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Salafisme : Ne nous trompons pas de combat !
Publié dans Le Soir Echos le 31 - 07 - 2013

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Un paradigme, dont certains rhéteurs n'ont cessé de nous rebattre les oreilles, serait-il en train de s'écrouler : l'islamisme radical ? Celui-là même qui, il y a à peine deux ans encore, et pour paraphraser Marx, déferlait comme un spectre sur le monde arabe , l'Europe , l'Asie et le monde entier ? Samedi, la cérémonie d'enterrement à Tunis de Mohamed Brahmi assassiné le 25 juillet par balles et selon le même « modus operandi » et la même arme que celle utilisée contre le leader syndical Chokri Belaïd en février dernier, a donné la réelle mesure du mouvement de protestation et du ras-le-bol populaire ! En quelques mois donc, la Tunisie a illustré la sinistre parodie. Celle d'un pouvoir islamiste, incarné par le parti en place, Annahda – rien que ça ! – pris en otage par les salafistes qui, au vu et au su de tout le monde, à la barbe d'un pouvoir désarmé, s'organisent en milices fascistes. Ils ciblent et assassinent froidement, impunément des citoyens, des démocrates et tout ce qui s'apparente à un symbole de liberté ! C'est dire ici que , face à cette crue fascisante, c'est une étrange démission qui paralyse le pouvoir tunisien et les intellectuels de tous bords.
Je vis un malaise personnel !
Plusieurs milliers de manifestants à l'enterrement, un peu plus ou un peu moins ? Qu'importe ! La réaction populaire est à la mesure du désarroi et de l'inquiétude qui se répandent face à la montée de ce néofascisme armé, et aussi du désenchantement qui commence à gagner les profondes couches de la société tunisienne, y compris au sein celles et ceux qui, la main sur le cœur et enthousiastes, désireux d'en découdre avec une dictature oligarchique et familiale , avaient porté les islamistes au pouvoir. Ce peuple libéré , parti d'un seul tenant comme un puissant courant marin de Sidi Bouzid jusqu'à Carthage, a donc défait une dictature . Il a chassé celui qui l'incarnait , général de son état, imbu d'une puissance ubuesque, Néron caricatural au service d'une coiffeuse qui s'est autorisée , et avec quelle cynisme !, de mettre la main sur les richesses nationales et le patrimoine de tout un peuple...
Nous ne pouvions qu'applaudir des deux mains, nous réjouir que la « libération du peuple tunisien », soumis depuis novembre 1987 pendant 24 ans au joug d'un dictateur de pacotille , débouche sur l'instauration d'un Etat de droit. Celui-ci à nos yeux, ne pouvait être que respectueux des libertés, du pluralisme, fédérateur et , comparaison n'étant pas raison, capable de faire émerger le modèle de l'islam que nous avons tous connu jusqu'ici et dans lequel nous avons baigné. Celui de la tolérance et du dialogue, cet idéal de cohabitation qui avait fait ses preuves en Andalousie où cohabitaient les Trois Religions, l'Islam, le Judaïsme et le Christianisme, alors que l'Europe s'enferrait dans l'obscurantisme médiéval .
Dussions-nous cultiver le plus virulent du scepticisme méthodique , que la nouvelle réalité joyeuse nous rappellerait à l'ordre, celui des fleurs et des libertés bourgeonnantes ! Une nouvelle aube se dessinait, la fraternité érigée sur le fronton de l'internationalisme prolétarien que nous défendions autrefois becs et ongles sur les barricades de Gay Lussac, de l'Odéon et de la Sorbonne ! Cependant, pouvions-nous imaginer que l'euphorie tunisienne cèderait deux ans plus tard à l'inquiétude et à la peur ? Oui, en Tunisie la peur ne change finalement pas de camp, les démocrates, tout à leur grande désillusion, sont menacés et fixés désormais dans le collimateur de la terreur salafiste et des snipers politiques ! La « révolution iranienne » de 1979, qui en son temps avait soulevé l'espoir des démocrates du monde entier, a tourné au Thermidor et , par un glissement anachronique , à l'Inquisition et à la dictature !
Sauf à paraître comme des fourbes conspirateurs contre la « religion de Dieu », nous n'étions guère en mesure de prévoir et encore moins d'alerter de ce qui constituerait en définitive la dérive de cette révolution confisquée au peuple de Tunisie et instrumentalisée par le nouveau pouvoir et ses sbires marginaux ! Il eût fallu, à vrai dire , que les « intellectuels organiques », comme disait le théoricien marxiste italien, Antonio Gramsci, associent leur réflexion et leur engagement aux forces sociales en mouvement, de sorte à empêcher leur récupération par les salafistes ! A forger leur conscience et les encadrer face aux dérives totalitaires ! Or, il ne s'est pas trouvé d'intellectuels pour pallier à ce vide cruel ! Ils sont laminés par le pouvoir, coiffés au poteau ! Au mieux , ils ont changé de statut et sont devenus des petits bourgeois...Un certain nombre d'entre eux même s'est « converti » à l'idéologie officielle, se reniant et reniant leur engagement pour se positionner comme les défenseurs et les catéchumènes du nouvel ordre !
Depuis la déferlante de l'islamisme salafiste, le monde arabe traverse une grave crise de la pensée, une crise intellectuelle dont il ne sort pas et, peut-être même, n'en sortira jamais ! Il plonge dans le dilemme : la pensée unique ou rien ! Et les instruments de l'analyse comparative, ce qu'on appelle de nos jours, en sacrifiant au « franglais » à la mode, le benchmarking qui nous permet l'acquisition des autres apports et les diverses cultures du monde, sont simplement inexistants, les nouvelles technologies, diffusées à grand renfort de publicité, devenant la culture, la seule culture de masse et le patrimoine commun et uniformisateur ! Donc , après , la Tunisie est appelée à se réveiller du cauchemar islamiste qui, telle une catalyse, mettant à profit la révolte du peuple contre le régime de Ben Ali, l'instrumentalisant même comme dans toutes les révolutions bourgeoises ou conservatrices, s'est répandue et s'est propagée avec son intégrisme radical, ses fatwas, creusant chaque jour un peu plus le fossé du chaos où nous plongeons désormais.
L'Egypte ? Cet Olympe de la culture et de l'art de vivre , cèderait-il aux chantres de la mort ? Il a fallu des « Guernica » sanglantes, l'ordre islamiste de la pire espèce, celui-là même qui ne le cède en rien au stalinisme, taillant en pièces l'idéal d'une grande nation arabe, la ramenant au Moyen Age de la pensée et de la créativité, imposant une chriâa génocidaire, poussant son peuple au désespoir pou qu'en fin surgisse, subrepticement et ouvertement , le nécessaire sursaut populaire ! A la dilapidation des richesses et de ressources du pays , succède une vision crépusculaire et charriant le visage du Monstre ! L'armée est intervenue, parce que depuis 1952, elle reste conforme à son rôle de pilier et de vestale ! Encore heureux, parce qu'elle n'est pas une « armée de godillots », ni de « janissaires » ! Elle incarne aussi ce qui reste encore de conscience ! Sa mission, celle qu'autrefois Trotski assignait à la sienne , est de protéger le peuple ! Car enfin, quelle tragédie que cette histoire de l'Egypte ! On pensait en avoir terminé avec la dictature d'un homme, Hosni Moubarak et son clan, mais voilà que ses pires ennemis, caparaçonnés à leur irascible volonté de vengeance , se révèlent pires que lui...
Je conclus sur cette note plutôt tragique ! Le désarroi se jette sur les libertés et j'espère qu'il ne s'agit-là que d'une confusion, à la limite d'une parabole intellectuelle ! Le soulèvement du peuple égyptien inquiète les dirigeants tunisiens parce qu'il dénature leur modèle de « transition démocratique » !
Mais on pressent comme le reflux historique, ce « retour de bâton » ou « retour du pendule » qui est à l'histoire de l'humanité ce que la conscience est à l'universalisme.
Nous restons sur nos gardes, devant ce tumulte auquel les masses ne comprennent pas grand-chose ! Empruntons ce précepte de Pascal : « Agir comme s'il ne restait qu'une semaine à vivre » !


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