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Quand le passé nous rattrape
Publié dans Le Soir Echos le 22 - 07 - 2013

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Dans son nouvel opus « Les nuits du Caire », l'auteur franco-égyptien Gilbert Sinoué décrypte le rapport à la terre et la résurgence du passé dans la vie d'un expatrié. Le roman de Sinoué s'empare d'une thématique universelle où le déracinement revient comme une rengaine entêtante. L'auteur, de retour au Caire sous les traits du sexagénaire Karim, déroule son roman avec une absolue tendresse pour ce pays, devenu cependant étau malgré lui. Sans se détourner de ses fresques littéraires tournées vers l'histoire du monde arabe, il déroule une prose subtile, sensible, simple, accessible, comme à son accoutumée. La trame : Karim décide sur un coup de tête de revenir en Egypte, son pays natal et entreprend une action folle, celle de retrouver un amour qu'il a perdu il y a quarante-cinq. Son retour se teinte vite de déception et le héros se retrouve happé par un pays cabossé, à la veille d'une des plus grandes révolutions du monde arabe. Lorsqu'il atterrit le 29 janvier 2011 au Caire, le taxi le mène en direction de la Place Tahrir, là où la colère populaire gronde. Il est témoin malgré lui du basculement historique du pouvoir du « Rayess ». Très vite, ses retrouvailles avec sa ville natale réveillent d'heureux souvenirs, et aussi de vieilles douleurs. Le narrateur est rappelé à sa condition de «khawaga», une expression utilisée par son chauffeur de taxi, par laquelle les musulmans désignent «les communautés dites « marginales », à savoir les juifs et les chrétiens (à l'exception des coptes). Dans un des passages du roman, l'auteur revient sur ces conflits confessionnels : «Bien que totalement ancrés en Egypte depuis plus d'un siècle, ces gens – auxquels les miens avaient appartenu – ne furent jamais considérés comme de vrais Egyptiens par les musulmans». Karim s'acharne. Il ne cherche qu'une seule chose : renouer avec son ancienne amoureuse, avec laquelle il a vécu une passion ardente. Les deux anciens amoureux s'étaient donné rendez-vous au Caire mais les mésaventures de Karim s'enchaînent et il se retrouve enlevé par des islamistes, face à un septuagénaire disciple de Ben Laden. Il est sauvé par un détail fortuit : le père du ravisseur avait travaillé autrefois comme cuisinier pour son père. Le héros s'embarque dans cette nouvelle amitié qui le mènera, une fois de plus, vers de nouveaux questionnements.
Panser les blessures du passé
Au fil du récit, le lecteur tente de s'accommoder de cette Egypte qui a perdu sa gloire passée, et prend conscience d'un pays qui a plongé effroyablement dans l'obscurantisme et l'intégrisme. Il se posera finalement l'interrogation inévitable : Est-il judicieux de continuer sa quête initiatique et de retrouver cette femme qu'il a aimé quarante ans plus tôt ? L'essence du roman serait finalement de s'interroger sur l'utilité de remuer le passé et de le ressusciter. Quel est l'intérêt de s'acharner à renouer avec une femme jadis aimée ? Le passé ne devrait-il pas rester là où il est, caché dans les plis et replis des souvenirs ? N'est-il pas périlleux de vouloir à tout prix aller à la rencontre de ce qu'on était?
L'inévitable conflit identitaire
«Les nuits du Caire », de par sa thématique, n'est pas sans nous rappeler le dernier ouvrage de l'écrivain libanais et membre de l'Académie française Amine Maalouf : « Les désorientés ». L'historien expatrié dépeint par Maalouf et qui rentre au bercail à l'occasion de la mort d'un de ses anciens amis, tente désespérément de dépoussiérer le passé, et développe au fil de son séjour un curieux rapport conflictuel avec sa terre natale. A l'instar des « Désorientés », « Les nuits du Caire » est aussi une chronique du fossé qui sépare les expatriés de leurs terres natales. Certains pèlerinages sont douloureux et l'auteur le démontre dans chaque page de son roman. Voici une phrase qui en témoigne : «La différence que je fais entre l'Egypte et la France est exactement celle que je fais entre une mère et une épouse. Une épouse on l'a choisie (...). Mais en aucun cas elle ne pourrait vous faire oublier votre mère».
Prix des libraires pour « Le Livre de Saphir », l'auteur a déjà publié de nombreux romans dont « Erevan », et sa trilogie « Inch'Allah », « Le Souffle du jasmin », « Le Cri des pierres », n'hésitant pas à revenir sur les pans entiers de l'histoire de l'Orient, et à s'attarder sur les soubresauts géopolitiques de la région. Celui qui a longtemps décrypté les remous et les mutations du monde arabe et les déchirements qui en découlent, revient avec un roman à la lisière de l'autobiographique. Car Gilbert Sinoué ressemble à s'y méprendre à Karim, son héros sexagénaire venu réveiller les démons du passé. Dans « L'homme qui regardait la nuit », il avait creusé le même sillon. Théophane, le héros, chirurgien cardiaque en exil sur une île grecque, n'était autre que le double de l'auteur, dont le parcours et les rencontres vont le pousser à affronter son passé. Dans « Les nuits du Caire », l'enjeu est strictement personnel, et douloureux, mais aussi, vous le découvrirez, éminemment salutaire.
- Les nuits du Caire, aux éditions Arthaud (186 p.)


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