Le troisième causerie ramadanienne a permis au professeur Mohamed Guennoun Al Hassani, président du Conseil local des Ouléma de Tanger de traiter un thème d'actualité : «les droits des minorités et leurs devoirs en Islam». Cette causerie a eu lieu samedi dernier au Palais royal de Rabat. Le conférencier a démarré son exposé en soulignant la pertinence du thème objet de cette causerie affirmant que cette question est au cœur de la citoyenneté et que la religion islamique a jeté les bases des droits à la citoyenneté en faveur des minorités. Il a relevé la corrélation étroite entre droits et devoirs dans toutes les législations positives ou celles puisées dans les religions célestes. Pour le professeur Guennon, il importe donc pour la Oumma islamique de contribuer à la réalisation à l'échelle internationale d'une charte de référence relative aux droits des minorités, charte qui soit fondatrice de ces droits et au service des musulmans et de ceux qui appartiennent aux minorités ainsi qu'aux institutions. Après avoir défini les types de minorités (raciale, ethnique, culturelle et religieuse), le conférencier a axé son exposé sur les minorités religieuses, faisant observer que le vocable «minorités» n'existe pas dans la législation islamique et n'a jamais été utilisé dans l'histoire islamique, tant ce concept n'a fait son apparition qu'après l'avènement de l'Etat dans son acception moderne. Il a évoqué à cet égard la pratique de «la dhimma» introduite par l'islam pour organiser les liens de l'Etat islamique avec les minorités en tant que relation de protection et de sécurité fondée sur la responsabilité. En témoigne le document signé par le Prophète Sidna Mohamed avec les chrétiens de Najrane, dans lequel les termes «Dhimma» et «voisinage» renvoient à la protection conditionnée par la liberté telle que stipulée par le texte. Il a cité par ailleurs trois principes généraux autour desquels s'articule la protection des minorités en islam, à savoir d'abord le bannissement des considérations sous-tendant les formes de discrimination en termes de race, de sexe, de couleur et de culture, ensuite la garantie des droits fondamentaux pour les musulmans et non-musulmans, telles que la protection de la vie, de la religion, de la raison, des biens, de l'honneur. Il s'agit en troisième lieu de bannir la contrainte, ce qui équivaut à l'établissement de la liberté de culte. Les déviations par rapport à ces principes que pourrait constater le chercheur en histoire islamique procèdent d'une mauvaise compréhension des textes et d'erreurs dans leur mise en application, a précisé le conférencier. Dès son arrivée à Médine, alors peuplée de diverses communautés (croyants, non-croyants), le Prophète Sidna Mohammed a mis au point un document régissant la relation entre ces différents groupes et factions (Ansar, Mouhajirine, chrétiens et juifs) les unifiant sur la base de la justice, de l'égalité, de la solidarité et de l'entraide, a-t-il rappelé. * Tweet * * *