de conscience patrimoniale.
Parlez-nous de votre recherche sur les médinas marocaines.
J'ai fait une thèse sur les médinas de Rabat, Marrakech, Essaouira, Fès et Asilah. Je me suis surtout intéressée aux mécanismes du processus de réhabilitation et de rénovation dans les médinas, ainsi qu'au rôle des étrangers dans ce processus de valorisation patrimoniale. J'ai étudié les effets du retour d'une population plus aisée et socialement surclassée dans les médinas. Le fait que ces personnes sont en grande majorité des étrangers nous met face à une gentrification (phénomène d'embourgeoisement) de type exogène, ce qui change tout dans le rapport des investisseurs à ce patrimoine et à l'identité des lieux, ainsi qu'au sentiment de dépossession du patrimoine pour les Marocains par rapport à cette présence étrangère et au rachat des « dars » et des « riads ».
Comment se passe cette cohabitation ?
Il existe le plus souvent une forme de tolérance et de bienveillance envers ces nouveaux habitants. En général, les Marocains des médinas s'adaptent face à cette présence étrangère concentrée dans certains quartiers ou certains derbs. On note évidemment des pôles de résistance et des craintes, mais au quotidien, les rapports de voisinage se passent bien entre Marocains et étrangers, c'est plutôt entre étrangers eux-mêmes que c'est plus complexe. Si on ne remarque pas de tensions extrêmes au quotidien, on remarque une instrumentalisation des peurs et des angoisses face aux changements.
«Les Marocains vivant dans les médinas s'adaptent à cette présence étrangère concentrée dans certains quartiers ou certains derbs».
De la part de certains intellectuels, mais aussi par des restaurateurs et des patrons d'hôtels qui dénonçaient, à juste titre, l'introduction d'espaces d'hébergement non déclarés avec la diffusion de la formule des riads-maisons d'hôtes, notamment dans la médina de Marrakech au début des années 2000. Ce phénomène montre aussi d'autres craintes face à la mondialisation, l'occidentalisation des mœurs, la perte d'identité culturelle ou des traditions. Comme partout, l'étranger peut cristalliser les peurs dans des sociétés fragilisées.
Anne-Claire Kurzac-Souali : « Il existe souvent un lien de proximité historique ou familial entre ceux qui s'installent et le Maroc ».
Le nombre d'étrangers qui se sont installés dans les médinas durant la période de votre recherche (2003-2007) a-t-il progressé ?
Au cours de ma période de recherche, le phénomène s'est peu à peu tassé, du fait de la hausse des prix et du faible nombre de logements à haute valeur patrimoniale encore disponibles dans les médinas. Les investissements sont désormais plus diffus sur le territoire national, nombreux en périphéries des grandes agglomérations et dans certaines zones rurales plus reculées.
Le nombre d'étrangers qui se sont installés dans les médinas durant la période de votre recherche (2003-2007) a-t-il progressé ?
Au cours de ma période de recherche, le phénomène s'est peu à peu tassé, du fait de la hausse des prix et du faible nombre de logements à haute valeur patrimoniale encore disponibles dans les médinas. Les investissements sont désormais plus diffus sur le territoire national, nombreux en périphéries des grandes agglomérations et dans certaines zones rurales plus reculées.
Quel est le profil de ces nouveaux occupants des médinas ?
Ce sont en majorité des Français, des Britanniques, des Belges et des Espagnols, mais aussi d'autres nationalités. Il existe souvent un lien de proximité historique ou familial entre ceux qui s'installent et le Maroc. On trouve désormais de nombreux retraités parmi eux, qui viennent s'installer de façon pérenne ou fonctionnent selon un système de double résidence.
Leur profil a-t-il évolué avec les années ?
Au départ, dans les années 1970, les pionniers étaient surtout des artistes. Puis sont venues des personnes qui avaient une conscience patrimoniale très forte et qui avaient une propension à s'expatrier. Designers, architectes, artistes qui ont réhabilité leurs maisons dans le respect de l'artisanat traditionnel…. A partir des années 2000, le phénomène s'est « banalisé » avec la médiatisation du phénomène des riads, à tel point que l'individu lambda se disait, au moment ou en vue de sa retraite : « pourquoi pas moi ? ».
Quels effets ont eu ces installations d'étrangers sur le patrimoine ?
On ne prend en compte le patrimoine que lorsqu'il s'abîme ou lorsqu'on ne l'a plus. Donc le rachat de nombreuses maisons traditionnelles par les étrangers fait qu'il y a une réaction de la population en vue de leur protection.
A partir des années 2000, le phénomène s'est « banalisé » avec la médiatisation du phénomène des riads.
Une véritable conscience patrimoniale s‘est mise en place – ou s'est généralisée – alors que de nombreuses médinas se sont transformées par l'action conjointe des investisseurs privés et des efforts des autorités locales pour améliorer leur environnement et les embellir à des fins touristiques.
«  L'étranger qui arrive dans la médina et qui est obligé de s'habituer à un mode de vie différent est dans un apprentissage de l'altérité par choix ».
Comment les Marocains ont-ils réagi face à cette « intrusion étrangère » ?
L'étranger qui arrive dans la médina et qui est obligé de s'habituer à un mode de vie différent est dans un apprentissage de l'altérité par choix. Il peut entamer une réflexion sur ce qu'il est, lui, dans cet environnement nouveau, qui est souvent très accueillant. Inversement, les Marocains qui travaillent dans les maisons d'hôtes et qui côtoient ces étrangers, peuvent apprendre de leur présence et ça ne peut être que bénéfique. Malgré les crispations et les malentendus perceptibles entre des anciens et nouveaux habitants de niveau de vie différent et aux pratiques urbaines parfois distinctes, malgré les rumeurs d'invasion ou l'éviction, parfois, de populations plus pauvres par ce processus, la médina est devenue un lieu privilégié pour se rencontrer, se côtoyer et partager parfois un quotidien.
Comment va évoluer ce phénomène ?
C'est un phénomène inéluctable du fait de l'ouverture du Maroc. En situation d'interface, il possède des avantages comparatifs qui sont utilisés par des populations du Nord. La présence étrangère – encore faible en réalité au Maroc – montre néanmoins un processus de mondialisation des territoires, des pratiques et des individus.
Propos recueillis par Selma T.Bennani


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