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Tanjazz : des instants de grâce
Publié dans Le Soir Echos le 26 - 09 - 2011

La communion entre audience tangéroise et jazzmen aguerris a de nouveau démontré l'exceptionnel potentiel de Tanjazz, qui souffle cette année sa douzième bougie. Un vent de groove venu des racines mêmes de cette musique a balayé les planches du palais Moulay Hafid à Tanger.
Grande musique emblématique du siècle écoulé, le jazz de la Nouvelle Orléans est aussi mythique que les artistes qu'il a engendrés. Cette forme musicale n'a pas manqué de marquer les deux concerts phares de ce week-end. Roy Hargrove et son quintet ainsi que Lillian Boutté et les Gigolos ont transcendé les frontières culturelles.
Le premier, trompettiste émérite, marqué par une maîtrise de jeu comme on en voit rarement chez nous, a gratifié le public d'un mélange de jazz classique aux sonorités post bop et jazz moderne groove. Influencé par de grands musiciens tels que Larry Willis, Ronnie Mathews et Jacky McLean, il a livré, aux côtés de son quintet et son saxophoniste au souffle exceptionnel, une performance aux confins du mystique. Originaire de Texas et formé à l'école new-yorkaise, il est devenu l'un des plus grands musiciens de jazz de la «nouvelle génération». Jouant avec des ténors dont Johnny Griffin et Joshua Redman, Roy Hargrove a enregistré avec Herbie Hancock, Diana Krall, Abbey Lincoln et tant d'autres. Interrogé par Le Soir échos sur sa relation fusionnelle avec le jazz, le musicien, mystérieux et emporté, a répondu : «Les gens ont tendance à oublier ces grands moments organiques de la vie, comme un concert de jazz, pris comme ils sont par l'ère de l'Internet et de la musique digitale. Je suis un soldat et je me battrai toujours pour que le jazz libère la conscience. »
Autre pilier de la musique originelle du West Coast et grande dame du jazz funk, Lillian Boutté a déployé une présence électrisante et une énergie totalement désarmante, prenant son public de court. Profondément authentique et bon enfant, d'une aisance jubilatoire et d'un humour volontiers, follement nourrie de jazz et pétrie de sa Nouvelle Orléans, la chanteuse a délicieusement parachuté son public dans cette époque culte, genèse décisive d'une musique du cœur. Elle a ressuscité l'âge d'or du jazz, reprenant les grands classiques et enchaînant les reprises aux poésies déchirantes et aux mélodies mythiques. Elle a interprété Tennesse Waltz, Proud Mary, la lancinante Louisiana du grand Randy Newman, Black Bird, C'est si bon et What a Wonderful World du légendaire Louis Armstrong. Avec elle, la soirée au palais Moulay Hafid a pris des allures d'une véritable téléportation dans cet univers inoubliable des années 20 et 30. On aurait pu être aux bords du Mississipi, en transe devant un jazzman exalté, guitare à la main et riffs incontrôlables dans la tête.
Signalons que la chanteuse avait reçu le titre d'Ambassadrice musicale de la Nouvelle Orléans, deuxième titre à être décerné dans la ville après Louis Armstrong. A chaque chanson, elle citait Louie comme un amant, un frère, à la fois âme sœur et mentor. Aux cuivres, au piano, à la contrebasse et à la batterie, les six membres des Gigolos, le groupe avec lequel Lillian chante depuis dix ans dans tous les coins du monde, lorsqu'elle ne joue avec son groupe basé en Nouvelle Orléans. Une performance peace ponctuée de messages d'amour et de partage, d'une Miss Sunshine inconditionnelle qui a fini son concert en serrant les mains de l'audience au premier et au deuxième rangs. Certaines personnes irradient la chaleur humaine, à croire qu'il y a des anges sur terre. C'est jubilatoire.
Toujours au somptueux palais Moulay Hafid au cœur du quartier italien, transformé, le temps du festival, en un temple jazzy, d'autres vibes ont fendu l'air de Tanger. Dans les deux ailes du palais où se côtoient les salles de concert intérieures et extérieures, les petites scénettes dont Tanjazz café, Tanjazz club et Lounge France 4, les mini-concerts se poursuivaient jusque tard dans la nuit; certains, langoureux à souhait, et d'autres, saupoudrés d'une bonne dose de délire dansant.
Vendredi et samedi, Roberta Gambarini, autre grande dame du jazz, Sarah Linka aux airs de poupée languide pleine de surprises, Mathiew Boré, crooner parisien aux couleurs intimistes et éclectiques, les talentueuses Witchcraft qui représentent le meilleur groupe de jazz féminin, ont croisé les décibels dans l'enceinte du palais. Dans l'après-midi, à côté du port de Tanger et aux pieds de la Kasbah, une scène entièrement gratuite ; installé comme les autres scènes par le partenaire officiel du festival, Renault Maroc, offrait aux Tangérois des concerts en plein air. On y a assisté à Terrakota, groupe portuguais qui joue la diversité et se nourrit des sonorités du Sahara, des Indes et de l'Occident, et aussi à Elsy Fleriag et the Alzy, autre prestation épicée, une fusion comme on les aime. Ceux qui rêvent d'un Maroc swinguant ont été largement servis. Tanger aura mérité son titre de noblesse, princesse des ondes.


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